Trois Palestiniens ont été martyrisés, hier matin, par les tirs des forces de l’occupation dans le village de Kafr Qoud, près de Jénine, après plusieurs heures de siège, d’affrontements armés et de bombardements aériens. Cet épisode marque une nouvelle intensification de la répression israélienne en Cisjordanie occupée, où les incursions militaires se multiplient depuis des mois.
Selon des sources locales citées par le Centre national d’information, les forces de l’occupation ont encerclé à l’aube une maison appartenant à la famille du martyr Tamer Al-Nashrati, originaire du camp de réfugiés de Jénine. Des échanges de tirs nourris et des explosions ont été entendus peu après, tandis que des bulldozers et des véhicules militaires bloquaient tous les accès du village. Des témoins ont rapporté que deux frappes aériennes ont été menées sur la zone assiégée, avant que les médias israéliens n’annoncent que « l’unité spéciale Yamam » avait exécuté deux résistants palestiniens par des tirs de snipers, puis détruit le bâtiment par un bombardement de l’armée de l’air. Ce raid s’inscrit dans une série d’opérations meurtrières menées en Cisjordanie. La veille, plusieurs Palestiniens avaient été arrêtés dans diverses régions, dont l’ancien prisonnier libéré dans le cadre de l’accord d’échange, Jamal Al-Tawil, après une violente perquisition de son domicile et des agressions contre ses fils.
Les factions palestiniennes dénoncent une « escalade criminelle »
Les mouvements de résistance palestiniens ont unanimement condamné l’assassinat des trois jeunes hommes à Jénine, qualifiant l’opération de « crime de guerre » et d’escalade délibérée visant à terroriser la population. Le mouvement de la résistance palestinienne a déclaré que « cette exécution barbare constitue un nouvel épisode de la guerre sanglante menée par l’occupation contre le peuple palestinien ». Selon le mouvement, le recours croissant aux snipers et aux frappes aériennes en Cisjordanie traduit « une volonté de soumettre les Palestiniens et de briser leur résistance, une tentative vouée à l’échec ». La résistance a appelé à « une intensification de la confrontation avec l’occupation dans tous les points de friction », exhortant à l’unité politique et de terrain pour faire face à « ce nouvel assaut colonial». Le mouvement a assuré que « la résistance poursuivra sa mission de défense du peuple palestinien par tous les moyens ». De son côté, le Jihad islamique a dénoncé un « crime prémédité» illustrant le niveau de « sauvagerie et de déshumanisation » de l’occupation. Le mouvement a souligné que l’usage de tirs de précision et de frappes aériennes dans des zones résidentielles constitue une violation flagrante du droit international humanitaire. Selon son communiqué, les forces sioniste ont empêché les ambulances d’accéder aux blessés, laissant les corps des martyrs gisant sous les décombres. « Ces actes révèlent le mépris absolu de l’occupation pour la vie humaine », a ajouté le mouvement, avant de promettre que «Wces crimes renforceront la détermination du peuple palestinien à poursuivre la résistance ». La Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) a, pour sa part, affirmé que cette opération militaire s’inscrit dans « un plan visant à transférer le modèle des crimes de Ghaza vers la Cisjordanie ». Elle a mis en garde contre une « politique délibérée de ciblage continu » et de destruction des foyers palestiniens. « Malgré les assassinats, les poursuites et les blocus, la résistance en Cisjordanie ne s’éteindra pas », a souligné le mouvement.
Un contexte d’escalade et d’impunité
Le président de la Commission de résistance au mur et à la colonisation, Mueyyad Shaaban, a révélé que l’armée de l’occupation et les colons ont commis 259 attaques contre des cueilleurs d’olives depuis le début de la saison, début octobre. Ces agressions comprennent des passages à tabac, des arrestations, des tirs à balles réelles, ainsi que des restrictions de mouvement et des confiscations de terres. Les agressions les plus violentes ont été recensées dans les régions de Ramallah (83 cas), Naplouse (69) et Hébron (34). Shaaban a précisé que 125 attaques ont visé directement les terres agricoles, dont 46 opérations de coupe, d’arrachage ou de nivellement d’oliveraies, détruisant plus de 1 070 oliviers. Selon lui, « cette saison des récoltes est la plus dangereuse depuis des décennies », en raison de l’exploitation du contexte de guerre pour renforcer la colonisation et intimider les paysans. Il a dénoncé le fait que les autorités israéliennes aient armé les milices de colons, tout en les exemptant de toute responsabilité pénale pour leurs crimes. Shaaban a appelé la communauté internationale à « dépasser le stade des condamnations verbales » et à adopter des mesures concrètes pour protéger le peuple palestinien et ses ressources, face à ce qu’il a qualifié de « terrorisme d’État protégé par une couverture politique et juridique ». Ce nouvel épisode meurtrier à Jénine illustre une fois de plus la stratégie d’écrasement menée par l’occupation : un mélange de siège, d’exécutions ciblées, de bombardements aériens et de destruction systématique du tissu social palestinien.
Dans le silence complice des grandes puissances, la Cisjordanie semble à son tour devenir un champ d’expérimentation pour les tactiques militaires éprouvées à Ghaza — avec les mêmes victimes, les mêmes ruines, et la même impunité.
M. S.
