Dans un rapport publié jeudi dernier, les Nations unies affirment que les terroristes de Daech ont étendu leur emprise en Libye, pays qui « attire » de plus en plus de terroristes, lesquels selon la même source « arrivent, via le Soudan, la Turquie et la Tunisie » précisent les rédacteurs du rapport annuel sur la Libye, transmis au Conseil de sécurité de l’Onu.
Devenu plus attrayant pour les terroristes dont ceux de Daech, selon le rapport des experts onusiens en charge de surveiller les sanctions de la communauté internationale imposées à la Libye, les rédacteurs ont indiqué également qu’ils avaient reçu des informations sur la présence de militaires de pays étrangers en Libye, pour lutter contre le groupe terroriste de Daech, sans aller jusqu’à divulguer, les noms des pays en question. Pourtant des documents, des déclarations de hauts responsables occidentaux et des articles de médias font état de présence ou d’envoi de militaires des pays, membres de l’organisation atlantique de l’Otan, notamment en prévision de l’intervention étrangère dans ce pays, qui se précise, la deuxième en l’espace de moins de cinq ans, la première celle de l’Otan, mars 2011. Les experts onusiens ont souligné, dans leur document transmis au Conseil de sécurité, jeudi dernier, « la montée » de Daech en Libye, estimant leur nombre à « six mille » ont-ils indiqué. La situation de blocage politico-institutionnel dans ce pays, par la non reconnaissance à ce jour, par le Parlement de Tobrouk, des membres du nouveau gouvernement d’union nationale en Libye, rend la situation dans ce pays, plus complexe et favorisera davantage la présence des terroristes de Daech, Lequel groupe terroriste est dans le collimateur de la coalition internationale, que conduit Washington, contre le terrorisme, dont les préparatifs militaires des occidentaux, en cours pour intervenir en Libye. Alors que le rapport des experts onusiens a été rendu public, jeudi, le président américain, a accablé, dans une interview au journal américain, The Altantic, publié également jeudi passé, le rôle de Paris et Londres, en Libye. Barack Obama a fait savoir, en effet, que « quand je regarde en arrière » a-t-il indiqué, « je me demande ce qui a fait défaut, il y a de quoi critiquer car je n’avais plus foi en les Européens, compte-tenu de leur proximité avec la Libye » a déclaré le président américain. Le locataire de la Maison Blanche outre qu’il critique ses alliés, sur la scène internationale, lesquelles ont occupé les devants de la scène, en accord, bien sûr avec Washington lors de l’intervention de l’Otan en Libye, en 2011.
Obama veut faire mieux que Sarkozy en Libye
Les propos précités d’Obama laissent entendre que la prochaine intervention en Libye, les orientations et les décisions seront exclusivement, celles des Etats-Unis qui seront mises en exécution. Ce qui est déjà le cas, au regard du rôle premier accordé à l’Italie, en prévision du début des opérations militaires en Libye, la première, la frappe aérienne menée, février dernier, en Libye, par des avions US, en provenance d’une base en Italie. En parlant du chaos libyen, le président américain, dont son mandat présidentiel arrive à terme, cette année, estime qu’il s’agit là d’un «show de merde», un chaos, non lié à « l’incompétence » des pays mais à la « passivité » de ses alliées, et aussi à « la puissance tenace du tribalisme ». Plus explicite, sur le rôle de son pays dans l’intervention de l’Otan, en 2011, Obama évoque les ambitions de l’ex-président français, Sarkosy, qui selon le locataire de la Maison Blanche « voulait, avoir tout le crédit de la campagne aérienne même si c’est nous qui avons détruit les défenses aériennes et mis en place les infrastructures.» a-t-il indiqué. S’agissant de Paris, le successeur de Laurent Fabius, à la tête des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, en l’occurrence, a déclaré, jeudi, que son pays va proposer, ce lundi, à ses partenaires de l’Union européenne (UE) l’adoption de sanctions contre les responsables politiques libyens qui bloquent l’approbation du gouvernement d’union nationale libyen. L’ex-Premier ministre et actuel chef de la diplomatie française a déclaré, en