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CESSEZ-LE-FEU À GHAZA : Le leurre sioniste démasqué

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Le cessez-le-feu à Ghaza devait offrir un répit après une année d’extermination et de famine. Il n’aura été qu’un mirage diplomatique.
Sous le masque d’une “pause humanitaire”, l’entité sioniste poursuit la guerre par d’autres moyens : bombardements ciblés, arrestations arbitraires, blocus renforcé. Derrière les promesses de paix se dissimule un projet de destruction lente, méthodique, d’un peuple enfermé dans la faim. Depuis l’annonce de la trêve, Ghaza n’a connu ni silence ni répit. En vingt-quatre heures seulement, sept Palestiniens ont été tués par des frappes aériennes. Le ministère de la Santé dénombre treize martyrs au total sur la même période et huit blessés supplémentaires. Les chiffres sont glaçants : 68 229 morts et 170 369 blessés depuis octobre 2023. Même après le cessez-le-feu, 87 nouveaux martyrs et 311 blessés sont venus s’ajouter à ce décompte funèbre. Les secours, souvent dépourvus de matériel, continuent de fouiller les décombres à mains nues. 432 corps ont été extraits ces derniers jours, et 15 dépouilles rendues par l’armée sioniste demeurent non identifiées. Le mot “trêve” n’a ici qu’une fonction : maquiller la continuité d’une politique d’anéantissement.

Les pêcheurs, cibles d’un siège invisible
Le blocus maritime illustre cette hypocrisie. Ce mardi matin, la marine sioniste a ouvert le feu sur plusieurs pêcheurs avant d’en arrêter trois — Abdallah Al-Absi, Mohamed Maqdad et Bakr Abou Abda. Ces hommes ne portaient pas d’armes, seulement des filets. Les tirs ont aussi visé la côte et la localité de Souhila, à l’est de Khan Younès. Ces agressions se répètent, semaine après semaine, même pendant la trêve. Depuis des années, la mer est devenue une prison liquide. Les zones de pêche sont réduites à quelques milles nautiques, les embarcations confisquées, les pêcheurs humiliés ou abattus. Chaque sortie en mer se transforme en acte de résistance. La faim n’est pas une fatalité naturelle : elle est organisée, calibrée, administrée.

La faim comme arme politique
Si les bombes tuent vite, le blocus tue lentement. Le Bureau des médias gouvernemental de Ghaza rapporte qu’à peine 986 camions d’aide humanitaire ont pu entrer dans l’enclave depuis le début de la trêve — sur les 6 600 prévus par l’accord de cessez-le-feu. Le Programme alimentaire mondial (PAM) estime que les livraisons actuelles sont quatre fois inférieures aux besoins minimaux. Il faudrait 2 000 tonnes de vivres par jour pour éviter la famine. Aujourd’hui, ce qui entre à Ghaza nourrit à peine un demi-million de personnes pendant deux semaines. Sur les routes de Rafah et de Kérém Shalom, 89 camions seulement passent chaque jour, au lieu des 600 requis. Parmi eux, 14 transportent du gaz domestique, 28 du carburant pour les hôpitaux et les boulangeries. Ces chiffres paraissent techniques, mais ils décrivent la mort au ralenti d’une société. Les générateurs tombent en panne, les incubateurs s’éteignent, les boulangeries ferment. Dans les camps, des familles entières survivent avec de la farine et de l’eau. Ce siège n’est pas un dommage collatéral : c’est un choix délibéré.

Une logique de domination par la faim
Le blocus n’est pas une erreur stratégique, mais une politique. En restreignant l’aide, en filtrant chaque convoi, l’occupant cherche à instaurer un état permanent de dépendance. L’objectif : rendre la survie palestinienne conditionnelle à la bonne volonté du bourreau. C’est une guerre sans champ de bataille, où la nourriture devient la munition, et la privation, un langage politique. Chaque camion autorisé à entrer devient un outil de négociation, chaque litre d’eau un levier diplomatique. Cette mécanique de contrôle vise à briser la cohésion sociale, à réduire un peuple à l’attente et à la mendicité. Le Bureau des médias de Ghaza parle d’un “crime humanitaire prolongé”. Et les puissances médiatrices, garantes de la trêve, observent en silence. Leur passivité transforme la diplomatie en complicité. Les Conventions de Genève interdisent la punition collective et garantissent la protection des civils et l’accès libre à l’aide humanitaire.
À Ghaza, ces principes sont quotidiennement violés. Les observateurs de l’ONU parlent d’un “siège de destruction lente” : hôpitaux à court de médicaments, écoles surpeuplées, enfants souffrant de malnutrition sévère. Plus d’un million d’enfants vivent désormais sans accès régulier à l’eau potable. Et pourtant, aucune sanction. L’impunité s’installe comme norme. Les chancelleries occidentales condamnent du bout des lèvres les “excès” tout en soutenant les armes qui les rendent possibles. Ce déséquilibre moral sape toute crédibilité au discours sur les droits humains. Le droit international devient un texte fantôme, lu mais jamais appliqué.

Un cessez-le-feu d’apparence, un monde d’indifférence
La trêve devait rouvrir les routes, permettre la reconstruction, amorcer la réconciliation. Elle s’est transformée en camouflage. Le blocus reste intact, les arrestations se multiplient, et les frappes se poursuivent à bas bruit. À Ghaza, les morgues débordent, les blessés affluent, les familles creusent des tombes improvisées dans les cours d’école. Le cessez-le-feu n’a pas mis fin aux souffrances : il les a rendues invisibles. Ce que la guerre ne détruit pas par la force, la trêve l’étouffe dans le silence. L’ennemi n’affronte plus un adversaire armé, il affame des civils. Ce basculement est total : c’est la guerre contre la vie elle-même. Et pourtant, Ghaza vit encore. Dans les ruines, les boulangeries improvisées rouvrent. Des médecins, exténués, opèrent à la lumière des portables. Des familles partagent leur pain comme un acte de résistance. Cette obstination n’est pas héroïque au sens romantique : elle est vitale. C’est le refus d’être effacé. Chaque geste de survie — réparer un générateur, creuser un puits, pêcher sous les balles — devient un acte politique. Ghaza rappelle au monde qu’on peut être affamé sans être soumis. Dans un contexte où tout pousse à la résignation, cette endurance tient du miracle humain.

La faim comme champ de bataille du XXIe siècle
Ce qui se joue à Ghaza dépasse le cadre d’un conflit régional. C’est une question de civilisation jusqu’où peut-on affamer un peuple en invoquant la sécurité ? L’entité sioniste a perfectionné un modèle de guerre lente, où la privation remplace le missile et où la bureaucratie tue autant que la poudre. Le monde, par son silence, en devient l’otage moral. Sous couvert de trêve, le siège continue. Les camions d’aide remplacent les bombes, mais les morts s’accumulent. Le pain, le carburant et l’eau sont les nouvelles munitions d’un conflit asymétrique. Ce n’est plus une guerre de territoires : c’est une guerre contre l’existence même d’un peuple. Ghaza, affamée mais debout, demeure le témoin d’une époque où l’humanité s’éprouve à la mesure de son indifférence. Tant qu’un enfant palestinien réclamera du pain qu’on lui refuse, aucune paix ne pourra être dite sincère. La trêve, en vérité, n’a jamais existé : elle n’était qu’un mot — et les mots, à Ghaza, brûlent aussi.
M. Seghilani

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