La SNTF (Société nationale des transports ferroviaires) a entamé un vaste chantier, celui de moderniser ses moyens de transport de fret, une activité qui est jusque-là mise en berne et souffre de rentabilité. Sur un programme d’acquisition d’une trentaine de locomotives de dernière génération, 10 réceptionnées, mardi dernier, au niveau du port d’Alger.
L’annonce a été faite, hier, par le P-DG de la SNTF, Yacine Bendjaballah, sur les ondes de la Chaîne 3 de la Radio nationale, qui s’est exprimé longuement au sujet des ambitions animant la société qui prévoit de relancer et redynamiser l’activité fret pour mieux la rentabiliser. Sur le plan stratégique, la priorité de la SNTF est au développement de toutes ses activités, que ce soit en matière de transport de voyageurs de marchandises. Cela étant dit, l’activité fret a connu une stagnation en quelque sorte depuis l’année 2009 à ce jour, contrairement au service de transport de voyageurs qui a relativement enregistré un essor. Sur le plan rentabilité, la santé financière de la SNTF repose sur les revenus de ces deux activités commerciales, mais surtout du fret qui a cependant connu un relâchement ces dernières années, et lequel était d’ailleurs à l’origine de la défaillance de sa trésorerie. La société roule avec 23 milliards de dinars annuellement, alors qu’elle n’engendre que 4 milliards DA. Le déficit est comblé par la dotation de l’État qui est de l’ordre de 19 milliards DA. Avec le recul drastique des ressources publiques qui a amené le gouvernement à adopter des coupes budgétaires tendant vers une réduction graduelle des subventions de l’État, la SNTF n’a donc pas d’autres choix que de créer une plus-value à partir de ses activités commerciales. D’ailleurs, le ministre du secteur, Boudjemâa Talaï, a auparavant déclaré que les pouvoirs publics ne peuvent plus venir en aide financièrement aux entreprises publiques. Comme palliatif, il n’a cessé d’appeler à l’investissement dans le cadre du partenariat public-privé sur la base de la règle 51/49. Étant donc le moyen le plus rapide, le plus efficace et même le plus sûr, le transport ferroviaire de marchandises représente un manque à gagner énorme, en raison du peu d’intérêt accordé à cette activité, représentant 2% seulement de l’ensemble des activités de la société. Ce qui équivaut à 5 millions de tonnes de produits acheminés annuellement par transport ferroviaire. Selon son premier responsable, l’objectif étant d’arriver à atteinte 17% à l’horizon 2020, apprend-on lors de l’émission radiophonique. Pour lui, cet objectif est raisonnable dès lors que les ambitions de sa société soient «intéressantes», a-t-il estimé. Afin d’élargir justement l’activité du fret, la SNTF est sur le point de renforcer ses moyens de transport par quelque 30 locomotives de dernière technologie. Celles-ci devront remplacer les machines existantes à même de pouvoir réaliser les objectifs consignés dans ce nouveau plan d’action, et lequel, visiblement, vise à garantir à la société l’indépendance financière dans les prochaines années. En plus de ce programme de modernisation, la SNTF a conclu des partenariats par la création de joint-ventures avec les entreprises portuaires du pays. Ces plates-formes, permettant de mieux gérer les flux de marchandises dans les opérations de transport, sont localisées un peu partout, comme à Alger, Skikda, Annaba…, a fait savoir Bendjaballah. Le même responsable a également annoncé la mise en place d’un nouveau mode de gestion du trafic ferroviaire qui est basé sur un système électronique. Les avantages qu’il représente sont d’ordre qualitatif et quantitatif. En effet, il s’agit de réduire les retards causés dans les horaires de transport, ainsi que de mettre sur rail davantage de train pour satisfaire le plus possible des clients de la SNTF. Pour, aussi ,permettre une bonne maîtrise humaine de ce programme électronique, pas moins de 15 ingénieurs -sur un total de 67 qui suivent une formation en Allemagne- seront promus et affectés, au courant de ce mois de ramadan, dans des postes relevant de ce domaine de compétence, a encore révélé ce responsable. D’autre part, la SNTF prévoit également l’ouverture au courant de l’année, des premières lignes ferroviaires à grande vitesses, telles que le trajet Birtouta-Tipaza, qui atteindra pour la première fois en Algérie 160 km à l’heure. Cette mesure concernera à la fois le transport de marchandises et celui de voyageurs, a-t-on indiqué.
Farid Guellil