L’auteur sud-africain de best-sellers Wilbur Smith, décédé samedi à l’âge de 88 ans, était un maître du roman d’aventures, inspiré de sa propre vie, d’une attaque de lion à ses mois dans une mine d’or pour documenter un roman. Il a connu le succès dès 1964 avec la publication de son premier roman « Quand le lion a faim », l’histoire d’un jeune homme qui grandit dans une ferme de bétail en Afrique du Sud. Il va ensuite développer la saga de la famille Courtney sur de nombreux tomes, les suivant sur plus de trois siècles, de l’Afrique coloniale à l’apartheid, en faisant « la plus longue de l’histoire de l’édition » selon son éditeur. Le cœur de son œuvre, c’est « l’histoire de l’Afrique »: « J’ai écrit sur les Noirs et les Blancs. J’ai écrit sur la chasse, l’extraction de l’or, les fêtes et les femmes », disait l’auteur à succès dans son autobiographie publiée sur son site officiel. Sa deuxième grande saga familiale est celle de la famille Ballantyne, qui débute avec « L’œil du faucon ». Des premiers colons néerlandais jusqu’à l’apartheid et la décolonisation, il y brosse une histoire de l’Afrique du Sud et de la Rhodésie du Nord (l’actuelle Zambie), où lui-même est né de parents britanniques en 1933. « Le plus grand conteur du monde est décédé », a réagi l’ auteur de romans policiers sud-africain Deon Meyer, sur twitter.
Recherches méticuleuses
Wilbur Smith était connu pour ses recherches historiques méticuleuses et ses livres inspirés de ses propres voyages. Pour son roman « D’or et d’ébène », il était allé jusqu’à travailler dans une mine d’or sud-africaine pendant plusieurs semaines. « J’étais une sorte de membre privilégié de l’équipe, je pouvais poser des questions et ne pas me faire dire de me taire », avait-il déclaré au Daily Telegraph à propos de son expérience. Au début des années 1990, il se lance dans une fresque historique en Égypte avec « Le Dieu Fleuve », « Le Septième Papyrus » et « Les Fils du Nil ». Certains de ses livres ont été adaptés en films, dont « Parole d’homme » avec Lee Marvin et Roger Moore en 1976. En cinquante ans de carrière, Wilbur Smith aura été l’auteur de 49 romans traduits dans une trentaine de langues, qui se sont vendus au total à 140 millions d’exemplaires, selon son éditeur. Enfant, il avait été un lecteur secret, passant des heures aux toilettes à lire en cachette ses romans préférés, son père jugeant que l’obsession de son fils pour les livres était malsaine. Il attribue à sa mère le mérite de lui avoir enseigné l’amour de la nature et de la lecture, tandis que son père lui a donné un fusil à l’âge de huit ans marquant, selon lui, son histoire d’amour avec les armes à feu et la chasse. Diplômé de l’Université de Rhodes en Afrique du Sud, il ambitionnait de devenir journaliste jusqu’à ce que son père l’enjoigne de « trouver un vrai travail ». Il devient brièvement expert-comptable mais se consacre à l’écriture dès le succès de « Quand le lion a faim ». Il explique sa vocation d’écrivain par le fait qu’il a souffert d’une forme grave du paludisme, bébé, avec un risque fort de lésions cérébrales s’il survivait. « Cela m’a probablement aidé parce que je pense qu’il faut être un peu fou pour essayer de gagner sa vie en écrivant », analysait-il.
Politiquement incorrect
Le Daily Mail s’interrogeait en 2017 sur le succès de Wilbur Smith, dont les livres sont un « tourbillon politiquement incorrect de sexe, de violence, de misogynie, de chasseurs de gros gibier ». Publiée en 2018, son autobiographie « On Leopard Rock » raconte ses propres aventures, matière première de sa fiction : comment il a été attaqué par un lion, s’est perdu dans la brousse africaine ou a dû ramper dans des tunnels de mine d’or. Amateur de plongée sous-marine, il possédait une île tropicale aux Seychelles. Il gérait aussi sa propre réserve de chasse. En 1997, il a écrit un article controversé pour un magazine de safari, dans lequel où il défendait la chasse à l’éléphant et la vente contrôlée d’ivoire, comme moyen de sauver la faune africaine. Il s’est marié quatre fois, sa dernière épouse, Mokhiniso Rakhimova, originaire du Tadjikistan, étant sa cadette de 39 ans. Smith vivait la plupart du temps en Afrique du Sud, mais aussi à Londres.