Ban Ki-moon chez les sahraouis : Une visite historique, un précédent de bon augure

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon , arrivé hier dans les camps de réfugiés sahraouis a reçu un accueil grandiose à la mesure des attentes et des espoirs suscités par sa visite qu’il a maintenu contre vents et marées en dépit de tous les obstacles mis par Rabat pour l’en dissuader. Mais Ban Ki-moon, connu pour sa probité, n’est pas homme a se laisser berner par une monarchie qui recourt aux mensonges pour ne pas le recevoir et surtout pour l’empêcher de se rendre à El Ayoun occupée ou non seulement il aurait constaté la féroce répression exercée à l’encontre des Sahraouis, mais aussi touché du doigt leur revendication à l’autodétermination et à l’indépendance . Au camp de réfugiés de Smara , le secrétaire général de l’ONU, dont c’est la première visite dans la région – La dernière visite d’un SG de l’ONU, le ghanéen Kofi Annan en l’occurrence remonte a 1998- a pu d’ores et déjà se faire une idée de la volonté des Sahraouis de vivre libres . A son accueil ils étaient des milliers en un spectacle coloré à clamer leur attachement à l’exercice de leur droit à l’autodétermination et à l’indépendance. Cette mobilisation massive qui détruit, si besoin était la propagande marocaine et les échecs répétés du monarque marocain et de sa diplomatie , au point ou il s’invente des vacances fort à propos pour ne pas recevoir Ban Ki-moon, met à nouveau les Nations unies devant leurs responsabilités pour qu’il s’engage concrètement dans le règlement d’une question de colonisation parmi la plus ancienne au Monde. Arrivé à bord d’un hélicoptère est accompagné d’une délégation onusienne parmi laquelle se trouve son Envoyé personnel au Sahara occidental, Christopher Ross, M. Ban a été accueilli par des Sahraouis brandissant des banderoles et scandant des slogans appelant à l' »organisation, sans attendre, du référendum d’autodétermination du peuple sahraoui » en lutte contre l’occupant marocain. Une revendication essentielle des réfugiés sahraouis et au-delà celles de leurs frères prisonniers du Mur de la honte marocain, qui ont longtemps attendu la visite de M. Ban dans la région pour insister sur la responsabilité de la communauté internationale et la nécessité d’un règlement urgent du conflit qui dure depuis plus de quarante ans, à travers, ont-ils scandé, « la relance des négociations sérieuses et responsables ». D’où l’importance de cette visite historique du SG de l’ONU , qui fait un beau cadeau aux Sahraouis au terme de son mandat et qui rend irréversible l’engagement de l’ONU fermant définitivement la porte aux tentatives de Rabat de maintenir le statu quo et de faire admettre le fait accompli de son occupation coloniale du Sahara occidental. Réitérant l’engagement du Front Polisario, leur représentant légitime, dans le processus du règlement onusien, les Sahraouis ont également brandi des portraits de Sahraouis victimes des pratiques inhumaines et de la transgression des droits de l’Homme dans les territoires occupés, par le régime marocain. « Les Sahraouis attendent que Ban Ki-moon constate de ses propres yeux les violations et les exactions marocaines pour réagir et assumer sa responsabilité », a relevé Mohamed, un réfugié sahraoui. Pour sa part son compatriote Hammad Ali a lancé: « Nous voulons notre indépendance et retrouver définitivement notre terre… notre patrie ». L’espoir d’Ali est, également que cette visite du premier responsable de l’Onu soit « un tournant décisif dans le règlement du conflit du Sahara occidental ». M. Ban a été également accueilli à son arrivée à Smara par les autorités locales, alors qu’un détachement de l’Armée de libération sahraouie (ALS) lui rendait les honneurs. à la faveur de ce déplacement, le chef de l’ONU s’entretiendra avec le président sahraoui et secrétaire général du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz, et se rendra à Bir Lahlou (territoires sahraouis libérés) pour rencontrer la Mission de l’ONU pour l’organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso). Une visite hautement symbolique et lourde de sens dans la mesure ou c’est précisément à Bir Lahlou que le 27 février 1976 le Front Polisario proclamait la naissance de la République arabe sahraouie démocratique, aussitôt reconnue par plusieurs états à travers le monde. C’est probablement ce geste apprécié a sa juste mesure par les Sahraouis et leurs dirigeants qui a paniqué Rabat poussant Mohamed VI à la fuite en avant . Car en se rendant dans les territoires libérés de la Rasd, Ban Ki-Moon et non seulement le premier secrétaire général des Nations unies à le faire mais, il crée un précédent heureux et bienvenu dont devra nécessairement tenir compte son successeur. Tout comme les alliés inconditionnels du Maroc et singulièrement la France qui continue obstinément à soutenir une démarche coloniale et se qui se déshonore en tournant le dos aux principes universels qui sont les fondements de sa République .
Mokhtar Bendib