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DÉJÀ PLUS DE 1100 MORTS : Bain de sang à Soueïda en Syrie

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La ville syrienne de Soueïda est le théâtre d’un carnage d’une ampleur inédite.
En l’espace d’une semaine, plus de 1120 personnes ont été tuées, selon un rapport accablant publié par l’Observatoire syrien des droits de l’homme (SOHR). Au cœur de cette hécatombe : des exécutions sommaires, des combats d’une extrême violence entre groupes armés druzes et milices issues des tribus arabes, ainsi qu’un effondrement total de la situation humanitaire dans une région laissée à l’abandon.
Parmi les victimes, l’Observatoire recense au moins 194 civils – dont 28 femmes, 8 enfants et un vieillard – exécutés sommairement par des éléments affiliés aux ministères de la Défense et de l’Intérieur. Trois autres civils, membres des tribus bédouines, dont une femme et un enfant, auraient également été tués de manière extrajudiciaire par des combattants druzes. Les violences ont éclaté le 13 juillet dernier, après la diffusion de vidéos prétendant montrer des massacres de femmes et d’enfants bédouins par des miliciens druzes. Si l’une des séquences s’est révélée authentique, les autres ont été démenties ou se sont avérées sorties de leur contexte, certaines montrant en réalité des exactions commises contre des civils druzes, ou des événements antérieurs en Syrie ou ailleurs. Malgré ces éléments, une campagne de désinformation et d’incitation à la vengeance s’est intensifiée, attisée par certains médias proches du pouvoir syrien et relayée par des réseaux internationaux. Elle a conduit à la mobilisation armée de nombreuses tribus arabes en direction de Soueïda, déclenchant une nouvelle vague d’affrontements meurtriers, accompagnés de raids sur des maisons et de pillages dans plusieurs villages druzes. Le SOHR accuse les autorités syriennes d’avoir directement facilité ces attaques. Les groupes armés tribaux, affirme-t-il, ont été autorisés à mener leurs opérations en toute impunité, vêtus d’habits traditionnels et soutenus par des unités relevant des ministères de la Défense et de l’Intérieur. Les milices ont traversé les zones de sécurité contrôlées par les forces régulières sans être inquiétées, multipliant les assassinats, les incendies volontaires et les actes de pillage. Le bilan humain est effroyable. Sur les 1120 personnes tuées au cours de la semaine, on dénombre 427 combattants druzes et 298 civils issus de la même communauté, parmi lesquels 194 ont été exécutés sur le champ par les forces de sécurité. En face, 354 membres des forces gouvernementales ont trouvé la mort, ainsi que 21 membres des tribus arabes, dont trois civils qui auraient été sommairement exécutés par des combattants druzes. Quinze soldats supplémentaires ont été tués lors des frappes aériennes israéliennes survenues pendant cette période, qui ont également coûté la vie à trois civils – une femme et deux personnes non identifiées – dans une attaque visant le bâtiment du ministère de la Défense à Damas. La situation humanitaire à Soueïda est devenue catastrophique. Le principal hôpital de la ville est débordé : les chambres froides sont saturées de cadavres et des corps en décomposition jonchent les couloirs, faute de pouvoir être enterrés. Les blessés, nombreux, sont privés de soins, en raison d’un manque quasi total de médicaments, d’électricité et d’eau potable. La famine s’installe dans plusieurs quartiers encerclés, accentuant encore le désespoir d’une population prise au piège. Face à cette tragédie, le SOHR renouvelle son appel à la communauté internationale pour la création urgente d’une commission d’enquête indépendante et impartiale. L’objectif : documenter les crimes perpétrés à Soueïda depuis le début de l’escalade, en particulier les exécutions sommaires, les attaques contre les civils et les responsabilités éventuelles du pouvoir syrien, et traduire leurs auteurs en justice conformément aux normes internationales. L’Observatoire souligne par ailleurs que le clivage communautaire en Syrie s’aggrave dangereusement, exacerbée par le soutien manifeste accordé par Damas aux factions tribales, au lieu d’œuvrer à l’apaisement et à la réconciliation nationale. Ce choix politique, lourd de conséquences, ne fait qu’alimenter une spirale de haine et de représailles entre communautés autrefois cohabitantes. Dans un effort de désescalade, le chef de la sécurité intérieure de Soueïda, le général Ahmed Dalati, a annoncé hier matin le début d’une opération d’évacuation des familles bédouines qui se trouvaient encore dans la province. Ces civils, exposés aux représailles et piégés par les combats, sont désormais autorisés à quitter la région, sous la protection des forces de sécurité. Le général a également assuré que tous ceux qui souhaiteraient revenir ultérieurement à Soueïda pourraient le faire dans des conditions sécurisées. Ce processus d’évacuation, mené en coordination avec les autorités de la province voisine de Daraa, s’inscrit dans une dynamique de cessez-le-feu annoncée il y a deux jours par le chef spirituel des Druzes, le cheikh Hikmat al-Hijri. Cet accord de trêve, obtenu sous médiation internationale, prévoit notamment l’ouverture de corridors humanitaires sûrs via les localités de Busra al-Harir et Busra al-Cham, afin de permettre un retrait paisible des miliciens tribaux restants et d’assurer la protection des civils. La tragédie de Soueïda, province longtemps épargnée par les grands épisodes de la guerre syrienne, devient aujourd’hui le symbole du chaos et de l’implosion du tissu social syrien. Ce drame, nourri par les manipulations, l’impunité et les politiques cyniques du régime, montre une fois de plus que la paix durable ne viendra ni des armes, ni des alliances de circonstance, mais d’un sursaut éthique et politique désormais plus urgent que jamais.
M.Seghilani

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