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Création de la Maison de l’entrepreneuriat à Aïn Témouchent : les raisons de l’échec

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L’on se rappelle tous qu’en 2013 parler de la maison de l’entrepreneuriat était quelque chose de grandiose d’autant plus que c’est le centre universitaire Belhadj Bouchaib, d’Aïn Témouchent, qui a fait de cette création sa carte de visite, une idée qu’il fallait, coûte que coûte, faire aboutir et concrétiser absolument. La radio locale avait, à l’époque, réuni les principaux représentants des secteurs concernés qui devaient constituer son cheval de bataille notamment l’ex-directeur du centre universitaire, les directeurs de l’ANSEJ, de l’industrie, la petite et moyenne entreprise et la promotion de l’investissement, de la CNAC, de l’agence nationale chargée du développement de l’investissement et autres. C’est le décret exécutif de juin 2012 qui constitue la base de référence de la création desdites maisons de l’entrepreneuriat des jeunes issus de l’université et de la formation et l’enseignement professionnels. Ceux qui devaient adosser la création de la maison de l’entrepreneuriat et tout particulièrement le dispositif ANSEJ, ainsi que les secteurs cités plus haut n’avaient pas la même vision que l’ex-directeur du centre universitaire.

Un constat amer reflète l’incompétence du staff de mise en œuvre du projet
Ils se réunissaient, échangeaient des points de vue, mais rien de plus par la suite. Ils étaient tous concernés, mais personne ne se sentait directement responsable de la réussite ou de l’échec de la création de ladite maison. Ainsi la responsabilité se dilue et se dissipe, d’une partie à une autre, à tel point que tous ont un droit de regard et personne n’est responsable. Un constat amer qui cache beaucoup de choses et surtout le peu d’intérêt accordé par ceux mandatés à accompagner et orienter les futurs porteurs de projets économiques dans la wilaya d’Aïn-Témouchent. Et ce qui a ligoté les mains de tout ce monde est le fait que le nouveau-né est venu quelque peu handicapé du fait que le directeur du centre universitaire, assurant la présidence, n’a pas mis à la disposition de la maison de l’entrepreneuriat une structure, à l’instar des autres universités du pays. Selon le directeur de l’antenne ANSEJ d’Aïn-Témouchent, a ce jour, l’université n’a pas mis à la disposition des jeunes entrepreneurs et des porteurs de projets une structure. Actuellement les pourparlers sont en cours avec le nouveau directeur, une lueur d’espoir existe et on attend. Et pourtant un bureau de poste occupe une place importante dans le hall central du centre universitaire. Est-ce une corvée de plus pour le staff devant gérer la maison de l’entrepreneuriat ? Est-ce pour cette raison que les membres de ce dernier affichaient une quelconque réticence ? Est-ce la peur d’échouer dans leurs missions respectives à l’endroit des jeunes entrepreneurs qui constitue la cause principale ? Ou bien le directeur du centre universitaire s’est senti seul et n’a pas trouvé à ses côtés aide et engouement pour lancer le projet ?

Un mouvement des étudiants derrière l’éviction du directeur ?
Ces questions invitent d’autres observateurs qui s’autorisent à en poser d’autres et suscitent davantage de préoccupations et d’inquiétudes à la fois car le grand perdant, à la fin, ce n’est pas le staff gestionnaire du projet mais les jeunes entrepreneurs et le développement local. Cependant, il est à rappeler, et l’on doit insister sur çà, que le centre universitaire Belhadj-Bouchaib, d’Aïn-Témouchent, a traversé une période difficile durant les années 2013 et 2014. Un mouvement des étudiants s’est élevé contre la gestion des affaires courantes de la cité, aussi bien pour les questions liées aux œuvres universitaires ou à celles relatives aux volets pédagogiques ainsi que les difficultés éprouvées par les étudiants dans le domaine de l’hébergement, la restauration, la sécurité des biens et des étudiants et le transport. Les choses ne se sont pas dirigées vers l’apaisement et se sont corsées davantage jusqu’ à la démission de l’ex-directeur, ou son éviction ( ?) par sa tutelle. Pour la première fois dans les annales, les 04 syndicats des étudiants se sont mis d’accord pour détrôner l’ex-directeur du centre universitaire Belhadj-Bouchaib, d’Aïn-Témouchent. Ces unions estudiantines échangeaient des rôles tout le long de la période qui a précédé le départ précipité du directeur. Ce dernier, lors d’une session plénière de l’APW en 2013, avait présenté une situation précaire de l’état d’avancement des travaux des projets (blocs pédagogiques, restaurant central, blocs d’hébergement 2000 lits). Il n’a pas mâché ses mots pour désigner directement les parties à l’origine des retards dans la livraison des projets. Et par la suite, comme on s’attendait, il y a eu résiliation des marchés détenus par une entreprise publique à l’origine des problèmes vécus que l’ex-directeur avait cités.

Les porteurs de projets et les jeunes entrepreneurs laissés à leur propre compte
Il est à rappeler que la première fonction de la maison de l’entrepreneuriat est la sensibilisation à l’entrepreneuriat. Elle a pour but d’activer l’intention entrepreneuriale des étudiants à travers des programmes de sensibilisation et de diffusion de la culture entrepreneuriale. La deuxième fonction de la maison de l’entrepreneuriat réside dans le pré-accompagnement des étudiants et des chercheurs porteurs de projets. Cette fonction permet de préparer les étudiants à franchir le pas vers la création de leur propre micro-entreprise, à travers le dispositif de l’ANSEJ. Mais en l’absence d’un comité de pilotage de la maison de l’entrepreneuriat, un staff composé d’un directeur universitaire et deux animateurs, dont un enseignant universitaire et un accompagnateur de l’ANSEJ. Ce comité de pilotage réduit devait mettre au point un programme annuel, chose qui n’a pas été faite du faite que le directeur universitaire tardait à être désigné, à la tête de la maison de l’entrepreneuriat, et les propositions faites aux candidats n’ont pas donné satisfaction ou ont reçu des réponses négatives par ces derniers pour moult raisons. Pour masquer les réticences, voire les incompétences, quelques actions timides et peu encourageantes ont été organisées durant les trois années, au niveau du centre universitaires par le secteur de la petite et moyenne entreprise, non pas dans le cadre de la maison de l’entrepreneuriat mais au titre de la célébration de journées nationales et mondiales. C’est généralement les petits métiers qui sont invités à exposer leurs produits.

