Invité par le journaliste Larbi Zouak pour participer à une rencontre vidéo sur « les nouveaux défis de la diplomatie algérienne », à la lumière des développement dans la région, avec la participation du président du MSP, Abderrezak Makri, et un nombre d’étudiants, l’ancien diplomate Abdelaziz Rahabi a estimé que la vraie question c’est de savoir est ce que nous avons réellement une économie forte et compétitive, des médias forts et influents sur les plans régional et international pour espérer disposer d’une politique étrangère écoutée de par le monde.
«Je ne pense pas que le problème se situe au niveau de notre politique étrangère dont nous avons de grandes traditions, en plus des compétences. mais, est ce que nous disposons réellement d’une économie forte et de médias solides pour avoir un point de vue écouté dans le concert des nations. C’est là la vraie question », s’est interrogé, l’ancien ministre de la Communication et ami de la presse.
L’intervenant a souligné, dans le même sens, que l’histoire des Nations et l’évolution des peuples sont les bases de toute politique étrangère, en citant en exemple une étude américaine qui fait état d’une possible mutation de la politique étrangère américaine dans les années à venir en fonction par exemple de l’émancipation et de l’accès des afro-américains et ceux originaires de l’Amérique latine aux fonctions clés dans les institutions de l’État.
Cependant, a-t-il ajouté, cela ne veut pas dire que la diplomatie est statique, bien au contraire elle doit être constamment au diapason et en adaptation avec l’évolution et les développements qui surviennent dans son environnement régional ou international, sachant qu’il y a huit (8) pays étrangers en Libye, et sept (7) au Mali, d’où la nécessité de réadapter notre politique étrangère en fonction de ces évènements à nos frontières et sur le plan international.
Il a tenu à rappeler, par ailleurs, que sur le plan militaire, l’Algérie n’est aucunement liée à une alliance militaire qu’elle soit régionale ou internationale, ce qui lui a permis, enchaîne-t-il, d’avoir une certaine liberté de manœuvre, précisant, toutefois, que cela impose des moyens énormes.
Le diplomate Rahabi a affirmé, par ailleurs, que le pays est un peu en déphasage avec le temps réel en matière de développement, c’est-à-dire avec le degré de la mondialisation, en citant notamment le débit de l’internet, le développement des médias, et que les Algériens se déplacent peu, tout en appelant à plus d’ouverture sur le monde. Autrement dit, il ne faut pas confondre les limites de son aquarium avec celles de l’océan. Le monde est plus vaste pour ainsi dire.
Makri plaide pour une politique étrangère consensuelle
Pour sa part, le président du Mouvement pour la société de la paix MSP a, lors de son intervention, tenu un discours plutôt politique de par sa fonction de chef de parti.
« Une politique étrangère consensuelle est un signe de bonne santé pour un pays et qu’il est de la responsabilité du système politique d’ouvrir un dialogue avec l’élite et les forces vives du pays pour déboucher sur une approche consensuelle ou du moins rapprochée car les partis politiques ont leur propre approche sur la politique étrangère ainsi sur tout ce qui se produit sur les plans régional et international », a dit à ce sujet, le chef du parti islamiste, Abderrezak Makri, estimant que les divergences sur cette question pourraient avoir des retombées désastreuses sur le pays.
Ratissant encore plus large, le successeur de Aboudjerra Soltani a indiqué que la politique étrangère adoptée par les États est souvent en rapport avec leurs développements définis par le rapport force/faiblesse, d’autant plus que cette même politique est censée défendre les intérêts du pays sur le double plan économique et sécuritaire.
« Si le pays est fort économiquement, militairement, et technologiquement, ses ambitions seront automatiquement plus larges sur les plans régional et international. Dans le cas contraire, ajoute-t-il encore, il subit son impuissance et sera inévitablement soumis au plus puissant, estimant que c’est pour toutes ces raisons que « nous avons été éjectés » des dossiers libyen et malien.
Brahim Oubellil