Faisant face aux créances lourdes détenues auprès de ses clients, alors qu’il est le seul acteur devant réaliser la totalité des projets d’électrification et de gazéification dans le pays, l’avenir du groupe Sonelgaz est source d’inquiétudes ces derniers temps. L es 100 000 travailleurs de ce groupe ainsi que les responsables et décideurs mettent en garde contre le risque pour une entreprise qui devait gérer des volumes de consommation en électricité et gaz beaucoup plus importants. « Il faut changer. Le temps joue contre nous », donnant l’alerte, hier, Abdelmadjid Attar, ministre de l’Énergie, lors d’une réunion avec des filiales et sociétés du groupe Sonelgaz. Alors que le pays devrait célébrer dans quelques jours le cinquantenaire de de la nationalisation des hydrocarbures (24 février 1971), Attar a plaidé pour « une rupture énergétique » où le pays devrait prospecter les nouvelles technologies pour sauvegarder sa souveraineté énergétique. De son côté, le ministre de la Transition énergétique et des Énergies renouvelables, Chems Eddine Chitour, a appelé à « une révolution » dans le domaine. Pour ce faire, la loi en vigueur doit être amendée ou totalement revue, car ne répondant plus aux défis actuels, a estimé Abdelmadjid Attar. Ce dernier a souligné que son département « vient de commencer ce chantier », sinon la révision de l’actuel texte. Le ministre a expliqué que la loi sur l’électricité et la distribution de gaz de 2002 n’a pas créé de la compé- titivité et un marché de l’énergie, comme il était attendu. La centralisation excessive de la gestion du réseau électrique national a fait que Sonelgaz s’est retrouvée pratiquement le seul acteur, notamment dans les domaines liés à la production, au transport et à la distribution. La loi 02-01 du 5 février 2002 permet à des opérateurs économiques nationaux d’activer dans le secteur de la distribution d’électricité, mais cette loi est restée inefficace du fait que 50 textes d’application ne sont toujours pas élaborés, a déploré Attar. « Depuis 2002 à aujourd’hui, les choses ont beaucoup changé. Surtout avec l’avènement des énergies renouvelables, car tous les pays aujourd’hui se soucient de leur indépendance énergétique et toutes leurs stratégies énergétiques sont basées sur ce principe », a expliqué Attar. À une question sur la nouvelle loi sur l’électricité qu’il compte lancer, le ministre de l’énergie a indiqué que « jusqu’à maintenant, on a fait une seule réunion et qu’il est très tôt pour se prononcer sur son contenu », ajoutant toutefois, qu’elle devrait se baser sur les énergies renouvelables et une consommation responsable et raisonnable de l’énergie par les consommateurs. Le ministre Attar persiste et signe qu’aujourd’hui il est temps pour l’Algérie de « mener une réflexion sérieuse sur l’exploitation des énergies renouvelables », s’il elle ne veut pas rater sa transition énergétique et se trouver ainsi à la traine derrière les autres pays. Une réflexion qu’il estime primordiale que de penser uniquement sur les exportations et les revenus des hydrocarbures. défI à L’horIzon 2030 : produIre 50% d’énergIe renouveLabLe Pour sa part, le ministre Chems Eddine Chitour a indiqué qu’une commission a été installée par son département sur les énergies renouvelables à l’horizon 2030. Il a expliqué que pratiquement tous les pays ont tracé des objets à l’horizon 2030 de réaliser au minimum 50 % des énergies renouvelables, pré- venant que si d’ici là l’Algérie maintient la consommation de l’énergie fossile (hydrocarbures) elle risque de se trouver obligée par la communauté internationale à payer des taxes carbone sur la pollution et l’émission du CO2 dans l’atmosphère. Il a souligné que le monde ne sera plus réconciliant sur les questions de réchauffements climatiques dans l’avenir. « Les énergies renouvelables est un effort à faire par tous. Il faut changer les mentalités et aller vers des modèles de consommation rationnels et responsables. On ne peut pas continuer sur le même rythme de consommation », a-t-il mis en garde. Marquant son étonnement de constater que le volet énergies renouvelables et recherche ne figurent pas sur les plans de développement de Sonelgaz, Chitour a estimé que « l’Algérie du futur est en danger » et que celle-ci doit changer de stratégie et aller vers les énergies renouvelables ». Cela est important pour l’Algérie à l’effet de maintenir son indépendance énergé- tique, a-t-il précisé.Enfin, Chitour a insisté sur la bonne communication pour bien sensibiliser les citoyens sur la maîtrise de consommation de l’énergie.
Hamid Mecheri