Cœur battant du monde arabe, une année culturelle durant, la Ville des ponts vit les derniers moments de la manifestation culturelle « Constantine, capitale 2015 de la culture arabe ».
à l’heure des dernières retouches de la cérémonie de clôture de cet événement culturel, la tension est montée encore d’un cran et les efforts s’intensifient pour « une clôture en beauté », à la hauteur de l’antique Cirta. L’événement culturel a alimenté, une année durant, le quotidien des Constantinois, et le citoyen lambda s’attarde volontiers sur le sujet, parle et reparle, analyse et commente. Les Constantinois s’accordent à dire que l’année culturelle arabe avait été « une fête grandiose » qui a consacré la cité bimillénaire et lui a permis de renforcer son identité culturelle et son sceau de ville ouverte à la diversité. « Il faut reconnaître que Constantine a eu une chance inouïe avec sa désignation pour l’organisation de cet événement, il faut reconnaître aussi que la ville a été choyée en matière d’équipements », souligne Lilia, 47 ans, enseignante d’anglais, mais tout en critiquant la communication sur cet événement, « qui n’a pas arrangé les choses ». Elle explique qu’en tant que citoyenne, elle avait eu toutes les peines pour « dénicher » le programme de l’événement bien que la parution du journal de cet événement avec le programme bi-mensuel « a rectifié quelque peu le tir ». Pour Zinou B., 28 ans, commerçant de la ville d’Aïn M’lila (Oum el-Bouaghi), la manifestation était l’occasion pour lui et sa famille d’assister à beaucoup de soirées à la salle Ahmed-Bey. « C’est un trajet de 30 mn en véhicule depuis Aïn M’lila à la cité Zouaghi (lieu ou est implantée la salle de spectacles ndlr) ». Mais il pense que ‘‘le paquet n’a pas été suffisamment mis’’ pour inciter les Constantinois à assister aux différents programmes de cet événement. « S’il y avait eu des navettes entre la station du tramway et la salle de spectacles ainsi que des bus desservant l’axe Zouaghi, cela aurait contribué à créer une certaine animation’’, soutient-il. Leila N., 34 ans, orthopédiste, qui soutient que même si beaucoup d’efforts ont été déployés et des sommes colossales ont été dépensées pour cet événement culturel, il manquait, cependant, pour elle ‘‘le finish’’. Elle l’explique par « le peu d’intérêt » accordé par les acteurs de la scène culturelle et les personnalités publiques à la manifestation. « Les artistes dans tous les domaines, les membres des nombreuses associations ne se sont pas bousculés aux portes du théâtre régional, à la salle de spectacles ou encore dans une salle de conférence », a-t-elle constaté. Elle affirme toutefois avoir apprécié, en dehors des cérémonies officielles, voir un ministre assister incognito à des soirées malouf, et un autre venu encourager les troupes artistiques de la wilaya où il avait exercé, auparavant, comme cadre du secteur de la culture. La soixantaine de titres de presse publique et privée locale, régionale et nationale, aux côtés des chaînes de télévisions privées ont également suivi l’événement et les opinions diffèrent. Pour Meriem Bahchachi du quotidien arabophone An-Nasr, l’année culturelle arabe à Constantine a été marquée par un dynamisme sans pareil : »L’événement culturel a fait sortir la ville de sa monotonie et de sa léthargie culturelle’’, affirme-t-elle. Pour le directeur de publication du ‘‘Quotidien de Constantine’’, Samir Bouzidi, « des hauts et des bas » ont caractérisé la manifestation mais l’antique Cirta « a énormément gagné en ouvrages de haute facture », souligne-t-il, tout en détaillant qu’en une année, la ville des ponts s’est renforcée avec ‘‘des structures culturelles et d’hôtelleries imposantes’’. Un avis amplement partagé par Nasser Hannachi du quotidien La Tribune qui ajoute, cependant, que des projets retenus sont restés ‘‘suspendus’’, citant le projet du palais des expositions de la cité Zouaghi, ou encore ‘‘les chantiers au ralenti de réhabilitation de la vieille ville’’. Le journaliste commente que souvent, au cours de cette année culturelle, « la presse était déboussolée par les états d’âmes des organisateurs et leur manque de coordination’’.Bahchachi revient pour dire que l’événement culturel a donné lieu à ‘‘une production artistique abondante’’ notamment dans le théâtre et une ‘‘préservation de la musique citadine constantinoise’’ à travers l’enregistrement d’un patrimoine riche et diversifié. à quelques heures de la clôture de la manifestation ‘‘Constantine, capitale 2015 de la culture’’, le débat est toujours vif et l’événement alimente encore les rédactions et les studios de télévision, et le constat que la ville a gagné en termes de contenant fait presque l’unanimité. En terme de contenu, « ça se discute », affirme-t-on.