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Ecosse : des réfugiés syriens entament une nouvelle vie

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Pour une île balayée par les vents au large de la côte ouest de l’Écosse, neuf familles de réfugiés syriens tentent de s’adapter à leur nouvelle vie, loin de leur pays déchiré par la guerre. «C’est dur. Nous ne connaissons personne», explique une femme originaire d’Alep, tout en aidant une autre réfugiée, de Homs, à choisir des tasses de thé et des bols dans une boutique d’occasion du front de mer de Rothesay, sur l’île de Bute.
La tête recouverte d’un foulard noir, l’autre femme regrette de ne pouvoir trouver du café arabe, des graines de courge grillées ou encore du maté, une boisson traditionnelle d’Amérique du Sud très populaire en Syrie. La météo écossaise peu clémente n’a pas non plus les faveurs des réfugiés, confrontés aux vents violents et à beaucoup de pluie depuis leur arrivée. Au total, ils sont une quarantaine à avoir quitté le Liban en novembre pour rejoindre Glasgow par avion, puis l’île de Bute en ferry. Six autres familles doivent arriver l’an prochain sur ce morceau de terre de 120 km² et de 7.000 habitants.
Au supermarché Co-Op, près du château de Rothesay, un homme originaire de Daraa déambule entre les rayons, au son des cris de son fils de deux ans. «Nous sommes voisins», lui dit joyeusement une Écossaise en pinçant la joue de l’enfant.

«La pluie les chassera»
Au cours de leurs premiers jours sur Bute, les réfugiés ont inscrit leurs enfants à l’école, se sont enregistrés auprès du médecin et ont appris comment recharger leurs nouveaux téléphones portables pour joindre amis et membres de leur famille restés sur place. Ils comptent parmi les premiers Syriens à être réinstallés au Royaume-Uni depuis que le Premier ministre David Cameron a promis d’en accueillir 20.000 d’ici 2020 – alors que l’Allemagne en attend un million pour la seule année 2015 et les Pays-Bas 60.000 dans un pays six fois plus petit que le Royaume-Uni. A Bute, les bénévoles et les responsables locaux ont essayé de maintenir les médias à distance de peur que la divulgation de détails sur l’identité des réfugiés ne mette en danger leurs proches en Syrie et pour leur donner le temps de s’adapter. Pendant cinq ans, les personnes accueillies bénéficieront du statut de réfugié, d’un logement gratuit et d’aides sociales. Elles ont également le droit de travailler dès leur arrivée. Certains locaux sont sceptiques, se demandant si les réfugiés resteront sur l’île, tandis que d’autres agitent des considérations xénophobes.
«On les accepte tant qu’ils ne se battent pas», maugrée un homme barbu en achetant un demi-litre de vodka et des boissons énergétiques dans une boutique. «La pluie les chassera», lâche un autre coiffé d’une casquette de marin, en attendant un ferry sur un quai illuminé par les décorations de Noël, le regard perdu dans les montagnes enneigées par-delà la baie du Firth of Clyde.
C’est «la peur de l’inconnu» mais la «grande majorité» de la communauté accueille les réfugiés à bras ouverts, assure Craig Borland, rédacteur en chef de l’hebdomadaire The Buteman.

La Madère d’Écosse
La boutique de glaces italiennes Zavaroni témoigne d’une vague antérieure d’immigration en Écosse, mais l’arrivée d’un large groupe de musulmans est quasiment du jamais vu. «Cela me rappelle lorsque mes parents ont déménagé en Écosse», se souvient Tariq Iqbal, qui fait bénévolement de la médiation culturelle entre locaux et réfugiés dans le cadre de son association Scottish Communities Initiative.
Avant l’arrivée des réfugiés, M. Iqbal, dont la famille est originaire de la région du Pakistan, est venu de Glasgow pour former les bénévoles sur l’île. Des cours ont été dispensés dans les écoles sur la Syrie et l’islam.
M. Iqbal s’occupe maintenant de mettre en place un approvisionnement régulier en viande halal. La première livraison a eu lieu mardi.
«Ils ne connaissent même pas les +baked beans+», s’exclame-t-il, à propos des haricots blancs cuits dans une sauce tomate, un incontournable des petits-déjeuners anglais et écossais. Selon lui, Bute a été choisie pour accueillir des réfugiés car des logements y étaient disponibles, reflet du déclin économique qu’a subi l’île au cours des dernières décennies. Autrefois connue comme la Madère d’Écosse, c’était une destination balnéaire pour les habitants de Glasgow jusqu’à ce que les compagnies low-cost rendent la version originale portugaise plus abordable.
Derrière le comptoir de son bar, Tim Saul, qui a vécu à Bahreïn, se dit impatient de recevoir les nouveaux arrivants, lui qui se considère comme un «immigré» d’Angleterre. «J’ai un pense-bête derrière le bar pour rafraîchir mon arabe au cas où l’un d’entre eux vienne prendre un café», confie cet Anglais.

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