Le sommet de l’UA, qui se tient à Addis-Abéba, a voté, hier, le gel de la décision d’octroi à Israël du statut d’observateur au sein de l’organisation continentale. C’est une grande victoire de la diplomatie algérienne qui vient de faire barrage à une décision «lourde de conséquence pour la cohésion de l’UA», prise le 22 juillet dernier par le président de la commission de l’Union, le tchadien Moussa Faki », a indiqué, la veille, à des médias français, Ramtane Lamamra, le ministre des Affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger.
La résolution du 35e sommet ordinaire de l’UA qui se tient à Addis-Abéba, a également prévu la mise en place d’une commission composée de 7 chefs d’État parmi lesquels Abdelmadjid Tebboune, Cyril Ramaphosa (République Sud-africaine), Paul Kagame (Rwanda) et Mohamed Buhari (Nigéria), qui devra étudier la légalité de l’admission au sein de l’UA de l’État hébreu en qualité d’Observateur et présenter ses conclusions lors du prochain sommet.
Ainsi donc, Israël, qui comptait sur le lobbying et sur certains pays africains membres de l’Union pour se faire «offrir » le siège d’observateur, a échoué dans sa tentative grâce à la mobilisation d’une vingtaine de membres de l’UA qui ont fait un véritable forcing politique pour empêcher la dérive engendrée par la décision unilatérale de Moussa Faki, qui était contraire à la charte et aux principes de l’Union et qui risquait de faire exploser les rangs de l’organisation continentale. Il y a lieu de rappeler qu’avant le vote à l’unanimité du gel de la décision d’octroi à Israël du statut d’observateur, le premier ministre palestinien, Mohamed Chtayeh, avait exhorté les pays africains à exprimer leur soutien à la cause du peuple palestinien à travers l’exclusion d’Israël de l’UA.
Des sources proches de la délégation algérienne, qui a pris part aux travaux du sommet, ont indiqué que la résolution votée par le 35e sommet ordinaire de l’UA, est le fruit des efforts du front mené par l’Algérie contre la décision de Moussa Faki. Elle consacre une victoire de la diplomatie algérienne qui a su mettre les membres de l’Union devant leurs responsabilités. Il faut reconnaître que c’est là une décision historique de l’UA, qui est le résultat de la mobilisation de la société civile de plusieurs pays africains qui ont refusé de voir l’Union passer outre sa charte et ses principes pour admettre dans ses rangs un État voyou, assassin d’enfants palestiniens et qui pratique une politique d’apartheid qui va à l’encontre de ses principes.
CamoufleT pour Israël et le Maroc
Il faut rappeler dans ce cadre, que le Maroc qui a joué au soutien d’Israël, est le seul pays à avoir applaudi la décision de Faki. Pas plus tard qu’hier, son ministre des Affaires étrangères, Bourita, intervenant devant des médias français avait soutenu l’admission d’Israël au sein de l’UA ; ce qui renseigne sur une partie deal passé entre le Makhzen et les responsables de l’entité sioniste pour blanchir l’image des assassins des enfants palestiniens et militer pour l’admission de l’État hébreu au sein de l’UA et les autres organisations continentales.
Rabat, qui vit une véritable lune de miel avec Tel-Aviv, est en train de compromettre sa souveraineté, un danger sur lequel ont averti plusieurs organisations de la société civile marocaine. Intervenant dimanche sur les ondes de la Radio Algérie Internationale (RAI), Ahmed Wilhem, président de l’Observatoire marocain contre la normalisation avec l’entité sioniste, a rappelé la nécessité de barrer la route devant la présence sioniste sur le continent africain. Cette déclaration traduit la mobilisation du peuple marocain, qui dénonce « la dynamique de soumission des responsables du pays aux thèses et à la stratégie coloniale de l’entité sioniste », ont indiqué des associations marocaines membres du front anti-normalisation.
Le Maroc et le Rwanda qui ont été les seuls États membres à soutenir la décision de Faki viennent de recevoir un cinglant camouflet qui devrait, en principe, les pousser à reconsidérer leur position pour,d’une part renforcer l’unité des rangs de l’UA et d’autre part dénoncer, par les faits, la politique coloniale de l’entité sioniste qui tente son expansion vers l’Ouest en mettant un pied sur le continent africain.
Slimane B.