Alors que la résistance palestinienne à Ghaza manifeste une ouverture et une flexibilité dans les négociations en vue d’une trêve humanitaire, l’occupation sioniste poursuit sa campagne militaire brutale, ciblant aveuglément les civils et les infrastructures vitales.
La journée d’hier a été marquée par un nouveau pic de violence, avec au moins 77 Palestiniens tués depuis l’aube, selon le correspondant d’Al Mayadeen à Ghaza. Parmi les 77 martyrs recensés en une seule journée, 55 martyrs sont tombés dans la ville de Ghaza et dans le nord du territoire. Les frappes israéliennes ont notamment visé les abords de l’hôpital Ghaza européen, à l’est de Khan Younès, dans le sud du territoire. Quatre personnes ont été tuées dans leur domicile situé à proximité de cet établissement. Deux autres ont été ciblées par un drone israélien dans la région de Qeïzan an-Najjar, toujours à Khan Younès. Trois martyrs supplémentaires ont été signalés à Ghaza même, dans le quartier de Choujaya, où un bombardement a visé la rue Abou Asr. D’autres frappes ont touché les alentours du stade municipal à l’est de Nusseïrat, ainsi que le rond-point Abou Charikh dans le camp de Jabalya, au nord. Dans son dernier rapport, le ministère de la Santé de Ghaza a annoncé avoir accueilli au moins 20 nouveaux martyrs et 125 blessés au cours des dernières 24 heures. Le bilan reste provisoire, car de nombreux corps demeurent sous les décombres. Les services de secours sont dans l’incapacité d’intervenir dans certaines zones en raison de la poursuite des bombardements et de la dangérosité des lieux. Le docteur Mohammad Salha, directeur par intérim de l’hôpital Al-Awda, a lancé un appel urgent à la communauté internationale, qualifiant la nuit écoulée de « l’une des plus sanglantes depuis le début de la guerre ». Il a dénoncé des attaques ciblées contre les civils, dans un contexte de pénurie extrême de médicaments, de matériel médical et de carburant. Le personnel de santé travaille sans relâche, avec des moyens dérisoires, face à un afflux massif de blessés.
La situation humanitaire s’aggrave d’heure en heure
Les ordres d’évacuation israéliens dans le nord du territoire provoquent un déplacement massif de la population vers des zones déjà surpeuplées et dénuées d’infrastructures de base. L’accès à l’eau potable devient critique : 90 % des familles vivent dans l’insécurité hydrique, avec un taux de contamination de l’eau dépassant les 25 %, selon le ministère de la Santé. La menace d’une famine généralisée plane sur Ghaza. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a récemment averti que la malnutrition pourrait avoir des conséquences irréversibles sur
« toute une génération » d’enfants palestiniens. Le rapport de l’IPC (Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire) indique un risque imminent de famine dans plusieurs secteurs du territoire assiégé. Mardi, l’armée israélienne a bombardé l’hôpital Ghaza européen avec neuf bombes lourdes, justifiant son attaque par la présence supposée de responsables militaires de la résistance palestinienne, notamment le commandant Mohammad al-Senwar. Le ministère de la Santé a fait état d’au moins 16 morts et 70 blessés dans cette attaque, qualifiée de
« massacre » par les médias palestiniens. Les Brigades Al-Qassam ont nié la présence de leurs cadres dans l’hôpital, selon le canal Telegram du site « Al-Majd ». Un journaliste palestinien blessé, accusé par Israël de travailler avec la résistance palestinienne, est également tombé en martyr alors qu’il recevait des soins à l’hôpital Nasser. Depuis le début de l’offensive israélienne, le 7 octobre 2023, le ministère de la Santé recense 52 928 martyrs et 119 846 blessés, en majorité des civils, femmes et enfants compris. Depuis la reprise des attaques après une brève trêve en mars, 2 799 morts et 7 805 blessés supplémentaires ont été enregistrés. Rien que pour la journée de mercredi, 40 personnes ont trouvé la mort dans des frappes concentrées sur le nord du territoire. Des bombardements ont touché des habitations à Jabalya, dans le quartier de Sahwa, ainsi que deux appartements résidentiels dans la rue Al-Ajarmeh. Les quartiers de Khan Younès, au sud, n’ont pas été épargnés non plus. Sur le plan diplomatique, des officiels américains ont récemment informé les familles des captifs à Ghaza qu’un accord d’échange serait possible, Washington ayant entamé des négociations directes avec la résistance palestinienne, en contournant en partie le gouvernement israélien. L’envoyé spécial américain Adam Boehler, accompagné de Steve Witkoff, a rencontré les familles avant de se rendre au Qatar pour de nouvelles discussions. Israël, de son côté, a dépêché une délégation. Un projet de trêve, impliquant la libération de la moitié des captifs israéliens en échange d’un cessez-le-feu temporaire et l’ouverture des passages humanitaires, a été évoqué. Toutefois, le Premier ministre Netanyahou a réaffirmé sa volonté de poursuivre la guerre jusqu’à la « victoire totale », tout en n’excluant pas un arrêt temporaire des combats. En réaction, la résistance palestinienne a déclaré que Netanyahou « ment à son peuple » et que son incapacité à récupérer les captifs israéliens par la force confirme que seule une négociation sérieuse et un échange de prisonniers pourraient mettre fin à cette guerre. Le retour du captif israélien Aidan Alexander en est, selon le mouvement, la preuve. La situation à Ghaza évolue dramatiquement vers une catastrophe humanitaire totale, dans un contexte de guerre d’extermination sans relâche. Le bilan humain ne cesse de s’alourdir. Les appels à la trêve et à l’ouverture des passages humanitaires deviennent plus urgents que jamais. Tandis que la diplomatie cherche un fragile compromis, le peuple palestinien endure un calvaire sans nom, sous les bombes, dans la faim, la soif et le silence complice d’une communauté internationale paralysée.
M.Seghilani