Tombée tel un couperet, la décision prise, hier, par le chef de l’État de mettre fin aux fonctions de Abdelaziz Belkhadem, en tant que conseiller du président de la République et de contacter le secrétaire général du FLN à l’effet de prendre les mesures nécessaires afin d’interdire ce dernier de prendre part aux activités de l’ensemble des structures relevant de l’ex-parti unique suscite moult interrogations. Si d’aucuns qualifient les décisions de nommer ou de limoger de hauts responsables au sein des institutions de la République d’«ordinaires», force est de constater que celle relative à l’interdiction du secrétaire général déchu du FLN de participer aux activités de parti est loin d’être fortuite. Car, arriver à prendre une décision, aussi radicale soit-elle, confirme, si besoin est, que Belkhadem aurait franchi les «lignes rouges». En sa qualité de président d’honneur du Front de libération nationale, Abdelaziz Bouteflika aurait donc certainement des raisons qui l’ont motivé à réagir de la sorte. Il est même fort à parier que le prédécesseur de Saâdani aurait commis des erreurs «très graves» et «impardonnables» puisque le président de la République s’est montré formel et catégorique, en contactant le patron de l’ex-parti unique à l’effet de «prendre les mesures nécessaires afin d’interdire Belkhadem de prendre part aux activités qu’organise le parti». Dans ce contexte, des sources généralement bien informées révèlent que le désormais ex-conseiller du président de la République aurait participé à une réunion «secrète» à la veille de l’université d’été, dont les travaux ont été ouverts avant-hier à Boumerdès, avec le numéro un de cette formation politique, Abdelmadjid Menasra, ainsi que l’ancien chef du gouvernement, Mouloud Hamouche. «Belkhadem s’est entretenu avec ces derniers en tant que représentant du chef de l’État avant même d’avoir l’autorisation de ce dernier», précisent encore nos sources qui laissent entendre que l’attitude du désormais ex-conseiller du président de la République aurait suscité l’ire de ce dernier. Il convient de rappeler, pour rester toujours dans le même ordre d’idées, que deux autres ex-chefs de gouvernement ont pris part aux travaux de l’activité organisée par le parti de l’ancien ministre de l’Industrie. Il s’agit de Sid-Ahmed Ghozali et Ahmed Benbitour. Il va sans dire en outre que les développements enregistrés dernièrement dans ce qui a été convenu d’appeler «affaire FLN» en seraient pour beaucoup, précise-t-on encore. Le prédécesseur de Saâdani avait affirmé, après la houleuse session ordinaire du CC, tenue le 24 juin dernier au niveau de l’hôtel El-Aurassi, que le président de la République avait donné instruction d’inscrire le point inhérent au vote d’un nouveau SG de l’ex-parti unique dans l’ordre du jour de cette rencontre. Comprendre : l’instruction de président d’honneur du parti n’a pas été respectée. Répliquant le jour-même de la tenue dudit CC, Amar Saâdani a, lui, ouvert le feu sur Belkhadem qu’il accusait de vouloir faire du FLN une «propriété privée» et utiliser ce parti comme tremplin pour occuper le poste de Premier magistrat du pays. L’actuel «patron» de l’ex-parti unique est encore revenu à la charge, par la suite, pour menacer son prédécesseur de sanctions graves dans le cas où « il refuserait de se soumettre aux statuts du parti». Les cadres du FLN se sont, lors de cette rencontre, donnés en spectacle à travers l’échange de coups de poings et des accusations portant atteinte à l’image du parti. La dernière action entreprise par l’ancien président de la Chambre basse du Parlement était, rappelons-le, la suspension de pas moins de huit mouhafedhs soupçonnés de travailler en faveur du retour de Belkhadem. Il est utile, voire important, de rappeler également que même les pires ennemis de Saâdani, à leur tête le chef de file des redresseurs, Abdelkrim Abada, ont fini, contre toute attente, par rejoindre le camp de ce dernier, et ce, rien que pour faire barrage au secrétaire général déchu du Front de libération nationale au poste duquel il a été éjecté, un certain 31 janvier 2012.
Soufiane Dadi