Le futur président est revenu pour le « New York Times » sur plusieurs de ses promesses. Il y a des précisions, mais aussi des reniements. Le président élu américain, Donald Trump, s’est confié au quotidien New York Times. Il est revenu sur ses positions sur l’accord de Paris, rêve d’« être celui qui fera la paix entre Israël et les Palestiniens », et défend le choix de la nomination de son conseiller Bannon. Tour d’horizon.
La COP21 sauvée ?
Après avoir promis tout au long de sa campagne électorale d’en retirer les États-Unis, Donald Trump s’est dit « ouvert » mardi au sujet de l’accord de Paris sur le changement climatique. « Je regarde ça de très près. Je reste ouvert sur cette question », a-t-il dit. « Je pense qu’il y a un lien [entre les humains et le changement climatique], il y a quelque chose, mais tout dépend combien », a aussi reconnu Donald Trump, notoirement climato-sceptique, selon les tweets d’un reporter du quotidien de référence.
Le milliardaire républicain a précisé qu’il fallait voir à propos de l’accord de Paris « combien cela va coûter à nos entreprises », et quels effets il pourrait avoir sur la compétitivité américaine. Le futur président américain a qualifié par le passé de « canular » le dérèglement climatique et menacé d’« annuler » l’accord conclu lors de la COP21 adopté à Paris fin 2015 par 195 pays. Cet accord de Paris vise à contenir le réchauffement sous le seuil de 2 °C par rapport au niveau pré-industriel. Les États-Unis, deuxième plus gros émetteur de gaz à effet de serre de la planète après la Chine, ont ratifié cet accord début septembre, sous l’impulsion notamment du président Barack Obama.
Clinton ne sera pas poursuivie
Il veut aller de l’avant et laisse entendre qu’il ne poursuivrait pas son ancienne rivale à la présidentielle Hillary Clinton, que ce soit sur ses e-mails ou sa fondation. « J’aurais plutôt tendance, quel que soit le pouvoir que j’ai en la matière, à dire allons de l’avant. Ce sujet a été examiné depuis trop longtemps, jusqu’à la nausée », a affirmé le milliardaire, selon le tweet d’une journaliste du quotidien. Donald Trump a ajouté lors de sa rencontre avec la rédaction du NYT que les gens pourraient considérer que la fondation Clinton a fait « du bon travail ». Poursuivre les Clinton « diviserait énormément le pays », a ajouté Donald Trump.
Pas de retour de la torture
La torture, interdite sous l’administration de Barack Obama, « ne va pas faire tellement la différence, contrairement à ce que beaucoup de gens croient », a déclaré Donald Trump. Le milliardaire explique avoir changé d’avis à propos de la torture durant des interrogatoires, y compris la simulation de noyade, après avoir parlé avec le général à la retraite James Mattis, qu’il envisage « très sérieusement » de nommer à la tête du Pentagone. «Mattis m’a dit je n’ai jamais trouvé ça utile », a rapporté Trump, et l’ancien marine pressenti à la Défense accorde davantage de valeur à la mise en confiance et à la récompense de la coopération avec les suspects.
Le futur président a rapporté avoir été « très impressionné par la réponse » du général de 66 ans quand il lui a dit « donnez-moi un paquet de cigarettes et deux bières, et je ferai mieux que ça ». Le général James Mattis, connu pour son franc-parler et sa défiance vis-à-vis de l’Iran, est très apprécié à Washington. Sa nomination par le Sénat ne devrait pas poser de problème. « Je pense qu’il est temps que ce soit un général », a affirmé mardi Donald Trump. S’il était nommé à la tête du Pentagone, James Mattis serait le second général à diriger la défense américaine depuis le général George Marshall en 1950.
Le rêve de la paix au Proche-Orient
Le président élu américain a affirmé, mardi, qu’il aimerait « être celui qui fera la paix entre Israël et les Palestiniens ». « Ce serait une superbe réussite », a ajouté Donald Trump, dont la proposition de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël, contrairement à la tradition américaine, avait provoqué la colère des Palestiniens. Le milliardaire républicain a ajouté que son gendre Jared Kushner, le mari de sa fille Ivanka, pourrait jouer un rôle dans d’éventuels pourparlers de paix. Kushner, homme d’affaires et investisseur, a été un proche conseiller du magnat de l’immobilier durant la campagne électorale.
Après l’élection de son beau-père, il a demandé à avoir accès aux briefings de sécurité quotidiens de la Maison-Blanche, et il était présent lors de la rencontre de Trump avec le Premier ministre japonais Shinzo Abe le 17 novembre, son premier entretien avec un dirigeant étranger.
La droite israélienne s’était montrée particulièrement satisfaite de la victoire de Donald Trump à l’élection du 8 novembre, y voyant l’annonce d’une reprise ou d’une accélération de la colonisation des Territoires palestiniens occupés par Israël, et même la fin de l’idée d’un État palestinien indépendant. L’équipe de Trump avait cependant appelé la droite israélienne à ne pas s’emballer, les collaborateurs du président élu demandant davantage de mesure, avait rapporté le ministre de la Défense Avigdor Lieberman.
L’actuel secrétaire d’État américain, John Kerry, a multiplié durant des mois les efforts pour faire avancer les pourparlers de paix entre Israéliens et Palestiniens, mais sans succès. Les discussions directes entre les deux parties sont au point mort depuis deux ans et demi.
Bannon n’est pas d’extrême droite pour Trump
Donald Trump a défendu son proche conseiller Steve Bannon, assurant que s’il estimait « qu’il était raciste » ou d’extrême droite, « [il] ne penserai[t] même pas à l’embaucher ». Le milliardaire s’est également démarqué d’un groupuscule d’extrême droite qui a fêté sa victoire électorale, samedi à Washington lors d’une conférence marquée par des saluts nazis. «Je les désavoue et je les condamne », a-t-il dit au New York Times, selon la correspondante du journal à la Maison-Blanche, Julie Davis.
L’homme d’affaires rencontrait à New York des journalistes, éditorialistes et des responsables de ce quotidien de référence, certains rapportant en direct ses propos sur Twitter. Il a été interrogé à propos de Steve Bannon, figure controversée pour ses liens avec l’extrême droite, qui a mené la fin de sa campagne et l’accompagnera comme haut conseiller à son arrivée à la Maison-Blanche le 20 janvier.
Âgé de 62 ans, il était jusqu’à récemment encore le patron de Breitbart, un site d’information servant de caisse de résonance à une nébuleuse d’extrême droite apparue récemment aux États-Unis et baptisée «alt-right ». Il avait lui-même défini le site comme « une plateforme pour l’alt-right », dans un entretien au site Mother Jones. « Si je pensais qu’il était raciste, ou de l’alt-right […], je ne penserais même pas à l’embaucher », a-t-il dit, selon une journaliste politique du New York Times, Maggie Haberman.
Les appels se sont multipliés dans la matinée pour que Donald Trump dénonce ce groupuscule d’extrême droite, qui a dit sentir «une profonde connexion » avec le milliardaire, tout en soulignant que l’homme d’affaires ne faisait pas partie de sa mouvance. « Je ne veux pas galvaniser ce groupe, et je désavoue ce groupe», a-t-il également dit lors de la rencontre avec le New York Times, selon un autre de ses journalistes, Mike Grynbaum.
« Ce n’est pas un groupe que je veux galvaniser, et s’ils sont galvanisés, je veux analyser ça et comprendre pourquoi », a dit Trump, toujours selon Grynbaum.