Les jeunes universitaires déçus par l’absence de cadre organisationnel de l’entrepreneuriat
Les responsables dûment désignés pour parler et expliquer le rôle et les missions de l’entreprise et l’entrepreneuriat ont brillé par leur absence. C’est le directeur de l’industrie et de la petite et moyenne entreprise qui remplissait le vide et essayait de combler les lacunes laissées par lesdits responsables. Au centre universitaire, les jeunes promoteurs et futurs porteurs de projets ne savaient pas à quelle porte frapper pour s’informer ou s’inscrire dans un programme de formation dans le domaine managérial, entrepreneurial, organisationnel…Ils étaient nombreux à vouloir adhérer à la nouvelle dynamique entrepreneuriale animée soi-disant par des universitaires de métier et des représentants de l’ANSEJ. Ceux qui se sont rendus au centre universitaire Belhadj-Bouchaib étaient perdus. Certains éprouvaient de la peine pour accéder car ils n’avaient pas de papiers et étaient consternés et désappointés. A l’intérieur il n’y avait pas qui pourrait orienter les candidats à la formation entrepreneuriale et qui devait les recevoir pour les inscrire dans l’un des secteurs de la formation demandée par les jeunes porteurs de projet. Les créneaux de formation recherchés par les candidats sont le droit des affaires, la fiscalité, les assurances, la gestion de l’entreprise, l’export-import, les finances, le droit en douane, le fonds de garantie, le management, l’entrepreneuriat…. Tous ces domaines de formation nécessitaient des compétences avérées que le centre universitaire et l’ANSEJ -pour ne citer que le staff décisionnel- devaient absolument recruter selon un calendrier bien défini. Certains ont laissé dire que cela ne s’est pas concrétisé parce que les jeunes porteurs de projets n’ont pas manifestés leur engouement pour se faire inscrire ( ?). Quand la rétention de l’information prend la place des bonnes intentions, on ne s’étonne pas de voir de tels agissements et d’entendre de tels propos destinés à masquer les faiblesses des uns et des autres.

Le partenariat, l’autre besoin impérieux qui faisait défaut
L’organisation de la maison de l’entrepreneuriat s’appuie fondamentalement sur le partenariat que le comité de pilotage devait asseoir dans un cadre de concertation variée et multi sectorielle. Le partenariat dans son ensemble devait jeter les passerelles, les bonnes entre les maisons de l’entrepreneuriat et d’autres organismes d’aide aux projets innovants (parcs technologiques, incubateurs, cellules de valorisation des résultats de la recherche et du développement technologique). Il vise, entre autres, la création d’un maillage territorial favorisant et accompagnant une dynamique de développement local. Et ce que recherchaient et espéraient les pouvoirs publics, les porteurs de projets, les dispositifs d’insertion et d’aide aux jeunes à vouloir monter leur projet de rêve. Le tissu industriel et économique ainsi que le parc des entreprises du BTPH, des services et d’autres domaines (tourisme, pêche, agriculture, santé, environnement…) sont quasiment obsolètes dans la wilaya d’Aïn-Témouchent. Pour preuve, les entreprises qui travaillent dans la wilaya sont domiciliées ailleurs et viennent des wilayas limitrophes et d’autres régions du pays. Cette problématique a faussé toutes les données et contribué aux réticences et au peu d’engouement pour l’entrepreneuriat. Cependant, avec l’avènement du nouveau contexte politique qui mise sur la contribution d’un nouvel arsenal de textes législatifs, notamment après l’érosion des prix du pétrole depuis décembre 2015, un arsenal juridique qui vise à assouplir les lois en vigueur relatives à l’octroi du foncier industriel, touristique que ce soit au niveau des zones d’expansion et sites touristiques ou à l’échelle des zones industrielles et d’activité qui ont été réhabilitées, on constate que les choses vont prendre un cadre organisationnel allant dans le sens de l’entrepreneuriat. Cela devient une nécessité absolue pour l’émergence d’un pôle entrepreneurial en mesure de s’imposer et fixer les priorités à même de contribuer au développement local ; selon une vision globale managériale. A titre de rappel, une enveloppe de plus de 800 millions de dinars a été affectée à la réhabilitation des zones d’activité dans la wilaya d’Aïn-Témouchent. Plusieurs de ces zones sont encore non occupées pour moult raisons. Les observateurs du domaine avaient raison quand ils ont fait la remarque aux responsables concernés, une observation qui stipule l’inscription de réhabilitations de zones que pour celles qui disposent une activité réelle pour l’heure. Sinon à quoi sert de viabiliser des zones d’activités qui sont vides, comme celle de la ville d’El-Malah. Voilà ce qu’on appelle de l’argent non utilisé à bon escient. Aussi, dans ce contexte précis, il est utile et opportun d’étendre l’octroi de terrains au niveau des zones d’activités à des promoteurs venant des autres wilayas que de les laisser inoccupés. La réflexion doit porter sur cet aspect plus précisément.
Boualem Belhadri

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