L’Algérie ayant combattu longtemps le terrorisme islamiste en dehors d’un soutien solennel de la communauté internationale, durant notamment la Décennie noire, est devenue, aujourd’hui, un acteur mondial dans le domaine de la lutte contre l’hydre subversive. En effet, son expérience avérée en la matière est reconnue de par le monde, à telle enseigne qu’elle est «fortement sollicitée par les Nations unies», pour faire part de ses stratégies de lutte face à un phénomène devenu transnational. C’est dans ce contexte particulier, caractérisé par une montée fulgurante des attaques terroristes à l’échelle mondiale, qu’intervient, justement, la «Conférence internationale sur l’Extrémisme violent et sur la Déradicalisation» qui sera ouverte, demain, à l’hôtel Sheraton d’Alger. Cette rencontre sera axée sur la prévention, comme moyen de lutte, en vue de l’anéantissement et de l’étouffement du terrorisme, contrairement à une stratégie, focalisée jusque-là et globalement, sur la «répression», comme l’a souligné le porte-parole du ministère des Affaires étrangères MAE, Abdelaziz Benali-Cherif, lors d’un point de presse organisé, hier, au siège du département de Ramtane Lamamra. Au cours de cette rencontre tenue avec les journalistes, il a été question pour la diplomatie algérienne de rendre publics les objectifs et les visées de cette conférence internationale qui s’étalera sur deux jours. En somme, de par son expérience, l’Algérie préconise une solution orientée vers «la lutte contre l’extrémisme violent et la déradicalisation», qui sont, selon les responsables diplomatiques algériens, des moyens indissociables pour combattre ce phénomène ayant pris tellement des proportions inquiétantes, qu’il faudra s’engager sur une voie internationale commune pour l’endiguer. D’emblée, le doyen du corps diplomatique à Madagascar a mis en exergue les actions menées par l’Algérie sur le plan international, en faveur de la lutte contre le terrorisme et en vue d’apporter sa contribution et son expérience dans le domaine. «L’Algérie est un acteur et un partenaire plus que visible sur ce plan, qu’elle est reconnue, aujourd’hui, par la communauté internationale», a-t-il indiqué.
Outre sa participation active à l’échelle régionale, continentale et internationale, qui consiste en la conception des stratégies de lutte contre l’hydre terroriste, l’Algérie dispose d’une politique nationale qui a fait ses preuves sur le terrain, entend dire Benali-Cherif. «L’Algérie a mis en œuvre une profonde et multidimensionnelle politique de déradicalisation qui a sensiblement contribué à l’affaiblissement des groupes terroristes, à discréditer leurs discours et idéologies extrémistes et à leur rejet par la population et à l’assèchement de leurs sources de recrutement», pouvait-on lire sur un document inhérent à cette conférence.
«La lutte militaire ne suffit pas»
L’idée de sa tenue remonte au 19 février dernier, lorsque l’Algérie a proposé d’abriter une rencontre de ce genre, ce qui est, en soi, une suite logique et un prolongement du Sommet de Washington, organisé à cette date-là, et ayant porté sur la lutte contre l’extrémisme violent. Elle s’inscrit également dans l’optique d’apporter des éléments de réponse à la même problématique, en prévision d’une autre rencontre qui se tiendra lors de la réunion de l’Assemblée générale de l’ONU, en septembre prochain. Lui succédant, l’ambassadeur d’Algérie à Berne (Confédération Suisse), El-Haouès Riache, non moins conseiller sécuritaire auprès du MAE, a relevé le fait que l’Algérie eut été choisie pour abriter cette rencontre n’est pas le fruit du hasard. «Après avoir fait part de sa volonté de faire partager sa stratégie de lutte contre le phénomène, l’Algérie a été fortement sollicitée pour l’organisation de cette conférence», a-t-il fait remarquer. Le même diplomate a ensuite esquissé la feuille de route qui sera suivie durant cette rencontre de haut niveau, ouverte à des représentants issus de pas moins de 50 pays. Au total, huit thèmes seront abordés autour de la problématique de déradicalisation de l’extrémisme violent. Dans un premier temps, il s’agira d’exposer l’«importance» de cette stratégie, avant de puiser dans le détail pour aborder avec plus de précisions les moyens à mettre en œuvre pour sortir de cette rencontre avec, à la clé, «des actions, des engagements, des arrangements et des partenariats», comme l’a formulé l’Algérie. Lesquels moyens mettent l’accent sur le rôle notamment du «système judiciaire, des instances religieuses, de l’éducation, de l’enseignement, de la formation, des médias et de la société civile», dans la «déradicalisation». La «Réinsertion et l’Intégration» est un thème qui fera aussi l’objet d’un débat, au même titre que les phénomènes de «la xénophobie et de l’islamophobie», deux sujets d’actualité sur lesquels devrait-t-on se pencher. Côté participants, de hauts fonctionnaires et des experts, des représentants issus des pays membres du Forum Global de lutte contre le terrorisme et de la région du Sahel, des membres du Conseil de sécurité de l’ONU et représentants des organes des Nations unies, des partenaires de l’extérieur de la région et des organismes multilatéraux, prendront part.
Présent à cette rencontre, Abdelkader Messahel, ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue arabe, a intervenu en dernier, pour rappeler la vision politique de l’Algérie concernant le terrorisme et les moyens de lutte sur lesquels elle s’appuie pour l’endiguer.
À ce titre, il a indiqué que la «déradicalisation», comme instrument, est indissociable des concepts de la démocratie et des droits sociaux qu’il faudra consacrer, pour anéantir le terrorisme, cela d’une part. D’autre part, il a précisé que la «lutte militaire et policière, à elle seule, ne suffit pas comme moyen», en abordant notamment la conférence d’Alger. Au vu de son expérience dans le domaine, le choix de l’Algérie pour abriter cette rencontre est loin d’être fortuit, a-t-il ajouté.
Farid Guellil