Tout compte fait, le congrès extraordinaire du RND, ouvert jeudi dernier à l’hôtel «El Aurassi» d’Alger, n’a pas connu des surprises, comme l’aurait annoncé le groupe des frondeurs, à la veille de ce rendez-vous. L’élection d’Ahmed Ouyahia à la tête du parti n’a été empreinte d’aucune position discordante, aussi minime soit-elle. Même pas du côté de son rival, Belkacem Mellah, qui s’est contenté de jouer le meneur d’allure dans cette course au trône de la deuxième force politique.
Intervenant devant quelques 1600 congressistes et une pléthore d’invités composée par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, nombre de chefs de partis politiques parmi les partenaires du RND, le secrétaire général de l’Ugta, le président du FCE, entre autres figures connues de la scène nationale, Ahmed Ouyahia s’est affiché, d’emblée, dans la peau d’un vainqueur d’avant l’heure. De par la forte présence de personnalités de haut standing, la scène était assimilable, où presque, au congrès du FLN tenu en fin mai 2015, lors duquel, Amar Saâdani a été propulsé à la tête de l’ex-parti unique. à la seule différence, la rencontre de l’instance suprême du RND a, pour la première fois d’ailleurs depuis sa création en 1997, décidé d’élire son chef au lieu qu’il soit coopté comme ce fût le cas auparavant. Aussitôt achevé la lecture de son discours, Ouyahia a invité les médias de la presse présents massivement en la circonstance à sursoir à la couverture des travaux de cette rencontre, frappée d’un huis clos jusqu’à samedi, où les journalistes étaient conviés à assister à la conférence de presse, organisée à leur profit. Loin de la grande salle de l’hôtel «El Aurassi», les congressistes semblent avoir déjà tranché la question des élections du secrétaire général du parti, qui devait avoir lieu dans l’après midi. Le choix est fait. On papote moins dans les coulisses, si ce n’est la tendance qui laisse prédire, sans surprise aucune, un vote massif en faveur de l’actuel directeur de cabinet auprès de la présidence de la République. Comme l’ont corroborés, les résultats des urnes connus vers la fin de cette journée donnent Ouyahia gagnant, avec à la clé 1513 voix sur les 1537 congressistes qui ont participé au vote, contre 21 voix seulement à l’actif de son concurrent, Belkacem Mellah. Autrement dit, il s’agit par là d’une forme de plébiscite sous couvert «d’élections honnêtes et transparentes», comme principe entériné dans les statuts du RND, lors de sa session de Conseil national tenue en fin janvier dernier. Dans l’enceinte des couloirs de l’hôtel somptueux des «Tagarins», Mellah, cet ex-secrétaire d’état chargé de la jeunesse intensifie ses contacts et multiplie ses déclarations aux représentants de la presse nationale.
En l’absence des partisans de l’opposition à Ouyahia, parmi lesquels Tayeb Zitouni et Nouria Hafsi, pour n’en citer que ces deux chefs de file invétérés du front de la contestation, ou encore d’autres qui se sont faits inaperçus, c’est lui le candidat qui a tenté, tant bien que mal, de tenir la draguée au puissant homme du RND. «Moi je suis un militant politique contrairement à Ouyahia, qui est, lui, fonctionnaire politique», a épanché Mellah, l’air sûr de lui, après l’avoir sollicité par nos soins à donner sa réaction. Tel était le slogan longtemps chanté tambour battant par cet ex-chargé de communication auprès du Premier ministre, lors de sa campagne électorale. Même s’il a fini par comprendre que les dés sont pipés, le candidat malheureux reste optimiste pour son avenir politique. «J’ai gagné ma bataille. Celle d’avoir réussi à incorporer le jeu démocratique dans les élections du secrétaire général du RND», a-t-il renchéri. Quand bien même il a dénoncé par le passé des pratiques «antidémocratiques» concernant notamment le choix des congressistes, lesquels étaient, selon lui, désignés parmi les partisans d’Ouyahia au lieu qu’ils soient élus, Mellah a quand même maintenu sa candidature.
