Accueil ACTUALITÉ DRAME HUMANITAIRE À GHAZA : Une ONG accusée de complicité 

DRAME HUMANITAIRE À GHAZA : Une ONG accusée de complicité 

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Ghaza continue d’être ravagée par une succession d’événements qui illustrent, jour après jour, l’ampleur du désastre provoqué par la guerre et le système d’oppression imposé depuis des décennies.

Alors que les bombardements et les violations du cessez-le-feu se poursuivent, un nouveau front s’est ouvert avec la décision de l’organisation dite « Ghaza Humanitaire » de mettre fin à ses activités dans l’enclave. La résistance palestinienne, en particulier le mouvement Hamas, y voit une étape logique pour une structure qu’elle qualifie de « non humaine » et qu’elle accuse d’avoir été un rouage direct dans l’ingénierie de la famine et du projet d’extermination mené par l’entité sioniste. Dans le même temps, un rapport explosif de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED/UNCTAD) révèle que Ghaza vit « la pire crise économique jamais enregistrée dans l’histoire moderne ». Le document confirme que les attaques de l’entité sioniste depuis 2023 ont plongé l’ensemble des territoires palestiniens dans un effondrement économique total, réduisant en poussière plus de vingt années d’avancées sociales et de développement. Les faits s’accumulent, les chiffres donnent le vertige, et le terrain humanitaire – chaque jour plus brisé – témoigne d’une catastrophe annoncée, entretenue, méthodique. Dans un communiqué largement relayé dans les territoires palestiniens, le mouvement de résistance a vivement réagi à l’annonce par l’organisation « Ghaza Humanitaire » de son retrait du territoire. Pour le mouvement, cette décision n’est pas un acte de protestation ni un aveu d’impuissance, mais une « étape méritée » pour une entité qu’il décrit comme « fondamentalement non humaine », accusée d’avoir coopéré avec l’occupation dans l’ingénierie de la faim et dans la mise en place d’un système d’extermination invisible. Hamas affirme que cette organisation n’a jamais fonctionné comme une véritable structure humanitaire, mais comme un élément de la « sécurité de l’occupation », en adoptant des mécanismes de distribution contraires à toute forme de dignité humaine. Le mouvement l’accuse d’avoir créé des situations chaotiques dans les files de distribution, exposant délibérément des foules affamées aux tirs ciblés, aux snipers, et aux attaques directes de l’armée de l’entité sioniste. Selon la résistance palestinienne, ce dispositif aurait contribué à la mort ou aux blessures de milliers de civils, devenant ainsi « complice avéré du crime d’extermination ». Le communiqué appelle les instances internationales à poursuivre en justice l’organisation et ses dirigeants, afin de prévenir la répétition de telles tragédies et de protéger l’humanité de ce qu’il qualifie « d’un terrorisme international organisé sous couverture humanitaire ».

Le dispositif de secours au bord de l’effondrement

Sur le terrain, les bombardements n’ont jamais cessé, malgré l’annonce officielle d’un cessez-le-feu entré en vigueur depuis plusieurs semaines. Le correspondant d’Al-Mayadeen à Ghaza a rapporté, ce mardi, la mort d’un Palestinien abattu par les soldats de l’entité sioniste dans la localité de Bani Suhaila, à l’intérieur de ce que l’armée désigne comme « la ligne jaune », à l’est de Khan Younès. Les avions de combat de l’occupation ont également mené une nouvelle frappe derrière la même « ligne jaune », dans l’est de Khan Younès, simultanément à un bombardement d’artillerie intensif touchant plusieurs zones de la partie orientale de la ville. Le tableau humanitaire est d’autant plus sombre que la Défense civile palestinienne a annoncé avoir récupéré les restes de 14 martyrs sous les décombres d’une maison ciblée dans la zone de Barakat al-Waz, au camp d’al-Maghazi, en plein centre de Ghaza. Selon les secouristes, les victimes se trouvaient toutes à l’intérieur de l’habitation lorsque celle-ci a été frappée dans ce que la population décrit comme une attaque délibérée visant à anéantir les familles restées sur place. Un autre danger imminent plane : la Défense civile a alerté sur la possibilité de voir l’ensemble de ses véhicules immobilisés dans les prochaines heures en raison de la pénurie totale de carburant. Sans essence, plus aucune intervention d’urgence ne serait possible, qu’il s’agisse de récupérer des corps, d’éteindre des incendies ou d’extraire des survivants coincés sous les décombres. Les équipes appellent à une intervention « immédiate et urgente » pour empêcher que l’effondrement des secours ne se transforme en catastrophe humanitaire d’une ampleur encore plus tragique.

