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Batna : Documentation numérique, un moyen fiable de préservation des sites archéologiques

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Les services de la direction de la culture et des arts de la wilaya de Batna misent, dans le cadre des efforts visant à préserver les sites archéologiques, sur la documentation numérique dans l’optique d’éviter toute dégradation de ce patrimoine pouvant résulter des interventions qui viendraient à être effectuées (pour des besoins de restauration, par exemple).
Cette option de numérisation est considérée, non seulement comme moyen de promotion touristique, mais aussi comme mécanisme de préservation de l’aspect, de la forme et des caractéristiques originelles des constructions anciennes, vestiges et autres artefacts en s’appuyant sur des images numérisées qui serviront de référence. Dans ce contexte, des responsables de sites archéologiques ont été formés, début mai, dans le cadre du projet de numérisation du patrimoine culturel, dans un atelier de terrain, appliqué, encadré par des spécialistes du Laboratoire d’architecture méditerranéenne de l’université Ferhat-Abbas de Sétif. La formation a porté sur les techniques de traitement numérique de l’image en utilisant la photogrammétrie (technique reposant sur une modélisation rigoureuse de la géométrie des images afin de reconstituer une copie 3D exacte de la réalité) et la lasergrammétrie (technique plus récente utilisant le rayonnement laser pour balayer une zone et générer un nuage de points 3D). Une convention tripartie conclue entre l’université Sétif 1 (Ferhat-Abbas), l’université Hadj-Lakhdar de Batna et l’antenne locale de l’Office national de gestion et d’exploitation des biens culturels (OGEBC) a permis d’utiliser cette technique pour réaliser des images 3D des sites archéologiques de Timgad et de Tazoult (antique Lambaesis). Ce processus procède, selon le chargé de la gestion de la direction de la culture, Abderrezak Bensalem, de la « volonté d’éloigner toute menace de dégradation future des vestiges les plus précieux du fait d’interventions inconsidérées, ou non spécialisées, en les documentant numériquement par le stockage de copies 3D rigoureusement conformes à la réalité, pouvant être déclinées sous la forme d’applications à utiliser pour promouvoir le tourisme ou de référencer les sites en tant que modèles de restauration selon leur image première ». Le même responsable a ajouté qu’il s’agissait de la première expérience menée sur ces deux sites (Timgad et Tazoult), connus localement et à l’échelle nationale, qui sera par la suite diffusée en fonction des possibilités offertes aux autres sites où d’importants efforts sont entrepris pour les protéger et les préserver en attendant que la liste de l’inventaire complémentaire des biens culturels soit suivie d’un classement au patrimoine.

Vers la délimitation d’un secteur protégé à Menaâ et dans les ksours de M’doukal

Dans ce contexte, et compte tenu de la valeur historique et archéologique de la vieille dechra de Menaâ et des ksour antiques de M’doukal, deux dossiers techniques ont été préparés, selon M. Bensalem, et déposés auprès de la commission compétente au niveau du ministère de la Culture et des Arts en vue de créer un secteur protégé pour les deux sites. Une opération qui permettra aux deux sites en question de bénéficier de projets de réhabilitation et de restauration, tout en prévenant toute intervention sans consultation préalable des services de la culture qui se tiendront à la disposition des habitants de ces zones pour les accompagner et les assister en cas de travaux, par l’intermédiaire de leurs ingénieurs et archéologues, selon le même responsable. S’agissant de la vieille dechra de Menaâ, M. Bensalem, lui-même archéologue, a indiqué que ce site est un authentique modèle de l’architecture locale amazighe, aux caractéristiques distinctives, classé en 1928 au patrimoine naturel, en attendant son classement au patrimoine culturel pour faciliter sa protection. La valeur culturelle et historique de cette dechra tient à sa dimension spirituelle. La zaouia de Ben Abbès, connue sous le nom de Dar Echeikh, a, en effet, été édifiée vers 1660 dans le voisinage de la dechra. Dar Echeikh figure parmi les plus anciennes zaouias de la confrérie El Qadiria en Algérie. Cette zaouia s’intègre aujourd’hui dans le prolongement de la dechra et comprend une mosquée bâtie sur les vestiges de monuments romains. Il y existe deux mausolées dédiés aux deux fils d’Ahmed Bey qui s’était réfugié en cet endroit en 1839, deux ans environ après que Constantine fût tombée aux mains de l’armée coloniale française.
Quant aux anciens ksour de M’doukal, inclus en début d’année sur la liste de l’inventaire complémentaire du patrimoine culturel, leur importance tient, selon M. Bensalem, au fait qu’il s’agit d’un modèle vivant et unique de l’architecture en argile sur les Hauts plateaux et dans le nord du pays. Leur construction remonte au IIIe siècle après JC, au moment où certaines sources affirment qu’ils sont d’origine numide et que plusieurs civilisations s’y sont succédées. Bien que ces ksour eussent été sévèrement endommagés par une inondation en 1969, ils conservent encore leurs caractéristiques, comme les mosquées El Atik, qui remonte au VIe siècle de l’Hégire, Sidi Mohamed El-Hadj et Djamaâ El-Djemaâ. Il subsiste à ce jour des traces des nombreuses zaouias érigées en ce lieu portant le nom de M’doukal, qui signifie « amis proches » en tamazight, et que le Romains avaient baptisé « Aqua viva » (eau vive) en raison du grand nombre de sources y jaillissant. Le patrimoine culturel et archéologique de Batna est diversifié et témoigne du passage de nombreuses civilisations. Le challenge consiste, aujourd’hui, à préserver ce précieux patrimoine pour les générations futures, mais aussi à le mettre en valeur et l’exploiter pour promouvoir le tourisme, s’accordent à dire les spécialistes, les archéologues et de nombreux universitaires s’intéressant à la question.

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