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Chlef : commémoration du 56e anniversaire de la Bataille de Zébabdja

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En cette journée du mardi 8 septembre 1960, et en l’espace d’une matinée, le village de Zébabdja est devenu la capitale révolutionnaire de la partie Est de la wilaya de Chlef. L’armée française a perdu 39 militaires en moins d’une heure au cours d’un violent accrochage avec les djounouds de l’ALN.

Dans la bataille, qui dura plus de 36 heures, les forces coloniales ont perdu 74 soldats tous grades confondus. Dans le camp adverse (ALN), on déplore la mort de 12 moudjahidine. Devant ces pertes, l’armée française se vengea, comme à son accoutumée sur les civils par la torture en tous genre. 56 ans sont passés depuis, et la ville d’Oued-Fodda évoque le premier engagement d’envergure des troupes françaises sur cette région du pays appelée « Zébabdja » contre les éléments de l’Armée de Libération Nationale (ALN). Afin de rendre hommage aux moudjahidine qui se sont illustrés pendant cette bataille, une cérémonie de souvenir et de recueillement s’est tenue ce jeudi 8 septembre 2016 à Oued-Fodda chef-lieu de commune et de daïra. En cette occasion des invitations ont été lancées aux survivants de cette bataille ainsi qu’aux figures emblématiques de la guerre de libération nationale. Des gens ordinaires et des inconnus venus d’un peu partout, ont tenu également à fêter l’évènement. Ainsi après le traditionnel dépôt de la gerbe des fleurs au carré du « maqam Echahid »situé dans la rue principale suivi de la lecture de versets du coran puis de l’entonne de l’hymne national, Slimane Ghoul un vétéran de cette bataille a prononcé une brève allocution retraçant les péripéties de cet accrochage qui aura mobilisé d’importants moyens humains et logistiques de la part de l’armée française. Par ailleurs pour éclairer davantage les présents et surtout les jeunes sur cette date-symbole de la résistance héroïque des algériens qui voulaient en découdre avec les forces coloniales, rendez-vous est pris au niveau du lycée Boudis pour une série d’interventions. À titre de rappel cet établissement du secondaire porte le nom d’un moudjahid rescapé de la bataille de Zébabdja, mais dont le destin aura voulu qu’il décède plus tard dans les évènements de la décennie noire. L’amphithéâtre du lycée Boudis du village de Zébabdja était archicomble. Des vieux, des jeunes et des moins jeunes et surtout des moudjahidine venus d’Oued Fodda, de Harchoune, d’El Karimia, d’Ouled Abbès, de Béni Rached et même d’Oued Sly ont pris place sur les bancs de l’amphi. Selon le récit d’un des survivants de cette bataille il y aurait 39 militaires français tués en moins d’une heure sans compter les blessés mis hors d’état de nuire. Si Hadj Hocine Amellal un autre acteur de cette guerre confirme des chiffres avancés et dira « de ma cache où je me trouvais c’est-à-dire tout prés de l’endroit où étaient entreposés les corps des soldats tués, j’entendais un officier s’inquiéter auprès d’un brancardier qui lui répondait : nous avons déjà 39 morts mon lieutenant.» Selon les témoignages « ce jour là, l’armée française a eu vent de la tenue d’une réunion de l’ALN qui devait avoir lieu à Zébabdja ». Aussitôt les troupes françaises appuyées par l’aviation commencèrent à converger vers le lieu de la réunion. Les renforts en hommes et matériels étaient venus d’Oued Fodda, de Lamartine, actuelle El Karimia, de Pontéba (Oum Drou), d’Orléansville (Chlef) et de Boufarik pour ce qui est de l’aviation. Un vieil habitant témoin de cette journée dira « Ce jour-là, autant compter les fourmis d’une fourmilière que les soldats engagés dans la bataille ; il y avait des engins de toutes sortes, des avions et des hélicoptères du genre
« banane » qui déposaient les renforts avec armes et bagages sur les collines et les versants au nord et à l’ouest de Zebabdja. Quant aux soldats venus d’Oued Fodda, de Lamartine, et de Pontéba, ils fermaient le cercle au Sud et à l’Ouest.» Mais cela sans compter sur la détermination des valeureux moudjahidine qui décidèrent de se scinder en quatre groupes pour mieux affronter l’ennemi. « Quand les guetteurs nous ont signalé l’arrivée des soldats français, nous avions déja pris position et nous les avions surpris par un feu nourri au moment où ils s’apprêtaient à descendre des camions GMC et des half-tracks.» Devant les pertes enregistrées l’armée française alors bombarda aveuglement tout le village n’épargnant ni vies humaines ni vies animales. Les colonnes de fumée étaient visibles jusqu’aux Attafs (à environ une trentaine de kilomètres). Certains présents avaient les larmes aux yeux quand des témoins rapportèrent qu’après la fin des hostilités, les français et comme à leurs habitudes se sont retournés contre la population civile pour torturer à tour de bras hommes, femmes et enfants. L’atrocité des tortures était indescriptible. À noter enfin que lors de cette journée commémorative, une dizaine de moudjahidine ont été honorés.
Bencherki Otsmane

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