L’Algérie qui a décidé de suspendre le Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération avec l’Espagne ne sait pas tromper sur le gouvernement de Sanchez qui, depuis son acoquinement avec le Makhzen, s’est enfoncé dans le labyrinthe au point d’altérer davantage sa crédibilité aussi bien à l’interne qu’à l’international. Face aux bouleversements géostratégiques et géopolitiques accélérés par le fait du conflit ukrainien, l’Espagne, tout comme les pays de l’Europe en général menacés par la crise énergétique, est parti en quête d’un repositionnement. Sauf que, versé dans un insoutenable amateurisme diplomatique, le gouvernement de Pedro Sanchez a choisi, mars dernier, d’abandonner sa traditionnelle politique étrangère. Dans la foulée, l’actuel Premier ministre décrié, jusqu’au jour d’aujourd’hui, de partout, a succombé à la tentation pour trahir la cause sahraouie au prix des calculs d’intérêt immédiats et sournoisement conclus avec Rabat. On le sait, ce qui adviendra plus tard à cette alliance sulfureuse était visible le vendredi noir du 24 juin, avec le massacre à ciel ouvert commis sur d’humbles migrants subsahariens près de Melilla. En cédant au chantage de Rabat sur le dossier migratoire, Madrid a commis l’irréparable erreur de nuire à ses traditionnels partenaires dans la région, à commencer, donc, par l’Algérie. In fine, qui est le perdant dans l’affaire ? Outre le fait de gagner « le mérite » d’avoir trahi la cause sahraouie, l’Espagne de Sanchez a connu un retour immédiat sur investissement. C’est le personnel politique, diplomatique et économique madrilène qui le dit : « Madrid court à sa propre perte, à tous les niveaux ! »
Au lieu de continuer à jouer les bons offices sur le conflit au Sahara occidental en tant qu’ancienne puissance administrante des territoires, et de-là permettre au peuple sahraoui d’accéder à son indépendance, l’Espagne de Sanchez a opéré un changement radical qui a provoqué, à juste titre, la réaction ferme de l’Algérie. Pris par une crise d’hystérie après la décision de suspension du Traité de 2002, le Mae José Albares s’est plaint auprès de l’Union européenne à Bruxelles qui, à son tour, a pris le parti de Madrid sans consulter au préalable Alger au sujet d’une question qui relève, après tout, d’une relation bilatérale. Plus tard, le même Albares s’est plaint auprès de l’OTAN pour évoquer une décision d’Alger prise sous « l’influence russe ». Aujourd’hui, animée par des intérêts étroits, voilà que L’Espagne de Sanchez décide de se fournir en gaz russe pour remplacer le gaz algérien. De qui se moque-t-on ? Dès lors, l’Algérie ne peut plus compter sur un voisin qui ne respecte pas les principes de bon voisinage, et encore moins les principes diplomatiques sur lesquels reposent les relations bilatérales.
Force est de constater que depuis que l’Espagne a fait alliance avec le Makhzen, le pays de Sanchez a complétement perdu la boussole et s’est enfoncé dans le labyrinthe de l’incertitude, de surcroit en pleine crise géopolitique. Pour preuve aux déambulations diplomatiques de Madrid, le Congrès espagnol n’a cessé de réclamer la tête de l’actuel exécutif qu’il le prenne pour responsable dans ce marasme politique. A plusieurs séquences, le Parlement espagnol a adopté des résolutions soutenant un retour à la position de neutralité vis-à-vis du Sahara occidental et un rétablissement d’une relation au moins amicale avec l’Algérie. C’est peine perdue, puisqu’Alger ne peut plus prendre au sérieux un partenaire qui perd le fil et décide de quoi du jour au lendemain, sans s’accommoder des principes sacro-saints que constitue la politique étrangère d’un pays.
Le 17 juin dernier, dans un entretien accordé au journal espagnol « El Confidencial », l’Envoyé spécial chargé de la question du Sahara occidental et des pays du Maghreb, Amar Belani, avait exclu « toute possibilité de normalisation » des relations avec l’Espagne. Pas tant que, en tout cas, le gouvernement Sanchez soit toujours aux commandes.
Farid Guellil