Les saisies de drogue en provenance du Maroc sont devenues légion aussi bien pour les pays de son voisinage que ceux de la rive nord de la méditerranée.
Sa machine de production d’opium et ses dérivés est bien huilée et jouit de protection de haut niveau aussi bien parmi la cour royale que le makhzen. C’est ce qui lui a permis de s’affranchir pour servir de relais aux narcotrafiquants sud-américains pour le convoyage de la drogue depuis le Brésil, via le Sénégal et le Maroc. Il faut préciser dans ce cadre que la drogue produite par les champs de la région du Rif, ne permet d’obtenir, au terme du raffinage, une quantité commerciale de cocaïne. Des quantités d’appoint pour couvrir la demande européenne sont importées depuis l’Amérique du Sud et le Brésil est devenu une plaque tournante dans la circulation de drogue entre les régions de production et l’Europe où se retrouve le gros des consommateurs. La presse espagnole a indiqué lundi que des éléments de la Garde civile espagnole ont récemment démantelé un réseau criminel spécialisé dans le trafic de cocaïne et le blanchiment d’argent au Maroc, ont indiqué lundi des médias locaux. L’opération qui a permis ce coup de force de la police, baptisée « Operacion Origen », a conduit au démantèlement d’un réseau divisé en trois groupes. L’un, basé à Majorque, chargé de vendre de la cocaïne dans la région de Son Banya, tandis que les deux autres groupes sont actifs à Majorque et Tarragone, d’après la même source. Il faut savoir dans ce contexte que l’activité de ces groupes n’est pas le petit deal au détail mais c’est un véritable marché de gros d’où sont expédiés via des « Go fast » des quantités de drogue vers les places fortes du deal, en Hollande, Belgique, France, et même en Allemagne et Budapest. Les mêmes sources ont indiqué que les investigations de la Garde civile espagnole ont révélé que ce réseau avait blanchi 170.000 euros, en achetant des biens immobiliers et des voitures de luxe au Maroc. Les médias ont par ailleurs précisé que les enquêteurs ont arrêté le chef du réseau criminel et saisi plus de 60 comptes bancaires ainsi que des propriétés diverses. Il faut souligner que les services de sécurité espagnols ont placé sous surveillance, depuis plusieurs années, la piste du Maroc. Ces derniers, par le noyautage, l’infiltration, les filatures et la surveillance des échanges via les réseaux sociaux, leur ont permis de constituer une véritable banque de données qui permet, en cas de recoupement d’informations et d’exploitation d’indices de fragiliser la structure des réseaux de trafic de drogue mis en place par le makhzen. Par ailleurs, il faut rappeler que depuis l’annonce de la volonté des Talibans de mener une guerre contre l’opium en Afghanistan et la réduction des surfaces consacrées à la culture de feuilles de coke, de marijuana, et le démantèlement et la destruction de plusieurs laboratoires clandestins qui produisaient des drogues de synthèse, le Maroc s’est fixé comme objectif de reprendre le témoin pour devenir la plaque tournante internationale du trafic de drogue. Les narcotrafiquants qui sont pourchassés par les services de sécurité algériens et qui ont déplacé une partie de leur activité vers le nord de la Méditerranée, sont devenues une arme de déstabilisation qui menace la sécurité des pays et les équilibres sociaux aussi bien Afrique qu’en Europe.
Slimane B.