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CRISE AU SOUDAN : Le conflit risque de faire tâche d’huile

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Au Soudan, l’évacuation des ressortissants étrangers de Khartoum avec des garanties de sécurité des deux parties, se poursuivait hier, alors que les combats se déroulaient, en dépit des trêves annoncées, dans la capitale entre l’armée et les Forces de soutien rapide (FSR), sans que les affrontements atteignent encore les autres régions du pays.

L’évacuation des étrangers est perçue par les observateurs comme le signe de l’entrée du Soudan dans une action militaire à grande échelle avec le risque avéré d’une aggravation de la crise humanitaire dans ce pays. Les spécialistes eux-mêmes reconnaissent qu’il est très difficile de connaître les détails de l’évolution de la situation sur le terrain. Chacune des deux parties prétend gagner en progression et contrôler la capitale. Depuis leur déclenchement le 15 avril, les combats ont fait des centaines de morts et des milliers de blessés. Les citoyens ont du mal à se rendre dans les hôpitaux de la capitale à cause des affrontements. Un tiers des établissements de santé sont « hors service », à la suite des affrontements, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Hier, le Soudan a eu une panne presque complète d’Internet, sur fond d’avertissements de vagues de réfugiés et d’un manque d’eau et de nourriture pour les civils assiégés. La Croix-Rouge internationale a mis en garde contre le manque d’eau et de nourriture parmi les civils soudanais bloqués dans leurs maisons à la suite des affrontements. Le Croissant-Rouge soudanais a déclaré que ses magasins ont été cambriolés par des hommes armés non identifiés. Le Secrétaire général de l’ONU s’est dit profondément préoccupé par le lourd tribut payé par les civils, par la situation humanitaire épouvantable et par le risque d’une nouvelle escalade des affrontements.  Il a noté que les combats rendent les opérations humanitaires « pratiquement impossibles ». Des entrepôts, des véhicules et d’autres biens humanitaires ont été attaqués, pillés et saisis. Il a rappelé aux belligérants leurs obligations en vertu du droit international d’assurer la sûreté et la sécurité des travailleurs humanitaires. Le Secrétaire général s’est dit aussi « extrêmement préoccupé par la situation du personnel des Nations unies, dont beaucoup sont bloqués chez eux dans des zones de conflit actif ». « Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour pouvoir les aider », a-t-il souligné. À la suite des affrontements au Soudan, des milliers de réfugiés soudanais sont arrivés au Tchad. Les agences des Nations unies ont fait état d’une estimation de 10.000 à 20.000 nouveaux réfugiés, qui sont arrivés à l’est du Tchad en quelques jours. Les pressions extérieures ne manquent évidemment pas pour faire cesser les affrontements armés. Hier, dimanche, le chef de la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borrell, a discuté des derniers développements au Soudan avec le ministre saoudien des Affaires étrangères, Faisal bin Farhan. Ils ont convenu de continuer à faire pression collectivement pour un cessez-le-feu immédiat, selon le tweet de Borrell sur son compte Twitter, cité par El Mayadeen. L’objectif est de mettre fin à la crise au Soudan, créée par le conflit entre le président du Conseil de souveraineté, le général de corps d’armée Abdel Fattah Al-Burhan, qui commande l’armée, et son adjoint, le général de corps d’armée Muhammad Hamdan Dagalo (Hemedti), qui commande les FSR. Pour certains observateurs, l’enjeu du conflit tourne autour du contrôle du pouvoir et des ressources naturelles, pour que les richesses du Soudan ne servent pas son peuple. Ils estiment que cela est coordonné par les Américains et les Européens dans le but de gérer les ressources du pays et de contrôler la situation, en particulier en mer Rouge. Les experts soudanais mettent en cause l’existence de deux armées dans le pays, ce qui empêche les forces politiques de trouver une solution à la crise qui dure depuis plusieurs années. Ils évoquent également le rôle des services étrangers qui profitent de la faiblesse des forces politiques dans le pays et exercent une pression externe déterminante dans l’évolution de la situation au Soudan. Le risque est que les affrontements militaires limités conduisent à une guerre civile.
M’hamed Rebah

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