effet, jeudi dernier sur la chaine iTELE, «moi je n’exclus pas qu’on puisse les menacer de sanctions. En tout cas c’est ce que je proposerai à mes collègues des Affaires étrangères lundi à Bruxelles.» Il est à rappeler, qu’après la frappe militaire américaine précitée, en Libye, qui visé un camp de Daech, près de Sabrata, le porte-parole de la Maison Blanche avait avancé « l’existence» d’autres camps similaires en Libye et que le Pentagone « les surveille de près» avant d’indiquer que « l’armée américaine allait agir au moment opportun pour neutraliser ces groupes terroristes» avait-il déclaré. Qu’il s’agisse d’Obama ou d’Ayrault, les deux font fi des causes à l’origine du chaos qui s’est installée en Libye, dont celle de la militarisation, par les occidentaux de la crise qui a secoué le pays en 2011, accélérant l’intervention de l’Otan dans ce pays, et depuis a sombré dans une crise complexe porteuse de risques majeurs sur l’avenir de la Libye, du martyr Omar El-Mokhtar. Et si des rapports font état de la recherche des acteurs occidentaux à acheminer la Syrie, vers un système fédéral, la division du pays, des rapports font état aussi de ce même objectif escompté, en Libye, par les membres influents de l’Otan. Des objectifs, qui faut –il le rappeler, répondent au projet du Grand Moyen-Orient, tant scandé par les responsables américains, notamment, et dont le cheval de Troie, des occidentaux, tantôt promouvoir la démocratie ou combattre le terrorisme, leur a permis, à ce jour, d’envahir des Nations, l’Irak en 2003 et moins de dix ans après, 2011, l’intervention de l’Otan , en Libye, dont sa seconde phase est en marche et se précise de plus en plus. Selon la presse italienne, Rome a récemment permis à Washington de déployer des drones dans une base aérienne en Sicile et a préparé un contingent de 50 soldats d’élite, pouvant, selon la même source, sans préavis passer sous commandement des services secrets et opérer en Libye.
L’intervention étrangère aggravera davantage le chaos libyen
Exploitant et profitant du vide politique et l’insécurité avec le trafic d’armes à ciel ouvert en Libye, les experts onusiens estiment le nombre des terroristes de Daech à plus de six mille indiquant qu’ils atterrissent dans ce pays, à partir de la Turquie, Soudan et la Tunisie. Si du côté de la Syrie, la communauté internationale, notamment les principaux acteurs occidentaux n’ont pas acculé des pays, tels la Turquie, le Qatar et l’Arabie saoudite dans leur soutien aux groupes terroristes, tels celui d’El-Nosra ou Daech, le même rôle que jouent ces pays en Libye, notamment dans l’arrivée en grand nombre des terroristes dans ce pays, sur fond de leur acheminement de Syrie vers la Libye, sur fond du début du dénouement de la crise syrienne, dans la relance du processus de dialogue de Genève. Si bon nombre de voies s’élèvent pour avertir sur les conséquences gravissimes d’une seconde intervention étrangère en Libye, dont celle de l’Union africaine, et les pays limitrophes à la Libye, l’Algérie et la Tunisie, ces derniers ainsi que la Russie également parlent de lutte internationale contre Daech dans le cadre des Nations unies. Le ministre d’état, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, a affirmé mercredi dernier, à La Haye qu’une nouvelle intervention militaire étrangère en Libye «créera plus de tensions et de désastre», a-t-il déclaré, lors d’un point de presse conjoint avec son homologue néerlandais, Bert Koenders. Le ministre dira plus loin que « les Libyens doivent régler leurs problèmes eux-mêmes a-t-il plaidé, réitérant la position de l’Algérie qui prône un « dialogue inclusif » avec la participation de toutes les parties libyennes afin d’aboutir à un règlement pacifique de la crise qui secoue la Libye. L’attaque spectaculaire et sans précédent, lundi dernier, de terroristes de Daech, contre la ville tunisienne de Ben Guerdane, proche de la frontière avec la Libye, renseigne sur les risques qu’encourent, la région, dont Alger et Tunis ont fortifié respectivement leurs dispositifs sécuritaires au niveau de leurs frontières avec la Libye, pour mettre en échec le passage des terroristes de la Libye vers ces deux pays.
Karima Bennour