L’Inde a autorisé deux vaccins contre le Covid-19, qui continue de faire des ravages aux États-Unis et force de nombreux pays – de Bangkok à Athènes – à durcir leurs restrictions.
L’Inde a autorisé l’utilisation, «pour des situations d’urgence», du vaccin développé par AstraZeneca et l’Université d’Oxford et de celui de la firme indienne Bharat Biotech, a annoncé dimanche l’autorité locale de régulation du médicament. Ce feu vert doit permettre de lancer une vaste campagne de vaccination dans ce pays de 1,3 milliard d’habitants, le deuxième le plus touché par la pandémie avec plus de 10,3 millions de personnes infectées et près de 150 000 morts. L’Inde veut vacciner jusqu’à 300 millions de personnes d’ici la mi-2021. De son côté, l’Égypte, pays le plus peuplé du monde arabe avec quelque 100 millions d’habitants, a annoncé avoir autorisé le vaccin développé par le laboratoire chinois Sinopharm. Si l’arrivée des vaccins donne l’espoir d’une embellie en ce début d’année, il faudra encore que les cadences de production des précieuses doses suivent. À Bruxelles, l’UE a reconnu samedi une «insuffisance mondiale» des capacités de production de vaccins, se disant «prête à aider» pour les augmenter. En attendant, la priorité reste d’éviter la contagion. Après un certain assouplissement pour les fêtes de fin d’année, la France et la Grèce ont resserré la vis, Bangkok met sous l’éteignoir sa célèbre vie nocturne et Tokyo réclame l’état d’urgence. Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a averti dimanche que des restrictions encore plus sévères pourraient être décidées en Angleterre, évoquant une fermeture des écoles. Il a incriminé «l’impact du nouveau variant du virus», plus contagieux. A Gibraltar, un nouveau confinement de deux semaines est imposé depuis samedi, en raison d’un doublement des cas en un mois pour lequel ce nouveau variant est soupçonné. Le gouvernement du Zimbabwe a, lui aussi, ordonné samedi soir un nouveau confinement national. Quant à l’Italie, elle a renoncé à ouvrir, comme prévu dès la semaine prochaine ses stations de ski. «Les conditions ne sont pas réunies», ont reconnu les autorités. Pour six millions d’habitants de l’Est de la France, le couvre-feu en vigueur a été avancé de 20H00 à 18H00 depuis samedi. Globalement respecté, ce couvre-feu a été défié dans une petite commune de Bretagne (ouest de la France), où une rave party sauvage a réuni 2 500 «teufeurs» français et étrangers. Les forces de l’ordre y ont mis fin samedi matin et verbalisé les fêtards. Deux personnes ont été placées en garde à vue. Les autorités ont invité les participants à s’isoler et à se faire dépister. La Grèce, elle, prolonge jusqu’au 10 janvier son confinement strict : déplacements non essentiels interdits, commerces fermés sauf magasins d’alimentation et pharmacies.
«Catastrophique» au Liban
Au Liban, les fêtes de fin d’année ont provoqué une forte hausse des contaminations et une quasi saturation des hôpitaux. «Les patients font la queue aux urgences en attendant un lit», déplore le président du syndicat des hôpitaux privés, Sleiman Haroun. Face à cette situation jugée «catastrophique», le Comité national de lutte contre le Covid-19 a recommandé un nouveau confinement pour trois semaines. En Asie aussi, l’épidémie inquiète : la gouverneure de Tokyo Yuriko Koike a demandé samedi au gouvernement de déclarer à nouveau l’état d’urgence, alors que la capitale a battu cette semaine son record de contaminations. Elle demande que les restaurants, les bars et les karaoké ferment à 20H00, et que l’alcool ne soit pas servi après 19H00. Des mesures déjà appliquées à Bangkok, où bars et discothèques, salons de massage et de beauté sont désormais fermés, pour stopper une flambée de cas déclenchée en décembre sur un marché de fruits de mer. Pas de répit non plus aux États-Unis, pays le plus endeuillé du monde avec près de 350 000 morts. La première puissance mondiale a passé vendredi le seuil des 20 millions de cas. Un nouveau record quotidien de contaminations (277 346) a été atteint samedi, selon l’Université Johns Hopkins.
Vaccinations en retard
Les espoirs nourris par l’arrivée des vaccins ont été refroidis par la lenteur de la campagne de vaccination américaine, plombée par des difficultés logistiques et des hôpitaux débordés. Seuls 4,2 millions d’Américains avaient reçu samedi la première dose de leur vaccin contre le Covid-19, loin de l’objectif affiché par l’administration Trump (20 millions de personnes vaccinées d’ici la fin de 2020). Les campagnes de vaccination font aussi l’objet de critiques en Europe, notamment en France. Le Pr Mehdi Mejdoubi, du centre hospitalier de Valenciennes (nord), ne comprend pas «pourquoi il y a un tel écart avec l’Allemagne: l’Allemagne vaccine 20 000 personnes par jour, nous sommes à 50 personnes vaccinées par jour». Le nouveau président suisse, Guy Parmelin, a lui fait son mea culpa : «Entre juillet et septembre, nous avons sous-estimé la situation», déclare-t-il dans le quotidien du dimanche SonntagsBlick. La pandémie a fait au moins 1 835 824 morts dans le monde pour plus de 84 508 990 cas d’infection, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles dimanche à 11H00 GMT.