Les forces d’occupation sionistes ont mené, à l’aube de ce mercredi, une série d’incursions et d’arrestations dans plusieurs villes et villages de la Cisjordanie occupée, ciblant aussi bien d’anciens prisonniers que de jeunes Palestiniens. Ces opérations s’accompagnent de fouilles systématiques de domiciles, de saccages et d’agressions, dans un contexte d’escalade répressive qui ne cesse de s’intensifier depuis des mois.
Des véhicules militaires et des patrouilles à pied ont pénétré à l’aube dans la localité d’Anabta, à l’est de Tulkarem en Cisjordanie occupée, depuis sa partie orientale. Les soldats ont investi plusieurs maisons, les ont fouillées et endommagées, tout en procédant à des contrôles d’identité et des interrogatoires sur place. Bien qu’aucune arrestation n’ait été signalée dans cette localité, les incursions s’y répètent régulièrement, en parallèle à l’offensive qui frappe la ville et ses camps de réfugiés depuis 199 jours consécutifs. Dans le nord de la Cisjordanie occupée, Naplouse a également été le théâtre de plusieurs raids.
Les forces sionistes ont pénétré dans le camp d’Al-Aïn, dans la ville, et dans la localité de Kafr ad-Dik à Salfit, où elles ont arrêté deux frères, Zahi et Amr Ibrahim ad-Dik, après avoir saccagé leur domicile. À Brouqin, la maison de la famille de Naïm Salman a été fouillée et ses occupants interrogés pendant deux heures. Toujours dans le secteur, la localité de Lubban ash-Sharqya, au sud de Naplouse, a subi une nouvelle intrusion militaire, marquée par la fouille et la confiscation de véhicules. Les habitants subissent un bouclage du principal accès du village depuis six mois, en plus d’incursions quasi quotidiennes. Plus au sud, à Mithlon (près de Jénine en Cisjordanie occupée), les soldats se sont positionnés à l’entrée est de la ville et dans les environs d’immeubles résidentiels. Depuis le 21 janvier, date du début de l’offensive contre Jénine et son camp de réfugiés, les villages environnants subissent un rythme d’incursions et de bouclages inédit.
Arrestations ciblées et rafles nocturnes
Parallèlement, une vaste campagne d’arrestations a été déclenchée dans la nuit. À Naplouse en Cisjordanie occupée, les localités d’Aqraba, Burin et Sebastia ont été ciblées. Les forces sionistes y ont arrêté l’ancien prisonnier ïiham Aql, ainsi que les frères jumeaux Nasser et Nasr al-Chaer, après avoir perquisitionné leur domicile. À Qalqilya en Cisjordanie occupée, les soldats ont arrêté l’ancien prisonnier Mahmoud Taïtan, ainsi que deux jeunes hommes, Ali Damati et Khader Hawatri, après avoir investi leurs habitations. À Hébron, en Cisjordanie occupée, les localités de Beït Ummar, Bani Naïm et Sa’ir ont subi des raids.
À Bani Naïm, l’armée a fait irruption dans une maison hébergeant des travailleurs originaires de Ghaza, tandis qu’à al-Chuyukh, elle a arrêté l’ancien prisonnier Moussa Halaïka, libéré dans le cadre de l’accord « Déluge d’al-Aqsa». En parallèle aux opérations militaires, les colons sionistes ont multiplié les agressions. Dans la région de al-Farissia (vallée du Jourdain, en Cisjordanie occupée), une famille palestinienne a été attaquée à coups de barre de fer, blessant Mustafa, le fils de Shamik Draghmeh, qui a souffert de contusions. Près de Jéricho en Cisjordanie occupée, des colons sionistes ont jeté des pierres sur des voitures palestiniennes circulant sur la route d’al-Muarrajat, brisant les vitres de plusieurs d’entre elles et bloquant temporairement la circulation.
Un bilan très lourd
Depuis le début de la guerre contre Ghaza le 7 octobre 2023, la Cisjordanie occupée y compris El-Qods-Est est le théâtre d’une répression d’ampleur. Selon les chiffres palestiniens, 1 013 Palestiniens ont été tués et près de 7 000 blessés par les tirs de l’armée ou les attaques de colons sionistes.
Plus de 18 500 arrestations ont été enregistrées. Un rapport de l’Autorité palestinienne de lutte contre le mur et la colonisation indique que rien qu’en juillet dernier, les colons sionistes ont commis 466 agressions contre des Palestiniens et leurs biens, entraînant la mort de 4 personnes et le déplacement forcé de deux communautés bédouines, soit 50 familles chassées de leurs terres.
Une stratégie d’asphyxie et d’intimidation
Cette recrudescence des incursions et arrestations s’inscrit dans une stratégie sioniste visant à briser toute forme de résistance en Cisjordanie occupée. Les raids nocturnes, la fermeture prolongée des routes, la destruction de biens civils et les violences des colons participent à une politique d’asphyxie économique, sociale et sécuritaire.
Sur le terrain, les habitants parlent d’un climat d’occupation total, où chaque nuit peut se transformer en cauchemar, et où la vie quotidienne est ponctuée par le bruit des jeeps militaires, les ordres hurlés en hébreu et le fracas des portes défoncées.
M. Seghilani