Une stratégie de destruction méthodique

À partir de minuit, les bulldozers et unités d’ingénierie de l’armée de l’entité sioniste ont intensifié leurs opérations de dynamitage de bâtiments dans les zones orientales de Ghaza. Selon plusieurs sources locales, ce processus de destruction programmée ne vise pas seulement des structures abandonnées, mais touche des quartiers entiers, effaçant les infrastructures, les rues, les habitations, et tout ce qui pourrait permettre un jour un retour à la vie normale. En parallèle, les bateaux militaires de l’occupant ont ouvert le feu sur les côtes de Rafah, dans le sud du territoire, élargissant encore une fois la zone de danger qui englobe désormais la mer, la terre et le ciel. Ces attaques récurrentes surviennent malgré la trêve annoncée, transformée en simple façade diplomatique, en contradiction flagrante avec les engagements pris lors des négociations internationales.

L’ONU : « Ghaza vit la pire crise économique jamais enregistrée »

Sur le plan économique, un document publié par la CNUCED dresse un portrait sans précédent de la situation en Palestine. Il affirme que l’économie des territoires occupés subit l’une des dix pires crises mondiales depuis 1960, et que la situation de Ghaza est « unique au monde », représentant « la plus sévère crise économique jamais documentée ». D’après ce rapport, les restrictions israéliennes de longue date, combinées à deux années d’offensives militaires incessantes, ont fait basculer l’économie palestinienne dans une récession historique. Les infrastructures, la production, les services publics et toutes les bases du développement ont été littéralement annihilés. En 2024, le PIB de Ghaza s’est effondré de 83 % par rapport à 2023. Sur deux ans, la chute atteint 87 %. Le PIB du territoire est tombé à 362 millions de dollars, avec un revenu moyen de 161 dollars par habitant. Il s’agit de l’un des niveaux les plus bas au monde. La CNUCED rappelle qu’en moins de deux ans, vingt-deux ans de développement ont été effacés. Le PIB total de la Palestine est désormais revenu à son niveau de… 2010. Quant au revenu individuel des Palestiniens, il a reculé à celui de 2003. La situation en Cisjordanie n’est pas meilleure : l’expansion coloniale, les checkpoints, la fragmentation du territoire et l’insécurité ont provoqué une récession sévère. Le PIB y a chuté de 17 %, et le revenu individuel de 18,8 %, revenant aux niveaux de 2008-2014.

Une population affamée et un avenir hypothéqué

Selon le rapport, la destruction massive de l’habitat, des routes, des systèmes d’eau, des écoles et des hôpitaux a infligé un dommage « irréversible » au capital humain. Les coupures dans le système éducatif, l’effondrement des services publics, la famine généralisée et la disparition de la capacité productive rendent la reconstruction presque impossible sans un soutien international massif. Les experts estiment que même dans le meilleur des scénarios, il faudra des décennies pour que l’économie de Ghaza retrouve les niveaux d’avant octobre 2023. Et ce délai pourrait s’allonger encore si le cessez-le-feu actuel ne devient pas réellement contraignant et si les aides humanitaires ne sont pas délivrées de manière stable. C’est dans cette optique que la CNUCED appelle à un plan mondial de relance, incluant une levée des restrictions sur les déplacements et le commerce, la reprise des transferts financiers bloqués par l’entité sioniste, et un investissement massif pour reconstruire les infrastructures vitales. Le coût estimé de la reconstruction dépasse désormais les 70 milliards de dollars.

Une Palestine à bout de souffle, mais debout

Au-delà des chiffres, des ruines et des appels internationaux, ce qui demeure le plus frappant est la capacité du peuple palestinien à tenir, malgré un niveau de destruction que peu de sociétés auraient pu supporter. Ghaza, désignée comme « zone inhabitable » par plusieurs agences onusiennes depuis des années, continue de résister dans des conditions qui défient l’entendement. L’effondrement économique n’est pas une conséquence isolée : il est le produit direct d’une politique coloniale et militaire visant à rendre la vie impossible. 

Les destructions méthodiques, les attaques quotidiennes, les sièges prolongés, les assassinats, les coupures d’eau et d’électricité, la famine organisée – tout cela n’est pas accidentel. C’est un système. Un système dont la communauté internationale ne pourra plus détourner le regard maintenant que le plus grand organisme commercial des Nations unies parle clairement de « la plus grave crise économique enregistrée dans l’histoire ». 

La catastrophe palestinienne continue de s’écrire sous nos yeux, et les appels à la justice, à la protection, à la reconstruction et à la dignité résonnent plus fort que jamais. Les prochains mois – peut-être les prochaines années – diront si le monde est prêt à laisser Ghaza mourir, ou à l’aider à renaître des décombres.

M. Seghilani 

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