Nombre de pays comme la France, la Belgique, l’Italie et la Grande-Bretagne, viennent de bannir la prescription de chloroquine pour traiter les malades atteints par la Covid-19, invoquant le risque d’une plus grande mortalité des patients traités par la molécule. L’Algérie doit-elle arrêter ou suspendre l’utilisation de chloroquine dans le traitement contre la Covid-19 ? Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique, estime que l’efficacité de la molécule dans la lutte contre la Covid-19 est de toute manière sujette à caution. « Beaucoup de pays n’ont même pas commencé à l’utiliser depuis le début dans le traitement de la Covid-19, et cela n’a pas empêché l’Algérie de l’utiliser à l’instar d’autres pays aussi. C’est un protocole thérapeutique comme un autre », a-t-il déclaré, contacté hier par téléphone. « Même en Algérie, (a-t-il ajouté) le traitement à base de chloroquine n’est pas imposable à tout le monde ». Selon une vaste étude parue dans « The Lancet », ni la chloroquine, ni son dérivé l’hydroxychloroquine ne se présente efficacement contre la Covid-19 chez les malades hospitalisés. Pire, ces molécules augmentent le risque de décès et d’arythmie cardiaque. Mais cette étude a été très contestée dans le milieu médical. Sur les risques de grande mortalité et d’arythmie cardiaque engendrés par le traitement à la chloroquine, le docteur Lyes Merabet a expliqué que « cela n’a absolument rien à voir ». « Le taux de mortalité chez nous n’est pas différents par rapport aux autres pays qui n’ont jamais utilisé la chloroquine dans le traitement des patients de la Covid-19, voir même au contraire, ils ont un taux de mortalité plus élevé qu’en Algérie », a-t-il fait savoir. Selon lui, la chloroquine ne pose pas de problèmes en Algérie, elle est utilisée chez nous et d’ailleurs depuis plus de 60 ans et n’a jamais posé de problèmes (cette molécule étant prescrite aussi dans le traitement du paludisme et la malaria). Les Autorités sanitaires du pays ont annoncé récemment qu’ils poursuivront les traitements à la chloroquine. Le professeur Mohamed Belhocine, membre du Comité scientifique et président de la cellule d’investigation de suivi des enquêtes épidémiologiques du coronavirus sur le terrain, a fait savoir la semaine dernière que la chloroquine est toujours utilisée pour traiter les malades atteints de la Covid-19. « Le protocole officiel mis en place par le ministère de la Santé n’a pas été changé et devrait rester toujours en vigueur tout au moins dans les hôpitaux », a fait savoir Belhocine dans une déclaration à la chaîne 3 de la Radio nationale. Le membre du Comité scientifique est «pour qu’on continue à respecter le protocole tant qu’il n’y a pas un changement. En juin dernier, Mohamed Bekkat Berkani, membre du Comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie du nouveau coronavirus, avait indiqué que l’Algérie poursuivra l’utilisation, contre le nouveau coronavirus, du protocole thérapeutique à base de chloroquine qui n’a causé, à ce jour, aucun effet secondaire aux patients soumis à ce traitement. Il avait souligné dans ce cadre que l’utilisation dudit protocole dans le traitement du nouveau coronavirus en Algérie « s’effectue dans un cadre scientifique, avec un suivi minutieux des patients même après leur guérison ». Cette déclaration intervient suite à la polémique soulevée récemment à l’issue de la publication par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), de recommandations appelant à la suspension de l’utilisation de la chloroquine dans le traitement des patients atteints du coronavirus. Cette décision fait suite à la publication d’une étude dans la revue médicale « The Lancet » jugeant inefficace voire néfaste le recours à la chloroquine contre la Covid-19.
Hamid Mecheri