Globalement, le cinéma a rapporté 4,5 milliards de dollars cet été, mais dans le détail, seules quelques productions ont marché.
Quels sont les tops et les flops de ces derniers mois outre-Atlantique ? Avant d’entrer dans le détail, précisons que les premières prédictions globales de ComScore établissent des recettes à 4,5 milliards de dollars, enregistrées entre mai et août, ce qui est plus large que la saison française, où l’on démarre le calcul en juin. Ça permet donc de prendre Captain America 3 et X-Men : Apocalypse en compte dans les chiffres. Cette somme générale est proche du bon résultat enregistré l’an dernier, ainsi que du record des 4,8 millions de dollars récoltés en 2013. Pourtant, quand on se penche plus précisément sur les chiffres, on remarque que peu de productions ont vraiment cartonné. Beaucoup de suites et remakes ont fait moins bien que leurs prédécesseurs, et les plus gros succès ne sont pas forcément à chercher du côté des blockbusters dotés d’un budget énorme… excepté pour Disney.
Disney règne sur le top américain (et mondial)
Sur les cinq films en tête du classement américain de 2016, trois sont sortis cet été, et trois ont été produits par Disney :
1. Le Monde de Dory (Disney) a rapporté 482,5 millions de dollars depuis le 17 juin
2. Captain America : Civil War (Disney/Marvel) a rapporté 407,9 millions de dollars depuis le 6 mai
3. Le Livre de la Jungle (Disney) a rapporté 363,8 millions de dollars depuis le 15 avril
4. Deadpool (20th Century Fox) a rapporté 363 millions de dollars depuis le 12 février
5. Comme des bêtes (Universal) a rapporté 359 ,6 millions de dollars depuis le 8 juillet
Les deux premiers ont cartonné, la suite du Monde de Nemo s’offrant même le luxe d’enregistrer le meilleur démarrage de tous les temps pour un film d’animation aux US. Ses concurrents animés étaient tous derrière cet été : si Comme des bêtes, d’Illumination/Universal, s’en sort très bien et figure dans le top 5 (le studio travaille déjà sur sa suite), L’Âge de Glace 5, de Blue Sky s’est planté, récoltant 62 millions aux Etats-Unis pour un budget de 105 millions. Ses scores à l’étranger lui ont permis de remonter (389 millions en tout), mais cela reste très en dessous des précédents épisodes (le n°4 sorti en 2012 avait rapporté 161 millions aux US et 877 dans le monde !).
Civil War avait fait encore mieux que Dory quelques semaines plus tôt, amassant 180 millions de dollars en trois jours. Chez Marvel, seuls les deux opus d’Avengers ont dépassé cette somme au démarrage, et toutes sorties confondues, Star Wars 7 et Jurassic World ont franchi les 200 millions lors de leur premier week-end américain l’an dernier. En comptant ses recettes à l’étranger, ce troisième opus de Captain America est en tête du classement mondial 2016, fort de 1,1 milliard de dollars. Il est suivi par trois autres Disney (!) : Zootopie, également milliardaire, puis Le Livre de la Jungle et Le Monde de Dory, qui cumulent autour de 950 millions de dollars chacun. Cette suite est donc le plus gros succès super-héroïque de l’été, devant Batman V Superman (sorti au printemps) et Suicide Squad, de la Warner Bros, qui s’en est cependant bien tiré. Après avoir obtenu le meilleur démarrage du mois d’août –doublant ainsi Les Gardiens de la Galaxie- en amassant 133 millions de dollars en trois jours, ce film d’action de David Ayer a franchi les 300 millions en fin de course, entrant ainsi dans le top 10 de 2016 en Amérique (il est 8e, loin devant les 156 millions de Jason Bourne).
La nostalgie ne fait plus recette
Cet été, 14 productions étaient des suites/remakes/reboots. C’est beaucoup, et peu ont finalement tiré leur épingle du jeu. Les deux grosses productions Disney cités plus haut font figure d’exceptions qui confirment la règle. Parmi les plus petits budgets, des comédies et films d’horreur pour adultes ont bien fonctionné, mais entre les deux, les suites de Jason Bourne, L’Âge de Glace, Independence Day, Insaisissables, Les Tortues Ninja ou Star Trek et les remakes de S.O.S. Fantômes, Tarzan, Peter et Elliott le dragon et Ben-Hur ne peuvent pas en dire autant. Le premier film de cette liste à figurer dans le top 10 américain est Jason Bourne, le cinquième épisode de la saga, et le quatrième porté par Matt Damon, qui est neuvième avec 156,1 millions de dollars de recettes en Amérique du Nord. La dernière aventure de l’espion –sans compter son spin-off- avait rapporté près de 230 millions en 2007.
