Les deux sénateurs du tiers présidentiel Djamel Ould Abbès et Saïd Barkat, ont été entendus avant-hier par la commission des affaires juridiques du Conseil de la nation, sans que leur sort ne soit définitivement scellé.
La scène politique algérienne n’en finit pas de connaître de nouveaux rebondissements. En effet, la machine judiciaire, qui vient de connaître une brusque et importante accélération, nous livre des rebondissements et des annonces quotidiens. C’est le cas notamment au Sénat où la procédure de levée de l’immunité parlementaire contre les deux membres Saïd Barkat et Djamel Ould Abbès suit toujours son cours. Alors que le verdict devait être rendu avant-hier, lors de l’audition des deux sénateurs par la Commission des Affaires juridiques du Conseil de la nation, celui-ci devra, finalement, être rendu lors d’une séance à huis clos, dont la date n’a pas encore été dévoilée.
« Conformément à l’article 127 de la Constitution et l’article 125 (alinéa 2) du règlement intérieur du Conseil de la nation et dans le cadre de l’examen de la demande du ministre de la Justice, garde des Sceaux relative à l’activation de la procédure de la levée de l’immunité parlementaire des deux sénateurs, Saïd Barkat et Djamel Ould Abbès, la Commission des Affaires juridiques, administratives, des droits de l’homme, de l’organisation locale, de l’aménagement du territoire et du découpage territorial du Conseil de la nation a tenu, jeudi 9 mai, deux réunions lors desquelles elle a auditionné les deux membres concernés pour l’élaboration d’un rapport à soumettre au bureau, avant de le présenter aux sénateurs en séance à huis clos », a précisé le communiqué de la haute chambre du Parlement. Présidées par Noureddine Bellatrach, président de la Commission, les réunions se sont déroulées en présence du vice-président du Conseil de la nation, chargé de la législation et des relations avec le Gouvernement et l’Assemblée populaire nationale (APN), ajoute le communiqué. Bien qu’ils soient sénateurs du tiers présidentiels, les deux anciens ministres ont répondu aux questions des membres de cette commission concernant la gestion des affaires du ministère de la Solidarité nationale lors de leurs passages respectifs à sa tête. Cela est un secret de polichinelle que les deux anciens ministres sont accusés dans le détournement d’importantes sommes du Fonds de solidarité nationale. À en croire certains articles de presse, les deux hommes sont accusés, par le parquet, d’avoir détourné plus de 700 milliards de centimes «sous couvert d’aides aux nécessiteux, achats de bus scolaires, achats de matériels pour des handicapés, acquisition d’ambulances et aide aux étudiants dans le besoin…. etc.» Ould Abbès, ancien SG du FLN, aurait même octroyé près de 150 milliards de centimes à quatre associations caritatives qu’il présidait lui-même. Une chose est sûre, suite à cette audition, la commission des affaires juridiques rédigera un rapport qui sera soumis aux autres membres du Conseil de la nation pour statuer, lors d’une séance à huis clos. La date de la séance plénière n’a pas été encore fixée, mais des échos du Sénat, affirment que le sort d’Ould Abbès et Barkat, sera connu avant la fin du mois de Ramadhan.
Il convient de rappeler que la procédure a été entamée après une demande introduite par le ministre de la Justice, garde des Sceaux, au Sénat en vue d’auditionner les concernés. Sur ce, la commission juridique a été saisie en vue d’entamer la procédure. Mais apparemment, à en croire les propos de certains sénateurs, des pressions ont été exercées par Ould Abbès pour que la plainte soit retirée, ce qui explique ce retard dans la prise de décision.
Lamia Boufassa