Deux symboles et proches du régime de l’ex-président déchu Bouteflika, les anciens ministres, Djamel Ould Abbès et Saïd Barkat, ont été condamnés, hier, respectivement à huit ans et à quatre ans de prison ferme, deux peines assortie d’une lourde amende de dix millions DA. Ce jugement est rendu pour « dilapidation de deniers publics », « détournement de deniers publics », « conclusion de marchés en violation de la législation » et « abus de fonction ». La cour d’Alger confirme ainsi les peines prononcées en première instance par le tribunal de Sidi-M’hamed, mais en rehaussant l’amende qui passera d’un million DA à dix millions DA chacun.
Bouchenak Khelladi, secrétaire général du ministère de la Solidarité nationale, a, quand à lui, été condamné à trois ans d’emprisonnement et un million DA d’amende. La cour d’Alger a retenu les mêmes peines prononcées par le tribunal de Sidi-M’hamed contre Djellouli Saïd, ancien chef de protocole d’Ould Abbès et Hamza Cherif, président de l’Organisation nationale des étudiants algériens (ONEA), à savoir deux ans de prison ferme dont une année avec sursis et une amende de 500 000 DA pour chacun. L’autre ancien secrétaire général du même ministère (époque de Barkat), Ismaïl Benhabilès a été condamné à une année de prison ferme et une amende de 500 000 DA. La cour d’Alger a acquitté les autres accusés dans cette affaire. Les avocats de la défense, qui avaient plaidé la relaxe lors du début de ce procès le 6 décembre dernier, ont immédiatement annoncé leur intention de faire appel. En septembre dernier, lors de son jugement pour détournement de fonds de la Solidarité nationale, un département que dirigeaient les deux anciens ministres, Djamel Ould Abbès et son successeur Saïd Barkat entre 2001 et 2016, le procureur de la République et le représentant du ministère de la Solidarité ont fait état de montants ahurissants distribués à des épouses d’ambassadeurs, des journalistes, des joueurs de foot, des associations fictives. Le représentant du ministère de la Solidarité nationale a pointé le détournement d’une somme globale de
1 857 milliards de centimes, soit 18,57 milliards de dinars, destinée aux personnes vulnérables et faibles et dans le besoin, qui est partie malheureusement dans les poches des plus riches. « Sur les 1200 PC destinés aux lauréats du bac session 2008, acquis pour un montant de 860 millions de dinars, 226 seulement ont été remis à l’Office du bac, une partie a été distribuée à des épouses d’ambassadeurs, des journalistes, des fils de cadres du ministère de la Solidarité, quant au reste, aucune traçabilité n’a été possible », a-t-il témoigné. « Le ministère a dépensé 18,57 milliards de dinars, affectés à des associations sur une simple demande, pour éviter la procédure des marchés publics et la traçabilité», a-t-il ajouté, en demandant la préservation des droits du département qu’il représente. Concernant Saïd Barkat, le successeur de Djamel Ould Abbès, à la tête du ministère de la Solidarité, le représentant du ministère public a fait savoir qu’il avait reçu de l’État un budget de 400 millions de dinars pour l’acquisition d’ambulances, une envoyée à Ghardaïa et l’autre remise à SOS Birkhadem, à Alger. « Comment peut-on tolérer de tels actes, lorsque l’on sait que des citoyens meurent sur la route, parce qu’ils ne trouvent pas d’ambulance pour les transporter à l’hôpital. Des sommes colossales sont affectées au ministère de la Solidarité pour l’achat de billets d’avion à nos enfants du sud du pays qui étudient au Nord, mais qui en a profité ? », s’est-il interrogé.
H. M.
COUR DE TIPASA
Le procès de « Mme Maya » reporté au 26 décembre
La cour de justice de Tipasa a décidé, samedi dernier, le report au 26 décembre courant, du procès de Nachinache Zoulikha-Chafika dite « Mme Maya », condamnée en première instance par le tribunal de Chéraga à 12 ans de prison ferme, dans une affaire de corruption. La chambre correctionnelle a décidé le report de ce procès, pour la 3ème fois consécutive, à la demande de la défense des autres parties accusées dans cette affaire qui a évoqué l’absence, pour des raisons de santé, de la défense de Mme. Maya (accusée principale). Nachinache Zoulikha-Chafika, dite « Mme Maya », a été condamnée, le 14 octobre dernier par le tribunal de Chéraga, à 12 ans de prison ferme assortie d’une amende de 6 millions de DA avec la saisie de ses biens. Ses deux filles, Imène et Farah, ont été condamnées chacune à une peine de 5 ans de prison ferme assortie d’une amende de 3 millions de DA avec la saisie de leurs biens. Impliqués dans cette affaire, l’ancien wali de Chlef, Mohamed Ghazi, a été condamné à une peine de 10 ans de prison ferme, assortie d’une amende d’un million de DA, tandis que son fils a été condamné à 2 ans de prison ferme et une amende de 500 000 DA. Les griefs retenus contre les accusés dans cette affaire sont notamment « blanchiment d’argent », « trafic d’influence », « octroi d’indus avantages », « dilapidation de deniers publics », « incitation d’agents publics pour l’octroi d’indus avantages » et « transfert illicite de devises à l’étranger ». Jugés aussi pour cette affaire, l’ancien wali d’Oran, Abdelghani Zaâlane, et l’ancien directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), Abdelghani Hamel, ont été condamnés à 10 ans de prison ferme avec une amende d’un million de DA chacun. Les deux investisseurs et entrepreneurs, Belaïd Abdelghani et Ben Aïcha Miloud, ont été condamnés respectivement à 7 et 10 ans de prison ferme avec une amende d’un million de DA chacun. L’ancien député à la retraite, Omar Yahiaoui (en fuite à l’étranger), a été condamné à 10 ans de prison ferme, assortie d’une amende d’un million de DA, avec la confiscation de ses biens et le lancement d’un mandat d’arrêt international à son encontre. Mme Maya et ses deux filles doivent, selon le même verdict, verser 600 millions de DA de dédommagement au Trésor public.
H. M.
AFFAIRE ALI GHEDIRI
La Cour suprême examine le pourvoi en cassation ce mercredi
Saisie le 15 juin dernier par la défense de l’accusé, la Cour suprême va procéder, mercredi prochain, à l’éxamen du pourvoi en cassation de Ali Ghediri, en détention provisoire à la prison d’ El-Harrach. Ce pourvoi de cassation concerne notamment l’arrêt de renvoi de la chambre d’accusation de la cour d’Alger, rapporte, hier, le journal Liberté, qui cite l’avocat Me Khaled Bourayou. Général à la retraite, Ali Ghediri a été arrêté et placé en détention provisoire en juillet 2019 pour « atteinte au moral de l’armée ». Depuis lors, toutes les demandes de libération provisoire introduites par le collectif de la défense de l’accusé ont buté sur le refus de la chambre d’accusation.
R. N.