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Ebola : fin de l’épidémie en Guinée

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L’Organisation mondiale de la santé annonce que la Guinée est exempte de la transmission du virus Ebola. L’épidémie avait commencé fin 2013 dans le pays. La Guinée libérée du virus Ebola. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) l’a annoncé, mardi, dans un communiqué la fin de la transmission d’Ebola dans le pays, car deux périodes de 21 jours, la durée maximale d’incubation du virus, se sont écoulées depuis le second test négatif sur le dernier patient guéri, une petite fille d’une trentaine de jours, sortie de l’hôpital fin novembre.
« Le tissu social a été mis à rude épreuve », a souligné le représentant de l’OMS en Guinée, Mohamed Belhocine, dans une déclaration à Conakry, en référence aux relations, traditionnellement empreintes de suspicion, entre pouvoir et population dans ce pays, qui ont encore compliqué la lutte contre la propagation. « La Guinée entre maintenant dans une période de surveillance renforcée de 90 jours », a ajouté l’OMS, rappelant que le risque persiste au-delà de ces 42 jours, en raison de la subsistance du virus dans certains liquides corporels, en particulier le sperme, où il peut survivre jusqu’à neuf mois.

11 300 morts
Cette épidémie d’Ebola, la plus grave depuis l’identification du virus en Afrique centrale en 1976, a fait plus de 11 300 morts sur quelque 29 000 cas recensés, un bilan toutefois sous-évalué, selon l’OMS. Les victimes se concentrent à 99% dans trois pays limitrophes : la Guinée, qui compte officiellement 2 536 morts pour 3 804 cas, la Sierra Leone, déjà déclarée exempte de transmission le 7 novembre, et le Liberia, où la fin de l’épidémie a été annoncée deux fois, en mai et en septembre, avant de nouvelles résurgences.
« Pour la première fois » depuis deux ans, ces trois pays « ont arrêté les chaînes de transmission à l’origine de cette épidémie dévastatrice », a souligné Matshidiso Moeti, directeur régional pour l’Afrique à l’OMS. « C’est le meilleur cadeau de fin d’année que le Bon Dieu pouvait offrir à la Guinée », a affirmé un survivant, Alama Kambou Doré. Le dernier patient connu, une fille prénommée Noubia, née au centre de traitement d’Ebola de Médecins sans frontières (MSF) à Conakry, où sa mère a succombé au virus, a été déclarée guérie le 16 novembre.

22 000 enfants ont perdu un parent
L’Unicef s’est félicitée de la fin de l’épidémie, mais a rappelé dans un communiqué que « 22 000 enfants ont perdu au moins un de leurs parents » dans un des trois pays et restent « traumatisés », voire stigmatisés. Le président de la Banque mondiale Jim Yong-kim a également salué « une étape importante » et s’est engagé à « continuer à soutenir la Guinée pour surmonter l’énorme coût humain et économique d’Ebola ». La France, par la voix de sa secrétaire d’État chargée du Développement Annick Girardin, a elle aussi assuré la Guinée de son soutien dans « la tâche ardue de la reconstruction ».
Les festivités officielles débuteront mercredi matin, avec une cérémonie en présence du président Alpha Condé et des 53 partenaires dans la lutte contre l’épidémie: MSF, OMS, Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC), Croix-Rouge … ainsi que les pays donateurs. Des survivants témoigneront de leur expérience et un hommage sera rendu aux 115 soignants emportés par Ebola, ainsi qu’aux huit membres d’une équipe de sensibilisation assassinés en septembre 2014 à Womey (sud-est) dans le Sud forestier, épicentre originel de l’épidémie.

« Bye bye Ebola »
Les célébrations se poursuivront dans l’après-midi avec un concert mémorial « Bye bye, au revoir Ebola », rassemblant des artistes africains de renommée internationale: Youssou Ndour, Tiken Jah Fakoly, Mory Kanté, Aïcha Koné, etc. pour saluer les efforts du peuple de Guinée. Car pour en arriver là, depuis la mort du petit Émile Ouamouno, un an, à Meliandou (sud-ouest), la route s’est révélée particulièrement pénible.
« La Guinée revient de loin », a rappelé une survivante, Djénabou Barry: « J’ai perdu mon époux, j’ai perdu ma belle-soeur et j’ai été expulsée de la où j’habitais avec mes enfants après ces deux décès, j’ai été rejetée, stigmatisée… ».

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