La crise entre l’Algérie et le Mali qui dure depuis plus de vingt mois maintenant n’a pas échappé aux regards de la Russie qui semble suivre au plus près, et même de près, son développement. C’est ce que nous nous sommes censés comprendre à partir des déclarations faites tout récemment par le chef de la diplomatie russe sur cette question. Au-delà d’évoquer son rapport aux deux pays africains et les relations qu’elle entretient avec eux, Moscou propose sa médiation en vue d’un règlement de cette crise.
Il faut rappeler que la première étincelle derrière le déclenchement de la crise entre l’Algérie et son voisin du sud remontre au 20 décembre 2023. Le jour où la junte malienne au pouvoir a décidé de convoquer l’ambassadeur d’Algérie pour protester contre la réception accordée par les autorités algériennes à l’imam et leader politico-religieux malien Mahmoud Dicko. Bamako avait accusé Alger à tort d’ingérence dans ses affaires internes. Depuis, les putschistes multipliaient et cumulaient les provocations à l’égard d’Alger jusqu’à décider, le 25 janvier 2024, de dénoncer les Accords d’Alger. L’affaire du drone abattu en avril 2025 par l’Armée nationale populaire, après que l’engin volant ait violé notre espace aérien, n’a fait d’envenimer les relations. Face aux multiples actes hostiles de Bamako et de ses dirigeants frappés d’une crise d’hystérie, Alger a employé, sans résultat, toutes les voies et tous les canaux diplomatiques en sa disposition, à l’effet de tempérer les ardeurs du voisin et dans l’espoir de régler cette crise.
Faut-il, dès lors, le concours d’un intermédiaire pour y arriver ? En tout cas, les Russes semblent en mesure de jouer le rôle de facilitateur pour un probable dégel entre Alger et Bamako. En conférence de presse ce lundi à Moscou, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a d’abord répondu aux « accusations » visant le groupe « Africa Corps » et ses interventions sur le terrain au Mali. « Le Corps africain est une unité du ministère russe de la Défense. Nos forces armées ne commettent aucune action contre des civils ou des biens civils », a déclaré Lavrov à ce sujet, soulignant qu’il s’agit d’ « accusations sans fondements », surtout que ce Corps « opère, par exemple, au Mali, à la demande des autorités (maliennes, ndlr)». À propos des tensions entre l’Algérie et le Mali, Lavrov a estimé qu’elles « sont liées au passé colonial lorsque les colonisateurs se sont contentés de diviser l’Afrique selon une ligne, séparant les groupes ethniques ». Il illustre ses propos en affirmant que dans le cas de ces deux pays, « c’est ce qui s’est passé avec les Touaregs ». Ensuite, Lavrov a révélé que la Russie est en contact avec les deux parties, ajoutant que les deux pays « ont intérêt à ce que nous contribuions à aplanir les différends » soulignant que « nous y sommes prêts ».
Sauf que, il faut préciser que le problème entre l’Algérie et le Mali n’est pas lié aux frontières. Loin s’en faut ! Comme nous l’avions souligné en haut de cet article, la junte malienne cherche en le voisin algérien un bouc émissaire pour se soustraire à ses responsabilités dans la crise multidimensionnelle interne au Mali.
Farid Guellil
