Devant l’absence d’un véritable plan de prévention contre les risques majeurs, l’Algérie continue de recenser des pertes humaines et d’importants dégâts matériels à chaque période de fortes pluies. Lundi soir, pas moins de 5 personnes ont trouvé la mort suite à des inondations qui ont touché les wilayas de Médéa, M’sila, Tissemsilt et Oum El-Bouaghi. Un scénario vécu il y a à peine quelques semaines à Béjaïa, et avant ça à Chlef.
Selon le bilan de la Protection civile, 4 corps sans vie ont été découverts à la commune la plus affectée par ces inondations; à savoir Beni-Slimane dans la wilaya de Médéa. Il s’agit d’abord d’un quinquagénaire et d’une fille de 13 ans, pensionnaire de l’école des sourds et muets de la même commune. Après la poursuite des recherches, hier, les agents de la Protection civile ont découvert deux autres cadavres d’hommes âgés entre quarante et cinquante ans, ayant été emportés par les eaux en furie de l’Oued (Boukra) et trainés, séparément, sur une longue distance avant d’être retrouvés sans vie, après la décrue du cours d’eau au niveau du village d’Ouled Aïcha, périphérie de la commune de Beni-Slimane. Toujours dans la même wilaya, des dizaines de véhicules ont été endommagés par les inondations qui ont touché, en outre, les communes de Bouskène, Souagui, El-Azzizia, Sidi-Naâmane et Ouled Brahim, quelques heures après le début des inondations, sans, toutefois, faire de victimes au niveau de ces dernières localités. À noter qu’une cellule de crise a été installée, lundi soir, par le wali, Djahid Moussa, pour suivre la situation au niveau des communes affectées. Les services de la Protection civile ont fait état par ailleurs du décès d’une fillette de 10 ans dans la wilaya de M’sila, ayant été emportée par les crues d’Oued Magra.
À la wilaya d’Oum El-Bouaghi, la même source fait état du sauvetage d’une personne à bord de son véhicule au lieudit village El Hadjel. Alors que les services de la Protection civile sont certes mobilisés pour porter secours aux populations sinistrées, il est malheureusement déplorable de constater que les leçons du passé n’ont pas été jusqu’à ce jour tirées en matière de prévention contre les risques majeurs. Le pays est confronté à chaque période de fortes chutes de pluies à des inondations qui peuvent être maîrisées si les recommandations des conférences nationales sur les risques majeurs, organisées chaque année, sont concrètement appliquées sur le terrain. Fin mars dernier, les travaux de la conférence nationale sur la stratégie nationale de prévention et de gestion des risques majeurs ont été couronnés par 133 recommandations. Celles-ci ont plaidé principalement pour la décentralisation de la gestion des catastrophes, notamment en termes de prise de décisions, et la formation périodique des intervenants pour une meilleure gestion des plans de secours et de communication de crises et l’organisation d’exercices de simulation.
Elles ont également porté sur l’adoption d’un système d’information géographique (SIG) et la garantie de l’accès à l’information géo-spatiale (la géolocalisation) pour faciliter les interventions. Les participants ont plaidé, en outre, pour l’intensification de la formation au profit des citoyens, toutes catégories confondues, en premiers soins et mesures à prendre face aux catastrophes et risques majeurs, ainsi que l’élaboration de textes réglementaires pour la gestion des réserves et la définition des missions confiées aux commissions mixtes de gestion des catastrophes.
Ania Nait Chalal