La présidente de l’Union pour le changement et le progrès (UCP), Zoubida Assoul, estime que l’Institution militaire devrait s’impliquer pour faciliter l’établissement d’un dialogue et accompagner la période de transition qui permettra au pays de sortir de la crise politique inédite qu’il connaît depuis plus de trois mois. S’exprimant, hier, sur les ondes de la Radio nationale Chaîne III, Assoul pense, en effet, que seule l’institution militaire, de part son histoire et aux yeux du peuple, est habilitée à choisir les médiateurs et les facilitateurs pour engager un dialogue sérieux avec la classe politique et les représentants du peuple. «Il faudrait que cette personne ou groupe puissent trouver une acceptation auprès du peuple, mais aussi de la classe politique. Il faudrait aussi qu’elles (ou ils) ne soient pas mêlés à la gestion des vingt dernières années et qu’elles soient surtout patriotiques engagés à régler les problèmes du pays et non pas pour le pouvoir ou des intérêts personnels ou celui d’un groupe», a-t-elle déclaré à ce propos. L’invitée de la Radio a expliqué, par ailleurs, que le processus électoral, prévu pour se dérouler le 4 juillet prochain, ne pouvait avoir lieu, parce que, selon elle, les conditions «objectives » pour son déroulement ne sont pas réunies». Parmi ces conditions, Assoul cite l’absence de la haute instance de surveillance des élections depuis la mise de fin de fonctions de tous ses membres, ainsi que le fichier électoral n’ayant pas été contrôlé par cette instance. Notant que les Algériens ont rejeté un processus que les magistrats, eux-mêmes, ont refusé de cautionner, la présidente de l’UCP a estimé que ces élections «ne sont pas une fin en soit» et qu’elles ne peuvent donc être à même de régler «une crise politique inédite et aussi grave ». On ne peut régler cette crise, reprend-elle, tant que le chef d’état-major, qui «a sans cesse répété qu’il respecterait les articles de la Constitution», stipulant que le peuple est souverain, «continue de camper sur ses positions d’organiser des élections le 4 juillet prochain.»
En prenant possession de la rue, a-t-elle poursuivi, le peuple a exprimé son désir de provoquer une rupture avec le système, d’où la nécessité, a-t-elle souligné, de trouver une solution politique au problème. Pour Assoul, il existe un consensus consistant à considérer que le pays traverse une crise demandant à être réglée politiquement par un dialogue sérieux qui, a-t-elle prévenu, s’il est sans cesse retardé, va s’accélérer et se complexifier. à la question de savoir s’il s’agit de sauver l’Algérie ou bien les élections, l’intervenante pense que pour parvenir à une rupture réelle, il faudra détricoter ce système et le remplacer par un état de droit qui ne soit pas un simple slogan. Concernant la période de transition, la présidente de l’UCP a proposé, d’autre part, qu’elle soit précédée par des Assises nationales, lors desquelles les représentants du peuple exprimeront leurs avis sur la feuille de route de cette dernière, pour régler la crise définitivement. « Il faudra, surtout, se mettre d’accord sur les objectifs de la transition ; soit le changement du président ou le changement radical du système de fonctionnement », a-t-elle conclu.
Ania Nait Chalal