Confrontés à une grogne de manifestants qui se donnent rendez-vous chaque mardi depuis des mois devant le siège de la wilaya et d’activistes sur les réseaux sociaux, les élus locaux voient la grogne s’étendre à une grande partie de la population de Béchar. Ces manifestants brandissent des banderoles dans lesquelles ont peut lire : «L’Algérie a besoin d’hommes d’Etat et non d’hommes d’affaires», «Absence de développement», «Paix et unité», «Crise de logements depuis 2013», «Une ville menacée par le manque d’eau», «Non distribution de lots de terrain» tout en scandant à qui voudrait les entendre qu’ils réclament le départ «des élus entrepreneurs», «Non au tribalisme, non au favoritisme et non à l’exclusion.». Au fil des évènements, la population de Béchar perd de plus en plus confiance en ses représentants au sein de l’APW. Quand la conversation prend pour sujet les élections locales, les Bécharis éprouvent d’abord de la méfiance envers les candidats qui ne pourront guère être motivés par l’intérêt public et de la désillusion pour leur incapacité à changer les choses. Il y a défiance aussi qui résulte, selon certains citoyens, du comportement hautain affiché par des élus qu’ils ne trouvent pas à leurs côtés au moment où ils en ont le plus besoin. D’autres diront que les élus locaux prennent peu ou pas du tout en compte les préoccupations quotidiennes qu’endurent leurs électeurs. Lorsque Hay Manouga a été inondé par les eaux pluviales en août dernier, les habitants de ce quartier populaire n’ont trouvé à leur côté que les agents de la Protection civile et les journalistes de la presse écrite et visuelle. Aucun élu ou responsable ne s’est donné la peine de mouiller ses chaussures et son pantalon jusqu’aux genoux pour s’enquérir du calvaire qu’enduraient les habitants pour vider leurs intérieurs des eaux qui ont atteint 50cm de haut. Les précédentes assemblées populaires de wilaya ont été longtemps épargnées par la critique, l’actuelle perd nettement de son prestige auprès des électeurs qui l’ont élue. Parmi les facteurs qui peuvent expliquer cette perte de crédibilité, on trouve d’abord le fait de ne pas avoir concrétisé le plan de développement des wilayas du Sud. Ensuite vient la réalisation de l’usine de ciment qui après tant d’années se trouve encore en phase de projet et qui risque d’être reporté aux calendes grecques vu le plan d’austérité affiché par le gouvernement en ces temps de crise financière. Dans le chapitre du logement, qui préoccupe une grande partie de la population, seuls les logements dont les travaux de construction ont été lancés durant le mandat de la précédente assemblée ont été distribués. Le programme AADL de construction de 1500 logements lancé en 2013 n’a pas encore abouti. Sur les 500 logements annoncés, seuls 130 sont prêts à être distribués. En ce qui concerne la vente de lots de terrain à bâtir la population attend toujours que les promesses soient honorées. Pour ce qui est de l’amélioration du cadre de vie des citoyens, la ville de Béchar est en passe de détenir le record de ville aux mille et une fosses. L’oued de Béchar, dont certains ont fait leur cheval de bataille durant la campagne électorale, se trouve encore à l’état où il se trouvait avant la venue de ces élus et le restera après leur départ. Lorsque Abdelouahab Nouri, le ministre des ressources en eau et de l’environnement à envoyé une commission à Béchar en janvier 2016, plusieurs élus ont trouvé en cette occasion un espace ouvert pour le populisme et ont voulu faire croire à la population que c’est sur leur initiative que cette commission a été dépêchée sur les lieux, alors que la visite de cette commission à Béchar s’est effectuée dans le cadre d’une chronologie de mesures prises par les différents ministres qui se sont succédé à la tête du ministère des Ressources en eau. D’ailleurs, les membres de cette commission chargée de l’audit sur la façon de gérer le problème que pose l’oued Béchar et qui ont vu des vertes et des pas mures de la part de certains élus locaux, sont repartis sans revenir depuis 9 mois déjà. Pour ce qui est du transport, la ligne Oran-Béchar continue à être desservie par le plus vieux train du pays, sans qu’aucun élu n’intervienne pour que le ministère des Transports envisage de doter cette ligne d’un train comme ceux roulant sur les lignes du Nord. Le projet du tramway de Béchar annoncé en même temps que celui d’Ouargla s’est évaporé comme la plupart des rêves de la population de Béchar tels que le CHU, la mosquée pôle, le parc d’attraction, les hôpitaux d’Abadla et de Béni-Ounif etc…
Messaoud Ahmed