Independence Day 2, Tarzan, S.O.S. Fantômes et Star Trek Beyond ont rapporté entre 100 et 155 millions de dollars, ce qui est là aussi en dessous des attentes de la Fox, la Warner, Sony et la Paramount. Il y a 20 ans, le premier Independence Day rapportait par exemple le triple ! Insaisissables avait récolté 117 millions de dollars là-bas en 2013, mais sa suite franchit tout juste les 65 millions, le reboot de Star Trek et sa suite avaient amassé plus de 200 millions de billets verts chacun, alors que le troisième épisode stagne à 155… Quant à Ben-Hur, il a récolté 24 millions depuis sa sortie le 19 août, pour un budget de 100 millions. Ouïlle. Et puis il y a les cas du Bon Gros Géant et de Warcraft : Le Commencement, qui ne sont pas des suites, ni des remakes, mais des adaptations qui jouent sur la nostalgie des spectateurs. Celle du livre de Roald Dahl par Steven Spielberg a fait un flop, récoltant 54 millions de dollars aux US pour 140 de budget. Le réalisateur n’avait pas connu un tel échec depuis Munich, il y a 11 ans. Et ce ne sont pas ses recettes à l’étranger qui l’ont sauvé, puisqu’il a récolté en dehors du pays 100 millions de plus. L’adaptation de jeu vidéo à succès a fait mieux, mais pas dans son pays d’origine. Produit pour 160 millions par Universal, le blockbuster de Duncan Jones est sorti le 10 juin et n’a pas réussi à atteindre les 50 millions de dollars de recettes aux Etats-Unis. Considéré comme un flop là-bas, il a cependant bien marché ailleurs, notamment en Chine, et cumule au final 433,5 millions. C’est l’exception de cet été : le film à gros budget a obtenu assez d’argent pour qu’une suite soit envisagée, mais comme il n’a pas du tout touché le public américain, l’aventure risque paradoxalement de s’arrêter là…
Le public plébiscite les productions plus adultes
Il y a eu le cas Deadpool en début d’année, qui malgré son interdiction aux moins de 17 ans non accompagnés d’un adulte, a fait mieux que Batman V Superman ou X-Men 3 dans les salles américaines et figure ainsi dans le top 5 de 2016. Cet été, que ce soit dans un registre comique ou horrifique, d’autres productions R-Rated ont bien fonctionné. Instinct de survie, avec Blake Lively, a par exemple officiellement coûté 17 millions de dollars à Sony, et en a rapporté 54 millions rien qu’aux Etats-Unis. Ironie du sort, ce survival dans la veine des Dents de la mer se trouve juste derrière Le Bon Gros Géant, de Steven Spielberg, au box-office US de l’année. Produits par New Line, Conjuring 2 et Dans le noir ont amassé 102 et 35 millions respectivement, pour des mises de départ de 40 et 5 millions de dollars. Du côté d’Universal, American Nightmare 3 a fait mieux que son prédécesseur en amassant 105 millions de billets verts durant l’été. Don’t Breathe, produit par Sony, est le succès surprise du moment. Cette production horrifique à petit budget a piqué la tête du classement du week-end à Suicide Squad la semaine dernière et tient bon depuis. Du côté des comédies, celle qui a le mieux marché cet été est Agents presque secrets, avec Dwayne Johnson et Kevin Hart. Déconseillée aux moins de 13 ans, elle frôle les 130 millions de dollars et prend la 13e place du box-office américain de l’année. Seulement quatre places plus bas, une comédie déconseillée aux mineurs fait presque aussi bien : Bad Moms a franchi les 100 millions de dollars, et Sausage Party, délire animé imaginé par Seth Rogen et Evan Goldberg (C’est la fin), a récolté 89,6 millions de dollars pour 19 de budget.