Une vingtaine d’enseignants contractuels ont été empêchés, hier, de se rassembler devant la direction de l’éducation d’Alger qui est située à El Harrach. Les contestataires se sont indignés de la forte mobilisation des forces de l’ordre pourtant le sit-in était « pacifique ». Prévu à 10h de la matinée, le rassemblement des enseignants contractuels a été très vite arrêté et n’a finalement duré que quelques minutes. Présents très tôt devant la direction de l’éducation, des policiers au nombre dépassant en tout cas les contestataires ont, en effet, procédé à l’embarquement de tous les enseignants grévistes qui refusaient de quitter les lieux. Lors de notre tournée effectuée sur place, nous avons été informés qu’environ sept personnes ont été emmenées vers les postes de police pour avoir organisé ce rassemblement. Les forces de l’ordre ont fini quelques temps après par embarquer tout le monde y compris des enseignantes venues de différents établissements de la capitale. Approchés juste avant d’être dispersés, les initiateurs du rassemblement se sont indignés de la répression de la police. « Nous ne comprenons pas pourquoi nous sommes empêchés de nous rassembler. Pourtant on le fait pacifiquement », s’est interrogée une enseignante. Même son de cloche chez sa collègue qui n’a pas manqué d’affirmer que la grogne des contractuels de l’éducation n’est pas prête de connaître son épilogue et que ces derniers restent accrochés à leur revendication jusqu’à sa satisfaction. À noter que plusieurs rassemblements se sont tenus hier dans les 48 wilayas du pays devant les directions de l’éducation en réponse à l’appel du CLA et de la coordination. Dispersés lundi dernier par les forces de l’ordre dans la ville de Boudouaou vers leur wilayas respectives, les enseignants contractuels ayant observé près de 15 jours une grève de faim et avaient décidé de poursuivre leur mouvement de contestation. En effet, selon la coordination affiliée au CLA des rassemblements sont observés à partir de dimanche (hier NDLR) devant les académies de tout le territoire national. Aujourd’hui un autre rassemblement aura lieu à la wilaya de Boumerdès pour regrouper tous les contractuels contestataires et d’entamer à partir de là une deuxième marche. Selon Youcef Hamiti membre de la coordination, le Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’éducation (CNAPEST) participera peut être à cette deuxième marche. « L’information n’est pas encore confirmée mais reste probable », a-t-il dit à cet effet. Notre interlocuteur a également confirmé que les contractuels ne sont pas prêts de lâcher prise, malgré l’intervention du premier ministère qui pour la plupart n’a rien apporté de nouveau. Hamiti rappelle que les enseignants contractuelles ou plus précisément ceux qui ont participé à la marche et au rassemblement ne s’inscriront pas au concours et maintiennent leur décision de boycott. Dans ce cadre, la ministre de l’éducation nationale, Nouria Benghebrit, avait déclaré jeudi dernier qu’au total de 24 322 enseignants contractuels se sont inscrits pour passer le concours de recrutement des enseignants prévu le 30 avril 2016. Elle a relevé que les enseignants contractuels ayant bénéficié de mesures exceptionnelles pour déposer leurs dossiers dans des bureaux spécialement dédiés à cet effet au niveau des directions de l’éducation, peuvent retirer leurs convocations à partir du 24 avril 2016. Cette information semble pourtant ne pas convaincre la coordination qui fait état de plus de 5 000 enseignants grévistes. Pour rappel, les enseignants contractuels avaient initié un mouvement de contestation pour revendiquer leur recrutement direct, mais le ministère de l’éducation nationale leur avait signifié l’impossibilité d’une telle procédure, en raison des textes régissant la Fonction publique qui exigent de passer le concours pour l’équité d’accès aux postes. Les contestataires avaient, faut-il le rappeler également, organisé une marche à laquelle ont pris part une centaine d’enseignants à partir de la ville de Béjaïa passant par Bouira et Boumerdès. Cette marche a été aussitôt stoppée à l’entrée d’Alger dans la ville de Boudouaou empêchant ainsi les contestataires de rejoindre le siège de la Présidence où ils comptaient manifester. En ce qui concerne le concours, la date a été fixée au 30 avril pour le recrutement de plus de 28 000 enseignants dans les trois paliers (primaire-moyen-secondaire), alors que les résultats de l’examen écrit seront connus le 12 mai prochain.
Ania Nait Chalal