L’Institut culturel italien d’Alger a organisé, mercredi, une rencontre animée par visioconférence autour de la parution de la traduction vers l’Italien du récit de Samir Toumi, « Alger, le cri », sortie sous le titre, « Algeri, il grido », sous la plume de Giulia Béatrice.
Premier roman de Samir Toumi, « Alger, le cri », récit autobiographique de 165 pages, paru en 2013 aux éditions Barzakh, rend avec « fascination, amertume et passion », une « quête de soi et de ses origines », mêlée aux « pulsions et à la respiration » des rues d’Alger. L’auteur n’a cessé d’arpenter dans le double mouvement de l' »enfermement et la circularité », sa ville natale qui l’emmènera dans « les tréfonds de la mémoire » pour se raconter, en démultipliant « les cris de ses failles sismiques et ses faillis politiques ». Samir Toumi est alors présenté comme un arpenteur fébrile de la ville d’Alger et de ses faubourgs. Paru en juillet 2021, chez « Astrate edizioni », « Algeri, il Grido » a donné lieu à cette rencontre, animée, près d’une heure et demie de temps, par les principaux acteurs de cette belle nouveauté littéraire. Modéré par Selma Hellal des éditions Barzakh, le débat, a été conduit par Samir Toumi, la directrice de l’Institut Culturel italien d’Alger, Antonia Grande, Carolina Paolicchi d’ »Astrate edizioni », Giulia Beatrice, précédés par l’intervention de l’ambassadeur d’Italie, Giovanni Pugliese. Évoquant la « célébration de la collaboration entre l’Algérie et l’Italie », Giovanni Pugliese a rappelé l’ »engagement permanent de l’Italie dans la voie du dialogue culturel avec l’Algérie », considérant que « Algeri, il grido » allait créer des « passerelles d’amitié et d’échanges entre les deux pays ». « Espérant que ce récit puisse rapprocher le lecteur italien de la ville d’Alger, une cité autant belle que bouleversante », a-t-il conclu après avoir résumé et fait l’éloge de l’ouvrage de Samir Toumi. Après avoir fait remarquer que la ville d’Alger « parlait aux artistes et aux écrivains », la directrice de l’Institut Culturel italien d’Alger, Antonia Grande a cité Yasmina Khadra, autre romancier algérien épris d’Alger la capitale, et son rapport à cette ville nostalgique « chargée d’émotions, qui vous change » a-t-elle dit. Quant à lui, l’auteur a d’abord évoqué sa rencontre à Naples avec Giulia Béatrice, qui s’est faite grâce aux liens créés autour de « L’effacement » (Barzakh-2016), un autre de ses romans qui avait alors été traduit en italien par Daniela De Lorenzo, sous le titre « Lo specchio vuoto » (le miroir vide). Samir Toumi explique que « Alger, le cri », est un roman « ventral, très impérieux et totalement spontané », où la capitale Alger, devenue « (sa) « thérapeute, (sa) mère, un danger, un serpent » n’était en fait qu’ »un prétexte pour se raconter » et comprendre « qui j’étais et d’où je venais ». Au tour de la traductrice de « Alger, le cri », Guilia Béatrice, d’expliquer la réussite de son travail, réalisé, selon la modératrice Selma Hellal, avec des « mots qui ont les « mêmes intonations » et une musicalité « presque similaire » que la langue d’origine, par le fait d’ »avoir vite compris la pertinence de bien saisir l’univers extralinguistique du roman de Samir Toumi ». Pour sa part, Carolina Paolicchi d’Astrate edizioni a souligné la nécessité de suivre un marché qui ressemble à « notre identité et notre culture méditerranéennes », avant de relever qu’ »en lisant le récit de Samir Toumi, on se rend vite compte que dans chacun de nous, il y a quelque chose de l’autre ». Sollicitant amicalement l’approbation de la directrice de l’Institut Culturel italien d’Alger, Samir Toumi a ensuite fait savoir qu’il avait offert « Algeri, il Grido », son roman traduit, aux départements de la langue italienne des Universités d’Alger, Blida et Annaba pour, a-t-il conclu, « susciter des études et des débats autour de son œuvre ». Né en 1968 au quartier de Bologhine à Alger, Samir Toumi est ingénieur polytechnicien, consultant, photographe et écrivain, alliant ainsi, rationalité et esthétique. En 2013, il sort « Alger, le cri », son premier roman et collabore à la revue « L’impossible » créée par Michel Butel. En 2016 il récidive avec « L’effacement » qui lui vaudra en 2017, la distinction du prix de l’Association France-Algérie, avant de participer en 2019, à l’ouvrage collectif « Méditerranée, amère frontière » paru chez Actes Sud. À la basse Casbah d’Alger, il crée « La Baignoire », un concept « d’espace partagé » avec les artistes.