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DÉSÉQUILIBRES FINANCIERS DU SYSTÈME DE SÉCURITÉ SOCIALE : Quelles réformes pour sortir la CNR de la crise ?

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La Caisse nationale des retraites (CNR) continue de souffrir du manque de finances. Situation qui rend, de jour en jour, intenable l’absence, à ce jour de solutions pertinentes, pour une meilleure santé dans l’ensemble du système de sécurité sociale.

Déclarant encore récemment que «le système national de retraite connait depuis des années des difficultés financières graves» le ministre du secteur, Tidjani Haddam met encore une fois l’accent sur la nécessité de réformes, sans dévoiler leur contenu ou en l’absence, à ce jour, d’un débat national sur la question. Pour un pays qui a besoin de 3,5 cotisants pour un retraité, pour arriver à un équilibre des caisses de retraites, alors que la réalité des chiffres donne, 1,8 cotisant pour un retraité, difficile sera le travail, en l’absence de perspectives de voir le chômage à la baisse, avec la stagnation de l’activité économique et le manque de grands projets d’usines de production, dans les secteurs publics ou privés, à même d’assurer la pérennité de l’emploi, et par conséquent mettre à l’abri le système de sécurité sociale et sauvegarder ses équilibres financiers. Alors que certains experts, après le ministre Tidjani Haddam mettent l’accent sur l’importance de reformer le système de la sécurité sociale, en allant jusqu’à prendre exemple sur celui de la France, notamment sur la question des retraites, alors que l’économie de ce pays ne souffre pas de l’étendue du marché informel ou la non-déclaration des employés, dans le secteur privé, pour ne citer que ces deux aspects, l’Office national des statistiques (ONS), a estimé dans une de ses enquêtes, que l’évasion sociale est à plus de 45% et d’autres donnes ne sont pas moindres. Selon cette même enquête, ils sont plus de 4 millions à activer dans le secteur informel, et donc des travailleurs non déclarés et non assurés par leurs employeurs, ces derniers informels ou pas. À l’activité informelle qui gangrène l’économie nationale, à tous points de vues, un autre secteur, selon cette même étude contourne les règles et la législation du travail, notamment, il s’agit du secteur formel privé, qui ne déclare pas les 70% de ses emplois, entre salariés et non-salariés, et l’étude fait état que ce chiffre s’aggrave pour la tranche d’âge des 16-25 ans, dépassant les 88%. Ce qui met en évidence que dans le secteur formel privé, ils sont 9 travailleurs à ne pas être déclarés, sur les 10 employés. Atteinte aux droits légitimes du travailleur, violation de la législation du monde du travail, en plus d’évasion fiscale, mauvaise gestion ou des choix politiques non appropriés, comme le départ en retraite anticipée, décision prise dans un contexte particulier dans les années 90, qui s’est poursuivie, jusqu’à son annulation l’année dernière. autant de causes et de raisons à l’origine des déséquilibres des finances du système de sécurité sociale, en plus de la faiblesse du taux de recouvrement des personnes déclarées. Intervenant la semaine dernière, sur les ondes de la Radio nationale chaîne 3, l’ancien membre du Conseil d’administration de la CNAS, a souligné la possibilité de pérenniser le système algérien, sans manquer de rappeler la spécifité de notre pays, pour ne pas tomber dans les comparaisons d’autres systèmes dont européens et français notamment, qui sont différents. Alors qu’en Algérie, ils sont 9% de personnes âgées de plus de 60 ans, en France, cette tranche d’âge est de 25 à 30%, et notre pays compte une personne de plus de 60 ans pour 9 personnes en âge de travailler, alors que ce rapport n’est que d’une (01) personne pour deux (02) en France. Il ne faut pas plus de 3,5 cotisants pour un retraité pour pouvoir équilibrer les caisses de retraite, alors qu’il est seulement de 1,8 actuellement.Bouderba, ancien membre du conseil d’administration de la Caisse nationale de la sécurité sociale (CNAS) et expert des affaires sociales, souligne la possibilité de pérenniser le système algérien. Il a rappelé les spécificités du contexte algérien, qui est complètement différent du contexte européen, cité souvent en référence par les personnes en charge de la gestion du secteur des retraites ou dans leurs déclarations relatives à la nécessité de réformer le système. Si l’ONS a, dans une enquête, fait état de 5 300 milliards de DA de masse salariale en 2018, les cotisations des caisses de sécurité sociale devraient être, de l’ordre de 1 825 milliards de DA et pour le P-DG de la CNR, M. Mellouka, intervenant la semaine passée, la situation que connait le système de retraite serait «essentiellement due à la croissance modérée des recettes de cotisations», notamment, précise-t-il durant la période allant de 2015 à 2018, avec un taux, a-t-il poursuivi, «de couverture des dépenses par les recettes, passé de 81% en 2014 à 56% à 2018». La CNR détiendrait des créances pour plus de 400 milliards de DA sur des employeurs qui déclarent leurs employés et il est à noter que les formules de pré-emploi et d’aide à l’insertion professionnelle ne sont pas tenus de cotiser à la CNR, vu que leurs cotisations se limitent à la couverture sanitaire, en plus que ces formules offrent de bas salaires et consacrent un emploi précaire, donc inévitablement de retomber dans le chômage, à court et moyen terme, selon les capacités financières de l’État, qui vont de plus en plus mal, depuis 2014, année du début de la chute du prix du baril de pétrole, en l’absence d’activité industrielle et économique productive et de secteurs générant, des recettes financières conséquentes et des emplois. Situation qui devrait ouvrir des perspectives de voir, le nombre de cotisants pour un retraité à la hausse, pour passer de 1,8 actuellement à plus de 3, pour arriver à équilibrer les caisses de la retraite. Selon Bouderba, l’amélioration de la gestion des caisses devrait également être atteinte, puisque celle-ci coûte plus de 15% des cotisations recouvrées. Pour cet expert des affaires sociales, rappelant que la loi instaurant le départ en retraite anticipée ayant été introduite en 1997, la CNR «ne souffrait d’aucun déséquilibre jusqu’en 2012». Alors qu’on ne comptait pas plus de 27 000 départs par année, ce chiffre est passé en 2012 à plus de 60 000. En 2013, la circulaire d’Abdelmalek Sellal, à l’époque Premier ministre et actuellement en prison, a ouvert la voie au départ de plus de 35 000 fonctionnaires âgés de plus de 60 ans en retraite. S’agissant des départs en retraite anticipée, M. Bouderba a rappellé que leur nombre était annuellement de 17 000 entre 2000 et 2011, pour passer à 35 000 entre 2011 et 2015, jusqu’ à ce qu’il enregistre un boom en 2016, avec le départ de 270 000, en prévision de la suppression de la retraite anticipée.
Karima Bennour

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