Après des semaines d’attente, la Chambre des représentants va voter mercredi pour transmettre au Sénat l’acte d’accusation qu’elle a retenu contre Donald Trump, ultime étape avant le début du procès en destitution du président républicain.
La présidente démocrate de la Chambre et principale adversaire de Donald Trump au Congrès, Nancy Pelosi, a annoncé mardi à l’issue d’une réunion à huis clos avec ses élus que l’acte d’accusation serait enfin transmis mercredi au Sénat, à majorité républicaine, après un ultime vote en séance plénière à la chambre basse. Elle doit d’abord annoncer à 10H00 (15H00 GMT) qui sont les «procureurs désignés», ces élus démocrates de la Chambre chargés dans un premier temps de traverser le Capitole pour apporter l’acte d’accusation à la chambre haute. Après le vote historique à la Chambre le 18 décembre, à l’occasion duquel les chefs d’accusation d’abus de pouvoir et d’entrave à la bonne marche du Congrès ont été retenus contre Donald Trump, Nancy Pelosi a tardé à transmettre l’acte d’accusation au Sénat dans l’espoir d’obtenir des garanties sur l’organisation d’un procès «équitable». Le chef des républicains au Sénat Mitch McConnell a fait savoir mardi qu’il engagerait «selon toute probabilité» avant la fin de la semaine les «démarches préliminaires» à l’ouverture du procès, dont la prestation de serment des sénateurs devant le chef de la Cour suprême des Etats-Unis John Roberts. «Nous espérons y parvenir de manière consensuelle, ce qui permettrait de commencer véritablement le procès mardi prochain», a ajouté ce fidèle soutien de Donald Trump, déterminé à sortir au plus vite le président de cette passe difficile. «Pourquoi Nancy la nerveuse et le politicien corrompu Adam Schiff le fourbe ne nous ont-ils pas accordé un procès équitable à la Chambre?», s’est pour sa part ému le président républicain dans un tweet mardi soir, fidèle à sa ligne de défense qui l’a vu notamment qualifier cette procédure à son encontre de «coup d’Etat». Lors d’un rassemblement mardi soir dans le Wisconsin, le président a dénoncé le comportement des démocrates. «Alors que nous créons des emplois et tuons des terroristes, les démocrates au Congrès font perdre son temps à l’Amérique avec des impostures démentes et des chasses aux sorcières insensées», a-t-il lancé à ses sympathisants.
«Faits graves»
L’opposition est convaincue que le président a usé des moyens de l’Etat pour faire pression sur l’Ukraine afin qu’elle enquête sur le démocrate Joe Biden, son adversaire potentiel à la présidentielle de novembre. Ils l’accusent notamment d’avoir gelé une aide militaire cruciale pour ce pays en conflit armé avec son voisin russe, afin de parvenir à ses fins. Les républicains, qui font bloc autour de Donald Trump, dénoncent, eux, une «chasse aux sorcières» sans fondement, nourrie selon eux par l’aversion de l’opposition pour ce président atypique. Les démocrates, qui peuvent compter sur 47 voix (sur 100) au Sénat, sont conscients qu’ils n’ont quasiment aucune chance d’obtenir la destitution de l’ancien homme d’affaires new-yorkais, une majorité des deux tiers étant nécessaire. Mais ils espèrent faire émerger des informations embarrassantes pour Donald Trump. Après Andrew Johnson en 1868 et Bill Clinton en 1999, «le Sénat va entamer le troisième procès en destitution d’un président en exercice», a souligné le chef de la minorité démocrate de la chambre haute, Chuck Schumer, en répétant que les faits reprochés à Donald Trump étaient «graves». Les démocrates réclament notamment la convocation de quatre proches conseillers de Donald Trump à qui l’exécutif avait interdit de participer à l’enquête de la Chambre. L’un d’eux, John Bolton, ancien conseiller à la sécurité nationale, s’est dit prêt à répondre à une convocation au Sénat. Mais la question a été reléguée à plus tard par Mitch McConnell et un consensus n’est pas garanti. Sans témoins ni documents additionnels, «le procès au Sénat deviendra une farce, une réunion télévisée pour un procès fictif», a mis en garde Chuck Schumer, le chef de la minorité démocrate au Sénat.