Un ex-grand patron accuse la présidente brésilienne, qui se défend en expliquant que ces dons ont été faits « légalement et volontairement ».
Un ex-grand patron du secteur du BTP a dénoncé devant la justice que de l’argent émanant de pots-de-vin versés par la compagnie pétrolière Petrobras a financé les campagnes de Dilma Rousseff, élue présidente du Brésil en 2010 et réélue en 2014, révèle le quotidien Folha de Sao Paulo de jeudi. Otavio Marques de Azevedo, ancien P-DG de la société Andrade Gutierrez, le numéro deux du BTP au Brésil, arrêté en juin dernier, a dit en février aux enquêteurs travaillant sur le scandale de corruption Petrobras que les dons légaux de millions de dollars destinés aux campagnes électorales de Dilma Rousseff provenaient en fait de dessous-de-table liés au groupe pétrolier, via des surfacturations.
Cette nouvelle est potentiellement dévastatrice pour la présidente (Parti des travailleurs, gauche), déjà empêtrée dans une crise politique avec la procédure en destitution étudiée au sein d’une commission ad hoc à la Chambre des députés en raison d’un maquillage des comptes publics.
Le Tribunal supérieur électoral (TSE) enquête actuellement sur le financement de la campagne en vue de la réélection de Dilma Rousseff et de son vice-président, Michel Temer. Si le TSE les déclare coupables, les deux dirigeants devront quitter le pouvoir et des élections anticipées auraient lieu.
Des dons faits «légalement»
Les enquêteurs estiment que sous la présidence de Luiz Inácio Lula da Silva, prédécesseur et mentor politique de Dilma Rousseff, un cartel de grandes entreprises et de personnalités politiques a mis sur pied un système de corruption reposant sur des surfacturations et des rétrocommissions.
Les pots-de-vin auraient bénéficié à de hauts dirigeants de Petrobras et à d’autres compagnies publiques, et auraient financé des campagnes électorales, notamment celles des deux candidats du second tour de la présidentielle en 2014, Dilma Rousseff et son opposant de droite Aécio Neves. Selon l’avocat de Dilma Rousseff, Flavio Caetano, cité par Folha, ces dons ont été faits « légalement et volontairement pour la campagne de 2014, pour un montant moins important que ceux faits au candidat adverse ». « Il est malheureux que l’instrument du plaider coupable soit utilisé, encore une fois, pour des raisons politiques à travers des fuites sélectives », a-t-il ajouté.