Accueil ACTUALITÉ Commémoration du 8-Mai 45 : le génocide toujours impuni

Commémoration du 8-Mai 45 : le génocide toujours impuni

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Le 8-Mai 1945, le général de Gaulle fait l’annonce radiophonique :«La guerre est gagnée… contre le nazisme et le fascisme». Et, en Algérie, l’armée française et ses milices chargeaient, à feu et à sang, les Algériens, qui manifestaient pacifiquement pour rappeler à la France sa promesse de leur accorder l’indépendance, dès la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Des Algériens ont été sommairement exécutés, enterrés morts ou vifs dans des fosses communes, jetés dans des ravins, et aussi incinérés morts ou vifs dans les fours de l’usine de fabrication de chaux de Guelma. Sétif, Kherrata et Guelma sont parmi les villes algériennes qui ont été le théâtre d’actes barbares commis par l’armée coloniale française, contre les Algériens qui n’avaient que leur voix pour exprimer leur attachement de vivre librement, en ce 8-Mai 1945, à un monde qui célébrait sa victoire contre le nazisme et la France qui se libérait de l’occupation allemande. Lors du Colloque sur les massacres du 8-Mai 1945, en 2009, premier du genre pour la ville de Paris et en France, la juriste Nicole Dreyfus a plaidé pour «un appel aux citoyens français afin de reconnaître et condamner les massacres datés de ce jour en Algérie, et pousser les autorités françaises à reconnaître ses crimes». La juriste, avocate des moudjahidate Baya Hocine et Djouher Akrour, a indiqué «permettra de créer un mouvement d’opinion» et «braquer les projecteurs sur ces massacres exécutés dès le premier jour de la fin du Second conflit mondial». De son côté, à cet occasion, Jean-Louis Planche, historien, très au fait des événements du 8-Mai 45 auxquels il a consacré une étude très recherchée, a parlé des massacres, qui ont duré quatre mois, indiquant que «le 1er septembre 1945, un camion s’est présenté au cimetière civil de Constantine pour décharger des cadavres -encore frais- dans une fosse commune. Les massacres se sont poursuivis bien après le mois de mai», a-t-il précisé. Par ailleurs, il a été aussi question dans l’intervention de Nicole Dreyfus des crimes colonialistes en Algérie similaires à ceux commis par les Nazis. Elle a souligné, à ce propos, lors dudit Colloque tenu à Paris en 2009, que «c’est la même chose, ces crimes reposent sur la même discrimination» et que «leurs auteurs utilisaient les mêmes moyens, ce sont exactement des crimes similaires», a-t-elle soutenu. La juriste a, également, considéré que l’État français «doit reconnaître ses crimes et manifester sa repentance». Jean-Louis Planche, historien, les a qualifiés de «massacres effroyables qui ont duré quatre mois». Il dira que «le 1er septembre 1945, un camion avait déchargé des cadavres d’Algériens -encore frais- dans une fosse commune et les massacres se sont poursuivis bien après le mois de mai», selon, a-t-il indiqué, des archives auxquelles il a eu acces. En cette journée du 8- Mai 1945, un peuple célébrait la victoire sur le nazisme, et de l’autre côté de la Méditerranée, un autre soumis, depuis 1830, à la colonisation française payait, dans le sang, la volonté et le courage de son engagement à se libérer du joug colonial, exprimé pacifiquement lors des manifestations du 8-Mai 1945. Le génocide et la torture contre les manifestants, bombardement des villes par des avions, ou à partir de la mer, avec l’implication des légions étrangères, ont été les actions militaires de la France en Algérie, au moment où ses responsables politiques et militaires célébraient leur voctoire contre la barbarie nazie. Le sacrifice de Khélifa Zaâboub, un brave d’El-Eulma, qui a été torturé à mort, des heures durant, par un tortionnaire, selon le récit du docteur Mohamed Mekkioui, lors des journées d’études et de rencontres sur le 8-Mai 1945, de Tlemcen, en 2009. Il dira sur le martyr, Khélifa Zaâboub, «massacré, le vieux, dont le corps est lacéré, plein d’ecchymoses, est jeté à moitié mort dans l’écurie aux environs de 19 heures,. Torturé, il a rendu l’âme à 23 heures, il avait perdu son dentier, ses organes génitaux étaient abîmés par le courant électrique». Ajoutant, dans son intervention, que la torture du système colonial français «n’avait rien à envier au style des Nazis, elle était dirigée par le capitaine Pierson, un ex-substitut du procureur de la République française», a-t-il précisé. Même les élèves du collège lycée Mohamed-Kerouani, ex-Eugène-Albertini, qui ont osé prendre part à la marche, n’ont pas échappé à la persécution des autorités coloniales françaises. Nombreux étaient les Mostéfaï Séghir, Benmahmoud Mahmoud, Maïza Mohamed-Tahar, Benzine Abdelhamid, Torche Mohamed, Kateb Yacine et Zériati Abdelkader, qui ont été déchus de leurs bourses.
Ces massacres perpétrés dans les villes de Sétif, Guelma et Kherrata et dans d’autres régions du pays ont marqué un tournant décisif dans le Mouvement national algérien, qui, à moins de neuf ans après, le peuple prend son destin en main et déclenche, en 1954, sa lutte armée pour la libération de l’Algérie, de la colonisation française. Les massacres du 8-Mai 45 demeureront gravés dans la mémoire collective du peuple algérien, et l’État et l’armée française ont composé ensemble dans la répression des Algériens, comme ce fut aussi le cas là où le système colonial était érigé. La colonisation de la France en Algérie ayant été une colonisation de peuplement, les milices composées dEuropéens, des colons, ainsi que la légion étrangère, constituée d’une majorité de Français ont été mobilisés, notamment lors des massacres du 8-Mai 45. Sur le plan logistique, la France avait donné le feu vert à l’armée pour intervenir et faire usage de l’armement lourd. Un arsenal militaire très impressionnant, dont des blindés et avions étaient à l’œuvre pour massacrer, faire taire la voix qui crie liberté et indépendance. Rien que sur la région de Guelma, des historiens indiquent que l’aviation française a mobilisé 28 avions pour la bombarder, à raison de 20 raids aériens par jour, et la marine a pour sa part participé au carnage par le tir de plus de 800 obus, gros calibre, de la mer jusqu’à Kherrata. Des scènes de terreur qui ont révélé, sur l’international, que le visage du colonialisme français n’a rien à envier aux pratiques du nazisme que le monde pensait enterrer, en ce 8-Mai 45 et que la France s’en est inspirée dans son génocide contre le peuple algérien.
Karima Bennour

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