Godzilla a eu de nombreuses facettes au fil des décennies, mais une constante demeure: la dévotion de ses fans, qui ont célébré le 70e anniversaire du monstre japonais lors du Comic-Con à San Diego. Dans la queue pour prendre des photos avec une réplique de la bête à écaille, Angela Hill a fait le voyage depuis l’Arizona. Cette enseignante est très sensible à la symbolique de Godzilla, un monstre amphibie préhistorique qui mute et se réveille à cause d’essais nucléaires dans le Pacifique, avant d’attaquer le Japon – une référence à l’histoire traumatique de l’archipel, bombardé lors de la Seconde Guerre mondiale. « Il provient d’un événement historique », rappelle à l’AFP Mme Hill. « Beaucoup d’autres monstres sont simplement des créatures intéressantes, mais ils ne portent pas le deuil d’une nation. » Le studio Toho, créateur de Godzilla, avait choisi Comic-Con, plus gros festival consacré à la pop culture, comme l’une des étapes pour célébrer sa créature, apparue sur les écrans le 3 novembre 1954 avec le film d’Ishiro Honda. Depuis, le monstre a enfanté une franchise qui compte près de 40 longs-métrages et des centaines de dessins animés, ainsi que des séries et des bandes-dessinées.
Plus vieux que James Bond
« C’est la plus longue franchise de films de long-métrage de l’histoire du cinéma qui se concentre sur un seul personnage continu », souligne Steve Ryfle, présent avec son co-auteur Ed Godziszewski pour signer des autographes de leur livre « Godzilla: The First 70 Years ».
« Elle existe depuis plus longtemps que James Bond », insiste-t-il. L’espion britannique imaginé a vu le jour en 1953 dans les livres de Ian Fleming, mais ses aventures n’ont été adaptées à l’écran qu’à partir de 1964. Pour M. Ryfle, la clé de la longévité du personnage tient dans le fait qu’il a constamment évolué, tout en restant fidèle à ses origines. « Godzilla a été sérieux, il a été effrayant, il a été héroïque, il a été drôle. Mais en même temps, c’est un personnage de film qui est ancré dans quelque chose de très réel », retrace-t-il. « C’est le traumatisme que le Japon a vécu, tant pendant la Seconde Guerre mondiale, que dans les conséquences de la guerre, et à la suite de Hiroshima et Nagasaki. » Ishiro Honda, le réalisateur du film originel, était un vétéran qui souhaitait délivrer un message contre la guerre et en particulier contre les armes nucléaires, rappelle-t-il. Parmi les fans, Michelle Pena apprécie aussi les multiples facettes de Godzilla, qui a parfois été « bon, mauvais, héros, antihéros ». « Il n’est pas fait pour être aimé », résume-t-elle. « C’est un grand truc qui ressemble à un dinosaure, il fait peur. Mais on se surprend vraiment à se ranger derrière lui. »