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Colombie : Les Farc prêtes à «rectifier» l’accord de paix

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Après la victoire du « non » lors du référendum qui devait valider cet accord, le leader des Farc est prêt à le modifier pour le faire accepter par le peuple. Le chef suprême de la guérilla colombienne des Farc, Timoleon Jiménez, est bien décidé à continuer la bataille pour la paix. Lundi 3 octobre, il s’est dit prêt à « rectifier » l’accord noué avec le gouvernement qui a été rejeté, à la surprise générale, par la population lors du référendum de dimanche. «Nous sommes en train d’analyser dans le calme les résultats pour continuer, car cela ne signifie pas que la bataille pour la paix a été perdue », a-t-il assuré à W Radio, à La Havane, lieu des négociations pendant près de quatre ans.
Comme l’a expliqué leur leader, les Forces armées révolutionnaires de Colombie «prépareront des initiatives» pour mener «de l’avant ce processus», malgré la victoire du « non ». Ce résultat «nous donne plus d’enthousiasme, nous engage beaucoup plus, car, de toute façon, il y a plusieurs lectures et il faut les analyser pour voir en quoi il faut rectifier» cet accord, a-t-il déclaré.

La victoire du «non» n’est pas une «hécatombe», mais un simple «faux pas»
Timoleon Jiménez, plus connu sous son nom de guerre Timochenko, a affirmé que la principale guérilla de Colombie et le gouvernement gardent malgré tout le «même objectif» de mettre fin à un conflit vieux de 52 ans et responsable de millions de victimes, décédées, disparues ou déplacées. Timochenko et le président Juan Manuel Santos avaient signé, il y a une semaine à Carthagène des Indes, l’accord historique de paix, mais pour entrer en vigueur le «oui» devait l’emporter au référendum organisé dimanche.
Alors que la plupart des sondages prédisaient un résultat dans ce sens, c’est finalement le «non» qui l’a emporté, à 50,21 % des suffrages contre 49,78 % pour le «oui», dans un scrutin marqué par une forte abstention, de 62 %. Le camp du «non» avait été mené par l’ex-président Alvaro Uribe, avec comme principaux arguments que les guérilleros devaient tous effectuer un minimum de prison – l’accord prévoyant des peines alternatives pour ceux avouant leurs crimes – et ne devaient pas exercer de postes publics.
Le référendum a été influencé par «une polarisation soutenue de manière presque artificielle», a estimé Timochenko, assurant que son mouvement étudiera comment inclure, dans cette « bataille pour la paix», ces «plus de 60 %» de Colombiens qui n’ont pas voté.
Le négociateur de la guérilla, Pablo Catatumbo, a pour sa part affirmé sur Twitter que le résultat de dimanche n’était «pas une hécatombe» : «C’est seulement un faux pas dans cette longue lutte de notre peuple pour parvenir à la paix définitive.»

Le gouvernement prêt lui aussi à relancer la campagne pour la paix
De son côté, le président Juan Manuel Santos a convoqué tous les partis politiques au palais Casa de Nariño « pour les écouter, ouvrir des espaces de dialogue et décider du chemin à suivre ». « Je ne me rendrai pas et continuerai à rechercher la paix jusqu’au dernier jour de mon mandat, car c’est le chemin pour laisser un pays meilleur à nos enfants », avait-il sobrement déclaré dimanche, dès l’annonce des résultats montrant un échec cuisant pour ce dirigeant dont la paix est le fer de lance depuis son arrivée au pouvoir en 2010. Tout en affirmant que « la paix n’a pas été vaincue», le chef des négociations avec les Farc, Humberto de La Calle, a proposé lundi sa démission. «Les erreurs que nous avons pu commettre sont de ma responsabilité exclusive», a-t-il déclaré, en exprimant son « soutien total» au président Santos qui a été «courageux, car il a préféré la paix à l’inertie de la guerre».
Au fil des décennies, ce conflit complexe a impliqué les Farc, principale guérilla du pays issue, en 1964, d’une insurrection paysanne, mais aussi d’autres rébellions d’extrême gauche, des milices paramilitaires d’extrême droite et les forces armées. Cette guerre fratricide, dont les régions isolées et pauvres portent encore les stigmates, a fait plus de 260 000 morts, 45 000 disparus et 6,9 millions de déplacés par la violence. «Le monde rural, qui vit le conflit armé, a parié sur la paix. Le monde urbain a dit que non, n’a pas été solidaire. Parce qu’il n’a pas vécu le conflit, n’a pas vu de combats, de bombardements (…) et ne voit donc pas la nécessité » de l’accord, a déclaré à Ariel Avila, analyste de la fondation Paix et réconciliation.
De son côté, la seconde guérilla encore active, l’Armée de libération nationale, avec laquelle le gouvernement a convenu en mars d’ouvrir des pourparlers qui n’ont cependant pas débuté, a appelé à chercher une « issue négociée » au conflit armé. L’accord avec les Farc bénéficiait du soutien de la communauté internationale. Une délégation du Parlement européen, venue à Bogota pour le référendum, l’a encore souligné lundi. Dans un communiqué, elle a appelé « le gouvernement, les différentes forces politiques, ainsi que les Farc et l’ELN, à poursuivre les négociations de manière constructive et de s’abstenir de tout recours à la violence ».

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