Une nouvelle série de bombardements israéliens meurtriers a frappé le centre et le sud de la bande de Ghaza à l’aube, causant la mort de 26 Palestiniens et en blessant des dizaines d’autres. Les frappes, qui ont touché des habitations civiles et des camps de déplacés, interviennent dans un contexte de crise humanitaire extrême, marquée par un effondrement du système de santé et des pénuries critiques dans les hôpitaux.
Selon des sources locales, citées par l’agence palestinienne Wafa et Al Mayadeen, une attaque de drone israélien a visé un appartement résidentiel dans le camp de réfugiés de Nusseïrat, au centre de Ghaza, tuant un homme et son épouse. D’autres frappes ont ensuite visé une maison près des tours de Ain Jalout, toujours dans le secteur de Nusseirat, faisant de nouvelles victimes. L’armée israélienne a également bombardé des tentes de déplacés dans la zone de Hassayneh, à l’ouest de Nusseïrat, ainsi qu’à Al-Mawasi, à Khan Younès, au sud. Deux civils y ont trouvé la mort, plusieurs autres ont été blessés. Dans la localité de Zawaïda, toujours au centre de Ghaza, un autre domicile a été pulvérisé, tuant plusieurs membres de la même famille. Les tirs israéliens n’ont pas épargné la zone d’Asdaa, au nord de Khan Younès, où des Palestiniens ont été blessés par des balles. Par ailleurs, des raids aériens ont visé d’autres groupes de tentes à l’ouest de la ville, parmi les rares refuges précaires restants pour les déplacés.
Le système de santé à l’agonie
Face à cette nouvelle escalade, le ministère de la Santé à Ghaza a lancé une alerte urgente : les hôpitaux souffrent d’une pénurie catastrophique de sang, avec un déficit de plus de 48 % des produits de laboratoire nécessaires au traitement des blessés. « Les services de santé sont au bord de l’effondrement total », a averti un porte-parole du ministère. Dans les dernières 24 heures, 51 martyrs et 104 blessés ont été admis dans les hôpitaux de l’enclave palestinienne. Mais de nombreux corps restent encore coincés sous les décombres, ou abandonnés dans les rues, hors d’atteinte des ambulanciers et des équipes de secours, paralysées par les bombardements incessants. Depuis le début de l’agression israélienne le 7 octobre 2023, le bilan humain ne cesse de s’alourdir : 55 959 morts – majoritairement des femmes et des enfants – et 131 242 blessés, selon les données officielles du ministère de la Santé. Depuis la rupture du cessez-le-feu par Israël, le 18 mars dernier, 5 647 martyrs supplémentaires ont été recensés, ainsi que 19 201 blessés.
Cisjordanie : les violences s’intensifient contre les agriculteurs palestiniens
Parallèlement à la campagne de terreur menée sur Ghaza, l’armée israélienne et les colons poursuivent leurs exactions en Cisjordanie occupée. Un rapport officiel, publié dimanche par le Centre de liaison gouvernemental, en coopération avec le ministère de l’Agriculture et la Commission de résistance au mur et aux colonies, a documenté 9 violations graves contre les agriculteurs palestiniens entre le 12 et le 19 juin. Ces agressions ont été répertoriées dans les gouvernorats de Bethléem, Ramallah, Salfit et Qalqilya. À Bethléem, des colons ont crevé les pneus et brisé les vitres d’un véhicule appartenant à un agriculteur dans la région de Wadi al-Ghweït. À Ramallah, quatre attaques ont été recensées : incendies volontaires de terres agricoles, vandalisme de cultures, et inscriptions de slogans racistes sur les propriétés palestiniennes. À Salfit, des colons ont détruit un système d’irrigation couvrant plusieurs dunams, et endommagé des plantations de corète (molokhya). À Kafr Thulth, dans le district de Qalqilya, un agriculteur a été expulsé de chez lui sous la menace des armes, son réservoir d’eau volé, et ses 500 oliviers laissés sans protection. Ces exactions s’inscrivent dans une tendance d’escalade brutale : en mai 2025 seulement, plus de 1 691 attaques israéliennes ont été recensées en Cisjordanie, dont 415 menées par des colons, selon la Commission de résistance. Ces attaques incluent des incursions armées, des exécutions sommaires, des destructions de biens, et l’annexion de terres.
Vague d’arrestations massives
L’armée d’occupation a également lancé une campagne d’arrestations d’envergure ce dimanche. À Bethléem, 16 Palestiniens ont été arrêtés dans le camp de Dheïsheh après des perquisitions musclées. Des maisons ont été fouillées et saccagées, une centaine de civils ont été temporairement détenus.
À Naplouse, 8 autres personnes – dont deux femmes – ont été arrêtées dans les villages de Burqa, Huwwara et Qaryut. L’armée a également vandalisé le mémorial des martyrs dans le village de Burqa, découpé une sculpture de Hanzala – le symbole de la résistance palestinienne – et recouvert les noms des martyrs de slogans haineux. D’autres arrestations ont été signalées à Jénine, où deux Palestiniens ont été capturés après des fouilles dans les localités de Kafr Dan et Kafr Qud.
Une impunité qui persiste
Alors que les massacres et les violations du droit international humanitaire s’accumulent, la communauté internationale continue d’observer, impuissante, l’anéantissement progressif d’un peuple.
Les bombardements aveugles sur des camps de déplacés, les pénuries médicales organisées, les expulsions et les violences des colons sont autant de crimes documentés. Mais l’impunité reste la règle. Face à ce tableau de désolation, le silence des grandes puissances et le blocage de l’aide humanitaire suscitent une colère croissante parmi les peuples et les organisations de défense des droits humains.
M. Seghilani