Au moment où les pouvoirs publics assurent la préservation du pouvoir d’achat du citoyen, les commerçants opèrent de leur plein grès des ajustements sur les prix des produits de première nécessité. Et dire qu’au début de ce mois, la Direction générale des impôts a annoncé la publication d’un barème tarifaire pour éviter les augmentations aléatoires. Il n’en est rien !
Sans la moindre surprise, les prix des produits alimentaires au détail ont connu des hausses significatives en décembre dernier. Mettant le pouvoir d’achat à rude épreuve, la tendance haussière s’est poursuivie durant la dite période comparativement à l’année 2015, comme le témoignent les derniers chiffres rendus publics par le ministère du Commerce et repris par l’APS. Ainsi, la hausse la plus importante concerne les légumes secs, notamment, les pois chiches dont le prix augmenté de +63%, alors que celui des haricots secs a grimpé de 6,6% et des lentilles de 5,3%. Autre augmentation importante concerne les légumes frais. En effet, à l’exception du prix de l’oignon sec qui a fortement baissé (-37%), ceux des autres produits ont augmenté tels l’ail importé (+30,2%), la tomate fraîche (+18,5%), la pomme de terre (+2%) et l’ail local sec (+1,2%). S’agissant des produits d’épicerie, les prix moyens à consommateurs se sont envolés, entre les deux périodes de comparaison, pour le lait en poudre infantile (+9,8%), la levure sèche (+8,9%), les pâtes alimentaires (+8%), le concentré de tomate (+6,7 %), le café (+6,7%), la farine conditionnée (+6,3%), le thé (+6,1%), le riz (+5,7%), le sucre blanc (+3,5%), les huiles alimentaires (+1%) et la semoule ordinaire (+0,3%). Par contre, le lait en poudre adultes a enregistré une légère baisse de 0,3%. S’agissant des viandes, les prix moyens à la consommation ont baissé à l’exception de celui de la viande bovine congelée qui a enregistré une hausse de 2,8%. Pour les viandes locales, les prix moyens ont diminué pour la viande ovine (-1,5%) et le poulet éviscéré (-4,2%). Quant aux œufs, leur prix moyen a nettement augmenté avec une hausse de 36,4% en décembre 2016 par rapport au même mois 2015. Mais cette tendance risque de se poursuivre en ce mois de janvier, essentiellement avec l’entrée en vigueur de la nouvelle loi de finance pour l’exercice 2017.
Disparité des prix entre les régions du pays
Comme à l’accoutumée, les chiffres du ministère du Commerce, dévoilent disparités de prix substantielles entre les régions du pays pour des produits alimentaires, qui s’expliquent essentiellement par les habitudes alimentaires d’une région pour certaines denrées, les frais de transport pour les wilayas éloignées et la spécialité agricole d’une région pour ce qui concerne les légumes et fruits ainsi que les viandes. Ainsi, le prix moyen de la pomme de terre était, en décembre 2016, de 44 DA/kg dans la région de Blida contre 57 DA à Ouargla et à Béchar (différence de l’ordre de 13 DA), alors que l’ail local coûtait 459 DA/kg sur les étals de Bechar contre 634 DA à Alger (différence de 175 DA). Idem pour les haricots verts qui valaient 126 DA/kg dans la région de Blida contre 190 DA à Oran (différence de 64 DA), tandis que la carotte se vendait à 54 DA à Sétif et à Saïda contre 78 DA à Ouargla (différence de plus de 20 DA), l’oignon était cédé à 40 DA/kg à Saïda contre 54 DA à Ouargla (différence de 14 DA). Le kilogramme de pommes locales était cédé à 156 DA à Blida contre 290 DA à Oran (différence de plus de 130 DA). Les dattes ont été cédées à 331 DA/Kg à Ouargla contre 544 DA à Sétif (une différence de 213 DA). Très prisé dans le sud du pays, le thé était vendu durant le mois de décembre dernier à 414 DA/kg à Oran contre 901 DA à Ouargla (une différence de près de 490 DA). En gros, durant l’année 2016, la hausse des prix des produits alimentaires a battu des records en Algérie.
En gros, que ce soient des produits locaux ou importés, alimentaires ou pas, le constat généralisé est que le marché échappe à tout contrôle en matière de fixation des prix, devant des pouvoirs publics absents, sinon impuissants.
Pour se justifier, le gouvernement avance le fait qu’on est dans une économie de marché et que les prix sont libres, mais il est regrettable que le ministère ne puisse être efficace dans la mise en place de mesures qui, à défaut de fixer les prix, agiraient sur leur stabilisation. Ainsi, en termes plus clairs, le ministère du Commerce semble impuissant quant à la stabilisation des prix et au contrôle. En effet, même si ce dernier a procédé à la publication de la liste de tarifs, il n’en demeure pas moins que même les prix des produits subventionnés ne sont soumis à aucune règle et connaissent des hausses vertigineuses allant même jusqu’au double.
Lamia Boufassa