Notre interlocuteur a révélé avoir subi des pressions pour retirer sa candidature, à la veille du congrès. Mais peine perdue, puisqu’il a décidé de mener à bout son projet. Dans l’après midi, les deux prétendants au poste de SG du RND ont été présentés après que leur candidatures soient validées par l’ensemble des congressistes. Ces derniers, dans leur écrasante majorité, ont donné leur voix à Ouyahia qui est donc sorti vaincqueur. Lors du deuxième jour de ce congrès, soit aujourd’hui vendredi, les congressistes devaient élire un nouveau Conseil national. Une décision qui n’était pas du goût de Mellah. Et pour cause, selon lui, le mandat de cette instance n’est pas encore arrivé à terme. Nous y reviendront dans l’édition de demain.
Farid Guellil
Bouteflika félicite le nouveau SG
Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a adressé un message de félicitations à Ahmed Ouyahia, à l’occasion de son élection jeudi, secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND). « J’ai suivi avec intérêt le vote qui vous a dûment porté, dans le cadre d’une opération démocratique à la tête du RND, ce parti qui a de tout temps adopté des positions nationales marquées du sceau de l’intégrité et de la sagesse, dans le seul but de placer les intérêts suprêmes du pays au dessus de toute considération, à la faveur d’un programme politique et social rénové et d’une ligne nationale droite », a écrit le président de la République dans son message. »Ma conviction était grande que les militantes et militants du RND, connus pour leur grande expérience sur la scène politique et leur haut sens de responsabilité, allaient vous élire à la tête de leur parti, confiants en cela que votre éclatante victoire pourrait contribuer à relever les grands défis qui se posent à notre pays », a soutenu le Chef de l’état. « Des défis qui se posent notamment en termes de développement national global, de garantie des libertés fondamentales, de promotion du rôle de la femme et de prise en charge des préoccupations des jeunes, ainsi que toute entreprise à même de consacrer la paix et la stabilité dans notre pays », a ajouté le président Bouteflika. « Cette heureuse occasion m’offre l’agréable opportunité de vous adresser et à travers vous aux militantes et militants de votre parti, mes félicitations les plus vives, priant Dieu de guider vos pas au service de l’Algérie et de son peuple sur la voie du progrès et de la prospérité », conclut le président de la République.
Saâdani, le grand absent
De toutes les défections enregistrées parmi les acteurs et personnalités conviés au congrès extraordinaire du RND, l’absence d’Amar Saâdani, secrétaire général du FLN, sort du lot et revient sur toutes les lèvres. En effet, le simple observateur aurait remarqué que la place du patron de l’ex-parti unique est belle est bien réservée, sur la Première ligne du devant de la salle où devaient siéger, tout aussi, le premier ministre, les présidents des deux chambres parlementaires, les chefs des partis et autres hauts cadres du parti d’Ouyahia. Quand bien même Ouyahia aurait tendu la main à son alter égo, du moins comme pourrait l’attester l’invitation qu’il lui a adressée à assister aux travaux du congrès, Saâdani a brillé par son absence. Interrogé à ce sujet, lundi dernier, lors d’une rencontre l’ayant regroupée avec son Bureau politique (BP), l’homme fort du FLN a répondu qu’il n’était pas au courant s’il est invité à la rencontre ou pas. Après les attaques à couteaux tirés échangées entre les deux frères ennemis, sur fond d’une série ininterrompues de réactions-réponses, tout porte à croire que le divorce est définitivement consommé entre les deux leaders des partis au pouvoir. Pour expliquer cette absence qui corrobore pour le moins les rapports tendus entre les deux acteurs politiques, Yamina Meftali, membre du BP du parti et cadre proche de Saâdani nous apprend qu’elle est venue représenter son mentor. «Je suis ici pour représenter le secrétaire général (Saâdani, nldr)», a-t-elle révélé.
F. G.