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CINÉMA : Clint Eastwood, celui qui n’arrête jamais de tourner

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A 91 ans, il tourne encore… Parmi les derniers géants du cinéma hollywoodien, Clint Eastwood incarne l’Amérique sur les écrans depuis six décennies. Et rien ne semble pouvoir l’arrêter.

« Cry Macho » sorti la semaine dernier en salles et personne ne peut jurer qu’il sera le dernière film du doyen des légendes du cinéma américain, à la carrière débutée dans les années 1950 avec de petits rôles, avant de passer à la réalisation. Le Clint Eastwood qui apparaît à l’écran a certes les traits marqués, la démarche raidie, mais cela ne l’empêche pas de remonter à cheval et d’asséner un coup de poing à un adversaire, comme au bon vieux temps. Et avec son ambiance de western, sa figure de héros sur le retour et son exaltation des principes moraux, « Cry Macho » pourrait résumer un pan de la vie de cet acteur et réalisateur hors du commun, souvent critiqué pour ses valeurs très droitières. Né en 1930, Clint Eastwood a plus de soixante films à son actif, dont certains ont remporté les plus grands prix (« Impitoyable » en 1993, Oscars du meilleur réalisateur et du meilleur film, tout comme « Million Dollar Baby » en 2005).

Droit dans ses bottes
Celui qui est passé à la réalisation en 1971 avec le thriller « Un frisson dans la nuit », s’est frotté à tous les genres qui ont écrit l’histoire de Hollywood : western (« Josey Wales hors la loi » 1976), mélo (« Sur la route de Madison », 1995), ou encore films de guerre (« Mémoires de nos pères/Lettres d’Iwo Jima », 2006). Comme acteur, il accède à la célébrité dans les années 60 avec Sergio Leone et sa trilogie culte « Pour une poignée de dollars »/ »Et pour quelques dollars de plus »/ »Le bon, la brute et le truand ». La légende de l’anti-héros, au jeu minimaliste et supportant de longs silences grâce à son charisme, son regard pénétrant au bleu métallique et sa silhouette sèche d’1,93 m, était née. Dans ses films, il a imprimé les thèmes qui lui sont chers -la solitude d’un individu contre le groupe, la loyauté ou la primauté de la vérité-, lui qui se méfie des modes et des diktats des studios. Certains lui viennent de son enfance passée dans un milieu ouvrier à Oakland (Californie). Parmi ses influences revendiquées, John Ford ou John Huston, et aussi Don Siegel, dont il a retenu l’habitude de filmer rapidement, ce qui lui permet de ne dépasser ni le calendrier ni les budgets. Siegel l’a notamment dirigé en policier-justicier dans « Inspecteur Harry » (1971), un personnage qui lui a valu d’être taxé de fasciste. Car Clint Eastwood, qui a aussi été considéré comme un va-t-en-guerre pour « American Sniper », est un habitué des polémiques, face auxquelles il reste droit dans ses bottes de cow-boy.

« Je me demande si ça suffit »
Conservateur, proche du Parti républicain, ce père de huit enfants a toujours joué avec l’ambiguïté de son personnage « réac », raciste et belliciste. Hors écran, l’acteur marqué par la mort précoce de son père d’une crise cardiaque, n’a pourtant jamais fumé, a pratiqué la méditation et n’aime pas les armes à feu. Ses convictions sont plutôt à chercher du côté d’une tradition politique très américaine, celle des libertés individuelles. Ces dix dernières années, Clint Eastwood n’a pas ralenti, la pandémie perturbant à peine son rythme de métronome d’un film par an -dont certains étrillés par la critique. Depuis « Million Dollar Baby », il incarne avec constance des héros vieillissants et avait annoncé qu’il prenait sa retraite en tant qu’acteur après son rôle dans « Gran Torino » en 2008… mais il a depuis reparu devant la caméra à trois reprises, pour « Une nouvelle chance » (2012), « La Mule » (2018) et « Cry macho ». Au Los Angeles Times qui l’interrogeait en septembre sur son âge, il a répondu: « Pourquoi je continue de travailler à plus de 90 ans ? Est-ce que les gens vont me jeter des tomates ? J’en suis arrivé au point où je me demande si ça suffit. Mais pas au point où j’ai décidé que ça suffit ».

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