Le grand pianiste italien, Christian Leotta, a animé, mardi soir à Alger, un concert entièrement dédié à l’oeuvre de Ludwig van Beethoven (1770-1827), dans une atmosphère relevée où la virtuosité de l’artiste a bien rendu, près de deux siècles plus tard, les émotions et le génie du compositeur, devant une assistance homogène et recueillie. L’Auditorium de la Radio algérienne «Aissa-Messaoudi», abritant l’évènement et dont l’acoustique a été conçue -comme l’indique l’intitulé de sa raison sociale- dans les normes strictes d’un espace destiné aux enregistrements musicaux, a bien enveloppé, une heure et demie durant, les sonorités percutantes et cristallines du piano. Sonate pour piano No 8 en Do Mineur Opus 13 «Pathétique» en trois mouvements, et Sonate pour piano No 13 en Mi Majeur Opus 27 No 1 en quatre mouvements, ont constitué la première partie du récital, marqué par une grande maîtrise de l’instrument avec une technique hautement appréciée par le public. Les quelques réactions recueillies parmi les spectateurs pendant l’entracte, furent unanimes pour dire «toute la grandeur et la qualité supérieure de la prestation de Christian Leotta qui a embarqué l’assistance dans une belle randonnée poétique dont l’expression est allée au-delà des mots». Deux autres pièces, Sonate pour piano No 22 en Fa Majeur Opus 54 en deux mouvements, et Sonate pour piano No 23 en Fa Mineur Opus 57 en quatre mouvements, ont été interprétées par le maestro lors de la deuxième partie de la soirée donnant forme au génie du compositeur dans de belles partitions qui se lisaient dans les regards attentionnés et sur les nombreux visages souriants. Christian Leotta, se substituant à tout un orchestre, a déployé son savoir-faire provoquant chez le récepteur des émotions tragiques, de joie, de bien-être, de tristesse et de mélancolie, ou encore de colère et de révolte dans des mouvements nuancés allant de la douceur à l’agressivité, de la lenteur à la rapidité avec le travail d’accompagnement d’une main gauche époustouflant. Très applaudi et rappelé par le public à l’issue de la représentation, l’artiste est remonté sur scène pour interpréter «Andanté Opus 79», une autre œuvre du grand compositeur allemand, puis de déclarer : «J’ai été ravi de jouer pour ce merveilleux public très réceptif et j’ai bien apprécié le silence absolu qu’il m’a offert pendant l’interprétation». «Beethoven est le plus grand des compositeurs que la musique classique ait connu. Sa musique a marqué le passage du Classicisme vers le Romantisme qui a surtout libéré le musicien astreint jusque-là au statut de +compositeur de la Cour+, accompagnant ainsi la société dans ses profondes mutations», explique le pianiste. Né en 1980 à Catania en Sicile (Italie), Christian Leotta a étudié le piano depuis l’âge de sept ans dans les grandes écoles de musique, à l’instar du grand Conservatoire de Milan, avant d’enregistrer les 32 sonates de Ludwig Van Beethoven dont il a décidé «de faire connaître l’oeuvre à travers le monde».
Parti plusieurs fois en tournées mondiales, le pianiste italien, qui prévoit également d’animer mercredi des masters class avec les élèves de l’Institut national supérieur de musique (INSM), est revenu en Algérie après une première prestation donnée en 2012, dans le même espace (Auditorium Aissa-Messaoudi).
Christian Leotta -dont la venue à Alger est le fruit d’une collaboration entre la Radio algérienne et l’Institut culturel italien d’Alger- a choisi d’interpréter quatre autres sonates parmi les trente-deux que Ludwic Van Beethoven a écrites pour piano, lors de son deuxième spectacle prévu jeudi dans le même lieu et aux mêmes horaires.