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Crimée : Poutine ignore la mise en garde d’Obama

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Vladimir Poutine a ignoré, vendredi, les mises en garde de Barack Obama sur l’intervention militaire russe en Crimée, assurant que Moscou ne peut rester sourde aux appels à l’aide des russophones et réagit en conséquence, dans le respect du droit international. Une semaine après l’autorisation du Parlement russe à envoyer des troupes en Ukraine et la prise de contrôle effective de la Crimée par l’armée russe, 30.000 soldats russes se trouvent désormais dans la péninsule sur la mer Noire, selon les nouvelles autorités ukrainiennes. Ce chiffre, ont précisé les gardes frontières, est une estimation et comprend à la fois les éléments envoyés depuis le week-end dernier et les 11.000 hommes qui étaient déjà stationnés dans la péninsule, qui abrite la base d’attache de la Flotte russe de la mer Noire. Alors que les tensions entre les Etats-Unis et la Russie n’avaient plus atteint un tel paroxysme depuis la fin de la Guerre froide, Barack Obama et Vladimir Poutine se sont entretenus pendant une heure au téléphone. Le président américain a appelé la Russie à faire rentrer ses troupes dans leurs baraquements en Crimée, à permettre le déploiement d’observateurs internationaux afin de garantir le respect des droits des Ukrainiens russophones – pour le second jour d’affilée, des observateurs militaires de l’OSCE n’ont pu entrer vendredi en Crimée – et à accepter des discussions directes avec les nouvelles autorités ukrainiennes. Mais, réaffirmant son point de vue selon lequel les nouvelles autorités ukrainiennes se sont hissées au pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat, Poutine a jugé que Kiev avait imposé des « décisions absolument illégitimes aux régions de l’Est, du Sud-Est et de Crimée », majoritairement russophones. « La Russie ne peut pas ignorer les appels à l’aide dans cette affaire et elle agit en conséquence, dans le respect absolu du droit international », a-t-il ajouté.

GAZPROM POURRAIT COUPER LE GAZ
Pour autant, les deux hommes ont convenu que leurs chefs de la diplomatie, Sergueï Lavrov et John Kerry, devaient poursuivre leurs « contacts intensifs». Mais le fossé semble béant. Le Parlement russe, où a été reçue une délégation du parlement régional de Crimée, a apporté son soutien au référendum sur un rattachement de la péninsule à la Russie, une «décision historique et souveraine», a dit la présidente du Conseil de la Fédération, la chambre haute, Valentina Matvienko. Le gouvernement russe a, par ailleurs, accusé l’Union européenne d’avoir adopté une «position extrêmement contre-productive» en suspendant les discussions sur un assouplissement des règles sur les visas et sur un accord global censé régir les relations entre Moscou et l’UE et reproché à l’Otan «une approche biaisée et préconçue» sur l’Ukraine. «La Russie n’acceptera pas un discours de sanctions et de menaces» et ripostera si des sanctions lui sont imposées, a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères.
La riposte pourrait être gazière. Le groupe Gazprom a affirmé, vendredi, que l’Ukraine n’avait pas honoré sa facture pour les livraisons de gaz de février (vendredi était la date-butoir) et laissé entendre qu’il pourrait suspendre ses fournitures. Sur la place de l’Indépendance à Kiev, haut-lieu des manifestations en faveur de l’Europe qui ont perduré pendant trois mois jusqu’à la destitution du président Viktor Ianoukovitch, le 22 février, certains se disaient prêts à partir en guerre contre la Russie, malgré l’évident déséquilibre des forces. «Je ne pense pas qu’on laissera les Russes nous prendre la Crimée: nous avons le soutien du monde entier. Mais nous perdons du temps. Tandis que nous parlons, les Russes, eux, se préparent», estime l’un d’eux, Alexander Zaporojets, 40 ans. Ce que l’ex-opposante Ioulia Timochenko, libérée le jour de la chute de Ianoukovitch et qui a accordé une interview à Reuters, résume ainsi: «à ce jour, les instruments qui ont déjà été mis en œuvre par les Etats-Unis et l’Union européenne n’ont produit aucun effet tangible. S’ils ne produisent pas de résultats, il n’y aura qu’une alternative: soit opter pour des sanctions plus fortes – et j’ai proposé un ensemble de mesures économiques non violentes -, soit céder la Crimée à Poutine.»
à Paris, un autre ex-opposant, Vitali Klitschko, chef de file libéral de la contestation de l’hiver, et l’ancien ministre des Affaires étrangères Petro Porochenko ont été reçus par François Hollande. Le président français a rappelé l’importance de préserver «l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Ukraine», qui «ne peuvent pas se négocier». Il s’est prononcé contre l’organisation d’un référendum sur le statut de la Crimée dans l’accord de Kiev.
«Il ne peut pas y avoir de consultations sans que l’Ukraine elle-même ait décidé de l’organiser», a-t-il dit. François Hollande a dit le souhait de la communauté internationale de «laisser toujours ouverte la voie du dialogue de manière à ce que la Russie puisse saisir,autant qu’il sera décidé à le faire, je parle ici du président Poutine, la perche qui peut lui être tendue».

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