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Droits de l’hommet : l’Algérie dans la bonne direction, selon Ksentini

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Reçu lors de l’émission L’invité du jour sur la Radio algérienne Alger Chaîne 3, le Président de la Commission nationale consultative pour la protection et la promotion des droits de l’Homme (CNCPPDH), Maître Farouk Ksentini, revient avec optimisme et en insistant sur les avancées réelles et « substantielles » sur les nouvelles dispositions de la Constitution algérienne – votée le 7 février dernier – visant à renforcer les droits des citoyens et gage de modèle pour l’exercice et le respect de la démocratie, même si celles-ci sont encore soumises à l’épreuve du temps.

Selon lui, l’Algérie est sur la bonne direction en matière de protection et de promotion des droits de l’homme, un devoir spécifique et élémentaire qui incombe à l’État. Fidèle à ses engagements en termes de liberté, de lutte contre la corruption, visant à développer une économie nationale forte et diversifiée et à promouvoir le rôle de la jeunesse (article 31 quater), la Constitution se veut la promesse d’une nouvelle ère démocratique qui passe, selon M. Kssentini, par cinq piliers fondamentaux à savoir la mise en place d’une justice indépendante et équitable, une meilleure défense des droits sociaux des citoyens surtout sociaux, la lutte contre la corruption, la liberté de la presse et la défense du principe d’identité nationale et culturelle.

Pour une justice indépendante et équitable
Selon Farouk Ksentini, il faut appliquer « loyalement » les lois et ne pas les « dévoyer ». Car ce qui pose problème dans notre pays selon l’intéressé, ce ne sont pas les textes qui ne manquent pas en nombre et qu’il juge « très bons » mais leur application stricto sensu qui a été incorrecte pendant de nombreuses années au détriment des libertés fondamentales des citoyens. Outre la mauvaise application de la loi, M. Ksentini regrette également « l’insuffisance professionnelle » et le manque de formation de certains magistrats.
Mais comment y remédier ? La réponse est simple pour le Président de la commission. Il faut revenir sur le rôle du magistrat qui n’est pas un simple « fonctionnaire » mais quelqu’un qui est chargé d’appliquer la loi et de protéger les droits des citoyens. Il faut rendre les magistrats « plus conscients de leur rôle et de leurs devoirs » et les soustraire à toute forme de pression-a-t-il tenu à préciser. Dans une précédente interview accordée à cette même Chaîne de Radio, M. Ksentini insistait sur une pratique « irréprochable » de la justice paraphrasant un vers du poète français Arthur Rimbaud, « De la musique avant toute en chose » en « de la justice avant toute chose ». Le juge « ne doit obéir qu’à la loi et à sa conscience » pour garantir la démocratie et doit faire face à ses responsabilités. Le Président de la commission a également félicité l’amendement de la pratique de la détention préventive dont les abus ont été fortement dénoncés. La limitation prévue à cet effet par la nouvelle Constitution (article 45) est un acquis fondamental qui appelle, selon lui, au respect des libertés individuelles et surtout du principe de présomption d’innocence. La justice doit, selon lui, apprendre à reconnaître ses erreurs (article 49). Ainsi, M. Ksentini a également rappelé la nécessité de réparer les injustices et à une réhabilitation matérielle, mais surtout « morale » des citoyens victimes d’erreurs judiciaires.

La protection des droits sociaux des citoyens
Dans son rapport annuel présenté au Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, M. Ksentini a insisté sur les réformes à mettre en place dans le chapitre des droits sociaux. Principal impératif : la réforme de l’éducation et de l’école, préoccupation réaffirmée récemment par le chef de l’État. « Ce pays ne sera sauvé que par son école », a déclaré Farouk Ksentini prônant ainsi une école de l’excellence rejoignant la volonté du Président de la République de créer des classes et des écoles préparatoires pour former les élites de la nation.
Seule la sélection des meilleurs élèves, mais aussi celle des enseignants peut guider le pays sur cette voie, a précisé le président de la commission soutenant ainsi les réformes entreprises par la ministre de l’Éducation nationale, Madame Nouria Benghebrit qui, selon lui, travaille à l’amélioration de l’éducation des élèves. Un autre droit fondamental : le droit à l’emploi. Il faut selon M. Ksentini « aider le citoyen » dans cette voie et non l’assister. Il est, selon lui, du devoir de l’État de le faire. Dans un pays qui voit le nombre de jeunes envahir le marché du travail, il faut que le gouvernement trouve « à les employer » en favorisant la création d’entreprises, en relançant l’agriculture, en développant, entre autres, le secteur des prestations de services, mais surtout en encourageant l’investissement. « Il faut que l’Algérie s’écarte de l’économie passive qu’elle subit depuis des décennies pour entrer dans une économie productive » à la fois de richesses et d’emplois.
Il faut également assurer au citoyen algérien une santé de qualité. Il est nécessaire d’améliorer ce secteur notamment le système hospitalier et selon M. Ksentini, l’Algérie possède des hommes et des femmes capables de mener ce projet à bon port, mais qu’il faut une organisation de fond.

Une avancée de la liberté d’expression
Lors de son interview, Farouk Ksentini a tenu à insister sur les avancées certaines de l’Algérie dans le domaine de la liberté d’expression, notamment celle de la presse. L’expression libre est un fait concret.
Il est également revenu sur la polémique autour de la présentation de la photographie du chef de l’État dans le journal le Monde pour illustrer l’affaire des Panama Papers soulignant un amalgame « honteux », comprenant la réaction des autorités en précisant que l’Algérie « a le droit et le devoir de se défendre » et ne doit pas « courber l’échine » devant cette forme de « diffamation ». Monsieur Ksentini a aussi tenu à nuancer un récent rapport du Département d’État américain qui constatait que l’Algérie n’avait pas fait d’efforts en ce qui concerne la défense des droits des femmes notamment en termes de violences et la défense de la liberté d’expression. Un rapport jugé sévère par le président de la Commission qui a tenu à souligner les efforts substantiels réalisés par les autorités publiques dans ce sens et que leur application prochaine rendrait cette critique « infondée ».

La lutte contre la corruption
«Rien n’est plus contraire aux droits de l’homme que la corruption, » a annoncé Farouk Ksentini déclarant ainsi la guerre à cette dernière. La corruption est synonyme de favoritisme et de « vol au détriment de l’État » et il faut le combattre ce fléau avec « force et vigueur » à l’instar du terrorisme. M. Ksentini a tenu à préciser une action concrète en mettant en avant les investigations approfondies menées par la commission pour rendre compte de manière transparente au Président de la République en matière de droits de l’homme.

La primauté de l’identité nationale et culturelle
Le droit à la culture et à l’histoire est essentiel selon Farouk Ksentini qu’il faut « enseigner, répandre et vulgariser ». Il a tenu à mettre en avant l’importance de la langue arabe, « une langue merveilleuse qui nous appartient et à laquelle nous appartenons ». À la veille de la commémoration du Printemps amazigh le 20 avril, M. Ksentini s’est réjoui de la constitutionnalisation de l’amazigh, un véritable acquis identitaire et culturel, faisant partie des constantes identitaires de l’Algérie avec la langue arabe et l’Islam.
M. Farouk a conclu qu’il était du devoir de tous les Algériens, société civile et responsables confondus, d’œuvrer pour l’avenir d’une Algérie libre, indépendante et démocratique en faisant référence à la déclaration du 1er Novembre 1954 soulignant avec émotion que «cette Algérie rêvée, il faut la concrétiser» et qu’il fallait plus que jamais «se battre pour l’unité du pays » et sa protection dans un perpétuel effort.
Benkhelifa A.

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