L’ouverture des auditions des accusés, dans les deux affaires de montage automobile et de financement occulte de la campagne électorale du candidat Bouteflika à la présidentielle avortée d’avril 2019, s’est faite sur des révélations surprenantes.
En effet, la Cour d’Alger a traité de nouveau, hier, cette affaire après le pourvoi de cassation de la défense accepté par la Cour suprême. Outre les concessionnaires automobiles, les deux anciens Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, ont comparu devant le juge. Entendu en premier, Ouyahia, incarcéré dans la prison d’Abadla, à Béchar, a nié en bloc toutes les charges retenues contre lui, à savoir « octroi d’indus privilèges, abus de fonction, conflits d’intérêts et blanchiment d’argent ».
Mais au-delà, l’ancien Premier ministre, interrogé par le juge sur l’origine de ses propres fonds placés dans trois comptes bancaires et postaux, a fait exploser une bombe pour ainsi dire. Selon ses révélations, et après avoir nié que les revenus soient issus de ses fonctions au Gouvernement, a déclaré que les fonds étaient des cadeaux que lui offraient à l’époque des émirs du Golfe. En sa qualité de Premier ministre, en effet, il avait reçu des mains de hauts responsables des monarchies du Golfe « des lingots d’or en cadeau », précisant qu’il les avait, ensuite, vendus au marché parallèle pour 350 millions DA et placé l’argent dans ses comptes ».
Toutefois, a-t-il souligné, avant de recourir au marché parallèle, il avait proposé les lingots d’or à la Banque d’Algérie mais que celle-ci avait refusé. Egalement, a-t-il avoué, il n’avait pas déclaré cette « fortune » à l’époque, soit depuis 2017, parce qu’il était en soins médicaux. Quant aux sociétés, dont ses deux fils sont propriétaires, Ouyahia a affirmé que ses deux rejetons « ont obtenu des crédits bancaires dans le cadre de l’ANSEJ pour la création d’une imprimerie et d’une compagnie de sécurité informatique », assurant « qu’ils n’ont pas bénéficié d’avantages ».
F. Guellil
L’audience se poursuivra dans l’après-midi
Ce procès, programmé à la Cour d’Alger avec une composante spéciale, intervient après que la Cour suprême a accepté le pourvoi en cassation introduit par la défense des accusés. Il s’agit, en effet, du 1er dossier de corruption, traité en décembre 2019 par le Tribunal de Sidi M’hamed, et dans lequel sont poursuivis les deux anciens Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, ainsi que les trois anciens ministres de l’Industrie, Youcef Yousfi, Mahdjoub Bedda et Abdesselam Bouchouareb et le ministre des Transports et des Travaux publics, Abdelghani Zaalane.
APS